Corpus Essonnien

Histoire et patrimoine du département de l'Essonne

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litt:litt.theophile.b.1854.la_dame_d_heilly1537

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bg [VI. L’ANNEAU DE LA DUCHESSE.]
litt:litt.theophile.b.1854.la_dame_d_heilly1537 [2025/01/18 01:20] (Version actuelle)
bg [Bibliographie]
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-====Théophile B******====+**Théophile B.....**
  
 ======La dame d'Heilly - 1537====== ======La dame d'Heilly - 1537======
  
-  * LA DAME D'HEILLY.+{{:psp:a.depisseleu.portrait.1530.png?direct&250|}}
  
-  * Il y a, dans notre Picardie, peu de localités qui offrent plus d’intérêt et de souvenirs historiques au chroniqueur que la petite ville de Corbie et ses environs. La collégiale, les vieux murs qui indiquent la place occupée autrefois par le couvent des Bénédictins; plus loin, dans le petit village d'Heilly, le château qui tombe aujourd’hui sous le marteau des démolisseurs, tout vous rappelle des lieux et des noms historiques, qui vous reportent, par la pensée, des temps modernes au moyen-âge et au berceau de notre histoire. Nous avons visité Heilly à une époque où ce château commençait déjà à tomber en ruines; alors, peut-être, une main princière une puissante fortune auraient pu lui rendre son ancienne splendeur. Mais le château d’Heilly était loin de Paris, perdu dans nos campagnes un peu arides, avoisiné, il faut l’avouer, de marais et de hameaux assez peu pittoresques. Les beaux étangs qui ajoutaient à la poésie du site avaient été comblés depuis longtemps. Le siècle devient chaque jour plus positif, la spéculation s’en est emparée, et le château s’en est allé en débris: on en retrouve encore quelques-uns à Amiens: le grand salon a été transporté pièce par pièce dans la salle Saint-Denis (à Amiens) où il a été assez habilement reproduit. Le jardin de la bibliothèque a reçu, il y a quelques années , un groupe remarquable, Angélique et Médor, offert par l’un des derniers propriétaires du château à |**54**| la Société des antiquaires. En parcourant les vastes appartements du château d’Heilly alors déserts, mais encore pleins des traces qu’y ont laissé ses illustres hôtes, en nous promenant dans son parc où l’on admirait quelques arbres presque aussi vieux que les constructions, nous avons pensé à placer à Heilly la scène de cette histoire dont la trame bien légère est toute d’invention. Il n’y a d'historique, dans ce petit roman, que le théâtre ou nous avons placé nos personnages, et les noms de François Ier et de la duchesse d’Etampes.+  * [[psp:anne.depisseleu|Anne de Pisseleu d'Heilly]], la plus célèbre et durable des maîtresses de [[psp:francois.1er|François Ier]] a inspiré bien des rêveries littéraires et/ou pseudo-historiques aux littérateurs des deux derniers siècles. En voici un exemple, produit à ce qu'il semble vers 1853 par un érudit local picard non identifié, de sensibilité clairement romantique. 
 +    * Bernard Gineste, janvier 2025 
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 +=====LA DAME D'HEILLY - 1537===== 
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 +  * //Il y a, dans notre Picardie, peu de localités qui offrent plus d’intérêt et de souvenirs historiques au chroniqueur que la petite ville de Corbie et ses environs. La collégiale, les vieux murs qui indiquent la place occupée autrefois par le couvent des Bénédictins; plus loin, dans le petit village d'Heilly, le château qui tombe aujourd’hui sous le marteau des démolisseurs, tout vous rappelle des lieux et des noms historiques, qui vous reportent, par la pensée, des temps modernes au moyen-âge et au berceau de notre histoire. Nous avons visité Heilly à une époque où ce château commençait déjà à tomber en ruines; alors, peut-être, une main princière une puissante fortune auraient pu lui rendre son ancienne splendeur. Mais le château d’Heilly était loin de Paris, perdu dans nos campagnes un peu arides, avoisiné, il faut l’avouer, de marais et de hameaux assez peu pittoresques. Les beaux étangs qui ajoutaient à la poésie du site avaient été comblés depuis longtemps. Le siècle devient chaque jour plus positif, la spéculation s’en est emparée, et le château s’en est allé en débris: on en retrouve encore quelques-uns à Amiens: le grand salon a été transporté pièce par pièce dans la salle Saint-Denis (à Amiens) où il a été assez habilement reproduit. Le jardin de la bibliothèque a reçu, il y a quelques années , un groupe remarquable, Angélique et Médor, offert par l’un des derniers propriétaires du château à |**54**| la Société des antiquaires. En parcourant les vastes appartements du château d’Heilly alors déserts, mais encore pleins des traces qu’y ont laissé ses illustres hôtes, en nous promenant dans son parc où l’on admirait quelques arbres presque aussi vieux que les constructions, nous avons pensé à placer à Heilly la scène de cette histoire dont la trame bien légère est toute d’invention. Il n’y a d'historique, dans ce petit roman, que le théâtre ou nous avons placé nos personnages, et les noms de François Ier et de la duchesse d’Étampes.// 
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 ====I. CLAIR DE LUNE.==== ====I. CLAIR DE LUNE.====
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     * OSSIAN (//Darthula//), trad. de B. LORMIAN.     * OSSIAN (//Darthula//), trad. de B. LORMIAN.
  
-  * Vers les premiers jours de novembre 1557, trois cavaliers, portés par de vigoureux coursiers, traversèrent la petite ville picarde de Corbie. Après avoir longé les murs qui servaient autrefois d’enceinte aux jardins du couvent des Bénédictins, moins célèbre, mais presque aussi riche que cette abbaye de Saint-Pierre qui joua un rôle si intéressant dans l’histoire du moyen-âge, les voyageurs ralentirent pendant quelques instants leur course rapide, et, quittant la grande route, s’engagèrent dans un chemin de traverse où leurs chevaux trébuchaient à chaque pas. Enveloppés de longs manteaux et coiffés de larges chapeaux rabattus, ils poursuivaient silencieusement leur route, éclairés par le disque scintillant de la lune, dont les pâles rayons se projetaient sur une campagne couverte d’une neige abondante. Si les trois compagnons restaient silencieux, les sujets de réflexion et de contraste ne devaient point manquer à leur imagination. À leur gauche, les tours de la collégiale dominaient les modestes habitations de Corbie, comme autrefois ses moines savants et hardis les humbles villageois des vallées de la Somme. Devant eux, à l’horizon, les gracieuses tourelles du château d’Heilly commençaient à se dessiner. La lumière mystérieuse de la lune faisait miroiter les mille petits canaux des marais qui bordent la route, et montraient à leurs yeux surpris les grands arbres de la forêt tout couverts de neige et semblables à une armée de fantômes immobiles et menaçants. L’heure sonna à l’horloge de la collégiale; il était neuf heures; en cet instant une lumière brilla à la tourelle du château qui regarde la route de Corbie.+  * Vers les premiers jours de novembre 1537, trois cavaliers, portés par de vigoureux coursiers, traversèrent la petite ville picarde de Corbie. Après avoir longé les murs qui servaient autrefois d’enceinte aux jardins du couvent des Bénédictins, moins célèbre, mais presque aussi riche que cette abbaye de Saint-Pierre qui joua un rôle si intéressant dans l’histoire du moyen-âge, les voyageurs ralentirent pendant quelques instants leur course rapide, et, quittant la grande route, s’engagèrent dans un chemin de traverse où leurs chevaux trébuchaient à chaque pas. Enveloppés de longs manteaux et coiffés de larges chapeaux rabattus, ils poursuivaient silencieusement leur route, éclairés par le disque scintillant de la lune, dont les pâles rayons se projetaient sur une campagne couverte d’une neige abondante. Si les trois compagnons restaient silencieux, les sujets de réflexion et de contraste ne devaient point manquer à leur imagination. À leur gauche, les tours de la collégiale dominaient les modestes habitations de Corbie, comme autrefois ses moines savants et hardis les humbles villageois des vallées de la Somme. Devant eux, à l’horizon, les gracieuses tourelles du château d’Heilly commençaient à se dessiner. La lumière mystérieuse de la lune faisait miroiter les mille petits canaux des marais qui bordent la route, et montraient à leurs yeux surpris les grands arbres de la forêt tout couverts de neige et semblables à une armée de fantômes immobiles et menaçants. L’heure sonna à l’horloge de la collégiale; il était neuf heures; en cet instant une lumière brilla à la tourelle du château qui regarde la route de Corbie.
  
   * Celui des voyageurs qui marchait le premier s’arrêta, et dit à ses compagnons: Si nous voulons arriver à Heilly sans éveiller l’attention des habitants du château, il nous faut prendre le sentier qui traverse les marais, et pénétrer dans le parc par la petite porte de l’orangerie.   * Celui des voyageurs qui marchait le premier s’arrêta, et dit à ses compagnons: Si nous voulons arriver à Heilly sans éveiller l’attention des habitants du château, il nous faut prendre le sentier qui traverse les marais, et pénétrer dans le parc par la petite porte de l’orangerie.
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   * "Mon cher Georges,   * "Mon cher Georges,
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   * "Si, fidèle à votre promesse, vous consentez à me prendre pour guide, mon vœu le plus cher sera rempli aujourd’hui même. Le roi est à Heilly; je lui ai parlé de mon protégé, François Ier est impatient de vous connaître et de vous tendre la main. Courage donc, l’avenir est à vous. Cédez aux prières d’une amie qui vous aime, et ne regrettez pas la glorieuse couronne qui siéra si bien à votre front inspiré. À bientôt, Georges, hier vous m’avez quitté pauvre et obscur, je veux vous voir dans quelques heures comblé des faveurs de la gloire et de la fortune. Hésiterez-vous lorsque Anne d’Heilly vous implore, lorsque François Ier vous appelle. Venez donc, venez sans retard."   * "Si, fidèle à votre promesse, vous consentez à me prendre pour guide, mon vœu le plus cher sera rempli aujourd’hui même. Le roi est à Heilly; je lui ai parlé de mon protégé, François Ier est impatient de vous connaître et de vous tendre la main. Courage donc, l’avenir est à vous. Cédez aux prières d’une amie qui vous aime, et ne regrettez pas la glorieuse couronne qui siéra si bien à votre front inspiré. À bientôt, Georges, hier vous m’avez quitté pauvre et obscur, je veux vous voir dans quelques heures comblé des faveurs de la gloire et de la fortune. Hésiterez-vous lorsque Anne d’Heilly vous implore, lorsque François Ier vous appelle. Venez donc, venez sans retard."
  
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   * //Dans l’abîme où la mort le dérobe a ta vue.//   * //Dans l’abîme où la mort le dérobe a ta vue.//
   * //Laisse le reposer sur la rive inconnue,//   * //Laisse le reposer sur la rive inconnue,//
-    * //De l’autre côté du tombeau.+    * //De l’autre côté du tombeau.//
       * CHATEAUBRIAND.       * CHATEAUBRIAND.
  
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   * — À peu près, mais je suis poète, mon cher duc, et je pense en poète. Georges a un cœur jeune; il est plein d’illusions, il ignorait sans doute que la duchesse était la maîtresse du roi, et il n’acceptera pas cette rivalité. Tenez, regardez-le: voyez, déjà la jalousie est entrée dans son âme, son regard est fixe, sa main se crispe; croyez-moi, je crains que la fortune de ce jeune homme ne soit aussitôt renversée qu’elle a été vite élevée.   * — À peu près, mais je suis poète, mon cher duc, et je pense en poète. Georges a un cœur jeune; il est plein d’illusions, il ignorait sans doute que la duchesse était la maîtresse du roi, et il n’acceptera pas cette rivalité. Tenez, regardez-le: voyez, déjà la jalousie est entrée dans son âme, son regard est fixe, sa main se crispe; croyez-moi, je crains que la fortune de ce jeune homme ne soit aussitôt renversée qu’elle a été vite élevée.
  
-  * En effet, Georges placé près du roi et de la duchesse, dont la contenance était triste et embarrassée, avait peine à cacher son trouble et son émotion. Il ne perdait aucune de leurs paroles, aucune de leurs actions, et les détails les plus insignifiants pour un indifférent venaient augmenter le feu qui le brûlait. Le roi se montrait +  * En effet, Georges placé près du roi et de la duchesse, dont la contenance était triste et embarrassée, avait peine à cacher son trouble et son émotion. Il ne perdait aucune de leurs paroles, aucune de leurs actions, et les détails les plus insignifiants pour un indifférent venaient augmenter le feu qui le brûlait. Le roi se montrait plein de soins et d’attentions pour la duchesse, qu’il semblait vouloir remercier des peines qu’elle avait prises pour organiser la fête: l’obscurité aidait encore à son abandon, et le malheureux amant surprit plus d’un serrement de main et d’une douce parole échangée entre Anne et François.
-plein de soins et d’attentions pour la duchesse, qu’il semblait vouloir remercier des peines qu’elle avait prises pour organiser la fête: l’obscurité aidait encore à son abandon, et le malheureux amant surprit plus d’un serrement de main et d’une douce parole échangée entre Anne et François.+
  
-  * La duchesse ne pouvait empêcher ces témoignages d’affection qu’aimait à lui prodiguer le roi. Contrariée par la présence de Georges, que cependant elle ne voulait pas perdre de vue, elle tremblait en pensant à la bague qu’elle avait laissée entre ses mains, et ne répondait qu’avec une certaine contrainte aux phrases passionnées que le roi lui adressait à chaque instant. Les pêcheurs avaient jeté leurs filets; ils vinrent présenter au roi et à la duchesse les poissons les plus remarquables. La situation de Georges devenait intolérable; c’est à peine s’il trouvait quelques paroles pour répondre au roi qui se tournait de temps à autre de son côté. Julien le regardait avec étonnement; il ignorait ce qui s’était passé dans le parc et ne pouvait s’expliquer le trouble qu’il était facile d’apercevoir dans toute la contenance de Georges. La pêche était terminée; des torches avaient été allumées sur toutes les barques, et ces mille lumières qui se promenaient et se croisaient en tous sens donnaient une couleur fantastique à la vaste nappe d’eau. En ce moment un vent impétueux s’éleva tout à coup: une partie des torches s’éteignit; un |**68**| voile richement brodé se détacha de la tête de la duchesse et alla flotter au-dessus de l’eau. François Ier se pencha pour le retenir, et ce mouvement ayant fait incliner la barque, sa joue rencontra celle de la duchesse. La tête de Georges était en feu, la contemplation de l’eau exerçait sur lui une sorte d’attraction magnétique. Il s’élança dans l’étang, comme pour ressaisir le voile; une inexprimable confusion s’était mise parmi les barques dont les évolutions étaient contrariées par le vent. À peine Georges avait-il quitté le bateau où étaient le roi et la duchesse, que Julien s’aperçut que le malheureux jeune homme disparaissait. Il n’hésita pas un instant, et se précipita pour le secourir. Ses efforts furent couronnés de succès et on put le voir arriver à la rive, portant dans ses bras Georges qui était évanoui et tenait serré contre sa poitrine le voile de la duchesse. En peu d’instants toutes les barques s’apprêtèrent à aborder; François Ier et Anne d’Heilly n’étaient pas les moins empressés, désirant connaître le sort de Georges. +  * La duchesse ne pouvait empêcher ces témoignages d’affection qu’aimait à lui prodiguer le roi. Contrariée par la présence de Georges, que cependant elle ne voulait pas perdre de vue, elle tremblait en pensant à la bague qu’elle avait laissée entre ses mains, et ne répondait qu’avec une certaine contrainte aux phrases passionnées que le roi lui adressait à chaque instant. Les pêcheurs avaient jeté leurs filets; ils vinrent présenter au roi et à la duchesse les poissons les plus remarquables. La situation de Georges devenait intolérable; c’est à peine s’il trouvait quelques paroles pour répondre au roi qui se tournait de temps à autre de son côté. Julien le regardait avec étonnement; il ignorait ce qui s’était passé dans le parc et ne pouvait s’expliquer le trouble qu’il était facile d’apercevoir dans toute la contenance de Georges. La pêche était terminée; des torches avaient été allumées sur toutes les barques, et ces mille lumières qui se promenaient et se croisaient en tous sens donnaient une couleur fantastique à la vaste nappe d’eau. En ce moment un vent impétueux s’éleva tout à coup: une partie des torches s’éteignit; un |**68**| voile richement brodé se détacha de la tête de la duchesse et alla flotter au-dessus de l’eau. François Ier se pencha pour le retenir, et ce mouvement ayant fait incliner la barque, sa joue rencontra celle de la duchesse. La tête de Georges était en feu, la contemplation de l’eau exerçait sur lui une sorte d’attraction magnétique. Il s’élança dans l’étang, comme pour ressaisir le voile; une inexprimable confusion s’était mise parmi les barques dont les évolutions étaient contrariées par le vent. À peine Georges avait-il quitté le bateau où étaient le roi et la duchesse, que Julien s’aperçut que le malheureux jeune homme disparaissait. Il n’hésita pas un instant, et se précipita pour le secourir. Ses efforts furent couronnés de succès et on put le voir arriver à la rive, portant dans ses bras Georges qui était évanoui et tenait serré contre sa poitrine le voile de la duchesse. En peu d’instants toutes les barques s’apprêtèrent à aborder; François Ier et Anne d’Heilly n’étaient pas les moins empressés, désirant connaître le sort de Georges. Pendant le peu de temps que Julien resta seul avec Georges voilà ce qui se passa entre eux: Georges revint à lui, et prenant un anneau qui était serré entre ses dents, le remit à Julien en lui disant:
-Pendant le peu de temps que Julien resta seul avec Georges voilà ce qui se passa entre eux: Georges revint à lui, et prenant un anneau qui était serré entre ses dents, le remit à Julien en lui disant:+
  
-  * — Julien, promets-moi de remettre cet anneau entre les mains de la duchesse; dis-lui que ma dernière pensée a été pour elle, et que ma dernière volonté est d’être inhumé dans le cimetière d’Heilly, sans qu’aucune inscription soit placée sur ma tombe. Tu avais voulu me sauver ; merci, Julien, pour ce dernier service; mais si +  * — Julien, promets-moi de remettre cet anneau entre les mains de la duchesse; dis-lui que ma dernière pensée a été pour elle, et que ma dernière volonté est d’être inhumé dans le cimetière d’Heilly, sans qu’aucune inscription soit placée sur ma tombe. Tu avais voulu me sauver ; merci, Julien, pour ce dernier service; mais si tu connaissais mon cœur, tu verrais que je n’ai plus rien à faire sur cette terre. Adieu!
-tu connaissais mon cœur, tu verrais que je n’ai plus rien à faire sur cette terre. Adieu!+
  
   * Julien promit de remplir les dernières volontés de son ami, et Georges expira. La duchesse et le roi arrivèrent trop tard pour le revoir vivant. Cet événement si inattendu remplit de tristesse tous ceux qui en étaient les témoins; le village tout entier était accouru sur les bords des étangs pour jouir de la fête: Georges n’y comptait que des amis, la désolation fut générale. La duchesse était brisée; cependant elle eut la force de cacher sa douleur au roi et parvint à se donner une contenance.   * Julien promit de remplir les dernières volontés de son ami, et Georges expira. La duchesse et le roi arrivèrent trop tard pour le revoir vivant. Cet événement si inattendu remplit de tristesse tous ceux qui en étaient les témoins; le village tout entier était accouru sur les bords des étangs pour jouir de la fête: Georges n’y comptait que des amis, la désolation fut générale. La duchesse était brisée; cependant elle eut la force de cacher sa douleur au roi et parvint à se donner une contenance.
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   * François Ier devait partir d’Heilly le lendemain pour retourner à Amiens et, de là, presque aussitôt à Paris. Il ne voulut point quitter le château avant d’avoir rendu les derniers honneurs au malheureux Georges qui, selon ses vœux, fut enterré dans le modeste cimetière du village. Une simple croix fut placée sur sa tombe. Julien remit à la duchesse le fatal anneau. La véritable cause de la mort de Georges, qui n’était connue que d’Anne d’Heilly, resta un secret pour tout le monde. La duchesse garda longtemps le souvenir du pauvre Georges, à la mort duquel elle se reprochait de ne pas être étrangère; elle ne tarda pas à quitter le château, où elle ne revint plus depuis que très rarement et quand sa présence y était indispensable. Elle avait voulu que les plans et dessins de Georges fussent placés près de lui, dans sa tombe. Les travaux que l’infortuné jeune homme avait commencés ne furent pas achevés.   * François Ier devait partir d’Heilly le lendemain pour retourner à Amiens et, de là, presque aussitôt à Paris. Il ne voulut point quitter le château avant d’avoir rendu les derniers honneurs au malheureux Georges qui, selon ses vœux, fut enterré dans le modeste cimetière du village. Une simple croix fut placée sur sa tombe. Julien remit à la duchesse le fatal anneau. La véritable cause de la mort de Georges, qui n’était connue que d’Anne d’Heilly, resta un secret pour tout le monde. La duchesse garda longtemps le souvenir du pauvre Georges, à la mort duquel elle se reprochait de ne pas être étrangère; elle ne tarda pas à quitter le château, où elle ne revint plus depuis que très rarement et quand sa présence y était indispensable. Elle avait voulu que les plans et dessins de Georges fussent placés près de lui, dans sa tombe. Les travaux que l’infortuné jeune homme avait commencés ne furent pas achevés.
  
-  * Théophile B**** +  * Théophile B.
  
   * FIN.   * FIN.
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 =====Bibliographie===== =====Bibliographie=====
  
-  * , pp.53-+  * Théophile B.[[litt:litt.theophile.b.1854.La dame d'Heilly1537|"Chroniques picardes: La dame d'Heilly - 1537"]], //Bibliothèque picarde// 2 (1853-1854) 53-68.
litt/litt.theophile.b.1854.la_dame_d_heilly1537.1737155622.txt.gz · Dernière modification: 2025/01/18 00:13 de bg