Église et fabrique Saint-Martin de Mondeville (Monteville) — Le mot église est ci à prendre en son sens originel d'assemblée chrétienne. Quand à celui de fabrique, il signifie alors, selon le Dictionnaire de l'Académie de 1701, “Tout ce qui appartient à cette Eglise, tant pour les fonds et les revenus affectez à l'entretien, et à la reparation de l'Eglise, que pour l'argenterie et les ornements”. La communauté chrétienne du village Mondeville constitue alors, comme toutes les autres, et comme toutes les collectivités en général, une personne morale comme une autre. Le curé n'en dirige que la vie spirituelle, tandis que son administration matérielle est confiée à des personnages élus démocratiquement par l'ensemble des chefs de familles du village, les marguilliers (du latin matricularii). Pour les biens qu'elle détient, cette communauté, représentée par les marguilliers, est soumise aux même obligations que le reste de la société, et notamment aux règles féodales qui régissent alors l'exercice de toute propriété foncière, sous peine de confiscation de ces biens par le seigneur ainsi lésé.
Ainsi, en 1697, François Sallé marguilliers de Mondeville passe déclaration à la seigneurie de Mondeville des terres appartenant à la fabrique. Le greffier insiste pour que le curé fasse lui-même la déclaration du presbytère, ce dernier refuse jusqu’à ce qu'on lui dise que c'est la coutume (d'après le Registre paroissial de l'église Saint-Martin de Mondeville rédigé par Jules Brown, curé de Mondeville de 1850 à 1864, Archives diocésaines de Versailles, K 14/21).
Parmi les biens ecclésiastiques confisqués en 1791, on relève notamment “une pièce de bois de 120 perches appartenant à la cure de Mondeville” dans le Tableau des biens particuliers et journal des domaines nationaux qui sont à vendre, Bureau, Rue Saint-Magloire, quartier Saint-Denis, près la rue Salle-au-Comte) qui nous a été conservé par le Registre des délibérations du conseil municipal de Mondeville.
Les archives de la paroisse conservent quelques exemples des biens dont elle est entrée en possession à différentes époques, généralement par les donations que lui faisaient certains paroissiens sous la condition d'obits, c'est-à-dire de messes qui devaient être célébrées à des dates déterminées pour le repos de leurs âmes, notamment au jour anniversaire de leur mort.
L'abbé Jules Brown a relevé dans les archives de sa paroisse de Mondeville plus de 21 exemples de telles donations de 1566 à 1684 (Registre paroissial de l'église Saint-Martin de Mondeville conservé aux Archives diocésaines d'Évry sous la cote K/14/21): 1° en 1566, Gilbert Amion et Marie fille de Bougrand fonde un obit et lègue un bien à la fabrique de Mondeville; — 2° en 1572, François de Bizemont écuyer seigneur fonde et lègue un bien à la fabrique de Mondeville en échange d'un obit; — 3° en 1612, Lazare Ducaron escuyer seigneur de Méziéres fonde lègue par testament un bien à la fabrique de saint Martin de Mondeville en échange d’un obit — 4° en 1616, Jeanne Jeulin femme de Sébastien Baudry et Jeanne Paris femme de Dufour fonde lègue un bien à la fabrique de Mondeville en échange d'un obit; — 5° en 1618, Guillaume Paulin et Jean Martroi ainsi que Baron charron de Mondeville et Simone Nogeret lèguent un bien à la fabrique de Mondeville en échange d'un obit; 6° en 1619, Marc Coutèlemont et André Poullin et Philippe Rambourg lèguent un bien à la fabrique de Mondeville en échange d’un obit; — 7° en 1621, Claudine Pottier épouse Rambourg, Louis d'If et Perrin Noguet lèguent un bien à la fabrique de Mondeville en échange d'un obit — 8° en 1626, Denise Faucheux et Philippe Fesson Honorine Paulin veuve Noguet lèguent un bien à la fabrique de Mondeville en échange d'un obit — 9° en 1627, Pierre Guerin, Jean Marquis l'aisné lèguent un bien à la fabrique de Mondeville en échange d'un obit; — 10° en 1650, Henri de Bizemont écuyer sieur de Chalambray fonde lègue un bien à la fabrique de Mondeville (dont un arpent de terre) en échange d'un obit; — 11° en 1651, Christophe de Coullomb écuyer seigneur de Malassis demeurant aux Trois Pignons lègue un bien à la fabrique de Mondeville en échange d'un obit. Il demande a être inhumé dans l'église; 12° en 1659, Jacques Dager laboureur fonde un obit. — 13° en 1661, Marguerite Poinet femme de Nicolas Simon fonde et lègue un bien à la fabrique de Mondeville en échange d'un obit. Elle veut que son corps soit enterré dans l'église de Mondeville pour ce elle lègue un arpent de terre à Mondeville. — 14° En 1661 également, Jeanne Fessou, veuve de Jean Lesage donne un arpent de terre à charge d'obit à son intention et à celle de son mari; — 15° en 1661 encore, Jean Passereau donne une terre au fonds des bois à charge d'obit; 16° en 1662, Demoiselle Marie Dargelliere veuve de feu Jean de Bizemont écuyer seigneur des Trois pignons lègue un bien à la fabrique de Mondeville en échange d'un obit; 17° en 1672, Anne Verjon veuve et Pierre Gomer lègue un bien à la fabrique à charge d'obits; — 18° en 1675, Helene Roland veuve de Jacques Dagret et Catherine Chevalier femme de Gabriel Jeulin fondent chacun un bien à la fabrique de Mondeville en échange d'obit dont la moitie [d'une rente?] due sur une maison — 19° en 1678, François Devy, Helene Rolland, Noël Courtois, Gabriel Jeulin, Etienne Chartier lèguent chacun un bien (dont une pièce de terre au sentier des Noguets) à la fabrique de Mondeville en échange d'obits; — 20° en 1684, Pasquette Lesage veuve de Marc Delage et Aimé Marchand fondent et lèguent un bien à la fabrique de Mondeville en échange d'un obit; — 21° en 1687, Geneviève Bettiot et Jean Basserma fondent des obits.
Il faut noter que les paroissiens de Mondeville pouvaient aussi faire de telles donations à d'autres paroisses que la leur, par exemple à leur paroisse de naissance: 1° en 1636, fondation de Perrette Saillard, veuve de Toussaint Thomas en faveur de la fabrique d'Itteville, elle lègue une pièce de terre sise à Mondeville à charge d'obit; 2° en 1652, nous voyons que l'église royale de Saint-Spire à Corbeil était ainsi en possession à Mondeville depuis une époque inconnue de “quatre maisons et une pièce de vigne” (Compte que rend Messire Jean Musnier sergent royal à Corbeil à vous MM. les abbé séculier et chanoines de l'église royale Monsieur saint Spire de Corbeil, et de même en 1675: “plusieurs maisons et pièces de terres sise à Mondeville” (Compte du revenu des fondations de l'église royale et collégiales Saint-Spire de Corbeil que rend M. François Asselin chanoine à MM. les abbé chanoines et communautés de la dite église), textes relevés par Frédéric Gatineau aux Archives départementales de l'Essonne sous la cote G/suppl.59);
Inversement, la paroisse de Mondeville pouvait aussi bénéficier de la donation de biens situés hors de son territoire. Ainsi, en 1660, Demoiselle Dupuis Louise veuve en premières noces de feu Henri Ducaron écuyer seigneur de Mézières et en seconde de feu Célestin de Montons écuyer sieur des Mauves laquelle demande à être inhumées dans l'autel de la Vierge de Mondeville. Elle lègue un bien à la fabrique de Mondeville (dont un quartier de terre sis sur le terroir de Videlles), en échange de plusieurs obits à Mondeville.
Religieuses du monastère de l'Assomption — Il ne faut pas les confondre avec les Religieuses de l'Assomption, dont la congrégation ne fut fondée qu'en 1837, tandis que la congrégation des Religieuses du monastère de l'Assomption dont il est ici question, disparue en 1792 dans la tourmente révolutionnaire, avait quant à elle été fondée à Paris dès 1622. Leur dit monastère se trouvait à Paris rue Saint-Honoré. Ces religieuses suivaient la règle de saint Augustin et relevaient de la juridiction du Grand-Aumônier de France.
En 1791 nous apprenons ce que possédaient ces religieuses à Mondeville, d'après la liste des biens qui sont alors confisqués et déclarés nationaux. C'étaient “16 arpents 43 ares de terre appartenant aux religieuses de l'Assomption de Paris” (Tableau des biens particuliers et journal des domaines nationaux qui sont à vendre, Bureau, Rue Saint-Magloire, quartier Saint-Denis, près la rue Salle-au-Comte, conservé dans le Registre des délibérations du conseil municipal de Mondeville).
Pour connaître l'époque et les circonstances dans lesquelles elles étaient entrées en possession de bien à Mondeville, dans la seigneurie des dames religieuses de Port-Royal, il faudrait consulter leurs archives aujourd'hui conservées aux Archives nationales de France.
On trouverait peut-être aussi des renseignements à ce sujet Cf. Mère Marie de Sainte-Anne Le Roy (†1784), Histoire chronologique des religieuses du monastère de l'Assomption (1621-1769), ouvrage resté manuscrit et qui passe pour être aujourd'hui conservé à Rome, mais dont s'est inspiré en son temps pour son “Introduction” le R. P. Emmanuel-Ceslas Bayonne, Le monastère des Dominicaines de Langres (1621-1881). Première partie (1621-1792) (in-8°), Langres, 1881, pp. 1-29.
Cf. Archives nationales, MC/ET/CV/795 (minutes du notaire parisien Jacques Guillard: Quittance en date du 30 juin 1649, par les religieuses du couvent et monastère de l'Assomption Notre-Dame des Haudriettes fondé rue Neuve-Saint-Honoré, à Pierre Chaudière, libraire à Paris, exécuteur testamentaire de défunte Catherine Chappellain, de la remise d'un contrat de constitution de 25 livres de rente.
Cf. Archives nationales, MC/ET/V/110 (minutes et répertoires du notaire parisien Pierre II Grandrye): Bail à loyer en date du 14 juillet 1653, auquel assistent les religieuses du monastère de l'Assomption, approuvées par Antoine Barberin (1607-1671), cardinal, grand aumônier de France et supérieur du monastère de l'Assomption Notre-Dame.
Cf. M. Barroux, Ch. Bonin, H. Jassemin, L. Legrand et E. Lelong, ”
Inventaire des archives des religieuses de l'Assomption“, in
Inventaire de la série S. Biens des établissements religieux supprimés. Tome VIII. Congrégations religieuses de femmes à Paris et dans les départements limitrophes (XIIe-XVIIIe siècle), Pierrefitte-sur-Seine, Archives nationales, 1886, S/4623-4638, où l'on doit relever les cotes suivantes:
Archives nationales, S/4623/B, dossier 6: Titres, baux, déclarations, mesurages concernant des biens sis à Mondeville (Seine-et-Oise) et Noisement (Seine-et-Oise, commune de Bonprix [sic, pour Bercagny? auj. dans le Val-d'Oise]) 1554-1784.
Archives nationales, S/4623/B, dossier 13: Titres concernant des biens sis à Mondeville (Seine-et-Oise). 1752-1766.
Archives nationales, S/4631, dossier 7: Titres concernant des biens sis à Mondeville. 1693-1772.