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Théodore de Bèze naquit à Vézelay, dans le Nivernais, le 24 juin 1519. Son père était bailli de ce lieu, et son frère Aubert, comme on vient de le voir, fut prieur de
Saint-Éloi. Théodore fit ses premières études à Paris. On l'envoya ensuite à Orléans, puis à Bourges, où Melchior Wolmar, l'un des premiers qui eussent apporté en France les doctrines de Luther, lui apprit le grec et lui communiqua son goût pour les nouvelles opinions religieuses. De retour à Paris, il s'y fit rechercher par les agréments de sa figure et de son esprit, ainsi que par ses talents pour la poésie. Ses
Épigrammes et ses
Pièces latines lui firent un nom parmi les poëtes et les jeunes libertins. Il chanta la volupté avec la délicatesse de Catulle et la licence de Pétrone. Ses poésies étaient l'image de ses mœurs. Il vendit son
prieuré de Saint-Éloi au fils de Michel Gaillard, seigneur de
Longjumeau; mais cette vente fut déclarée nulle ou ne subsista pas longtemps. En 1548, il se retira à Genève et ensuite à Lausanne pour y professer le grec. Neuf ans après, Calvin l'employa dans la propagation de son hérésie. Théodore se trouva à la tête de treize ministres de la prétendue réforme religieuse, en 1561, au colloque de Poissy, où il eut l'audace d'avancer que “Jésus-Christ est aussi éloigné de l'Eucharistie que le ciel l'est de la terre.” Il assista aussi avec le prince de Condé à la bataille de Dreux, en 1562, et se retira ensuite à Genève, où il devint le chef de cette église après la mort de Calvin. Son orgueil fut alors sans bornes et ne fut surpassé que par la grossièreté de ses injures. Ce malheureux mourut à Genève le 13 octobre 1605, bien que les Pères jésuites eussent annoncé sa mort dix ans auparavant, ce qui fut l'occasion d'un petit traité que le mort-vivant publia sous le titre de
Beza redivivus. On a de lui un grand nombre d'ouvrages en vers et en prose, en latin et en français. Ses principaux livres en prose sont 1° une
Traduction latine du Nouveau-Testament, avec des notes; 2° un
Traité du droit que les magistrats ont de punir les hérétiques; Colladon l'a |
510| traduit en français, Genève, 1560, in-8°. Cet ouvrage, composé au sujet du supplice de Servet, est plus rare en latin qu'en français; 3°
Confessio christianae fidei, 1560, in-8°; 4° la
Mappemonde Papistique, 1567, in-4°; 5°
Histoire des Églises réformées, 1580, 3 vol. in-8°, 6° le
Réveil-matin des Français, 1574, in-8°; 7°
Relation du supplice de Gentilis, Genève, 1567, in-4°; 8°
Icônes virorum illustrium, 1580, in-4°. Théodore de Bèze se maria trois fois; c'est là un des grands faits caractéristiques des fauteurs de la prétendue réforme religieuse du seizième siècle: leur pitoyable existence finit toujours par un nombre plus ou moins grand de mariages.