Le nom de la commune
Abbéville vient de
Abattisvilla qui s'est écrit au XIIe siècle
Abbavilla, qui signifie littéralement
villa de l'abbé. Le pays actuel a dû son origine à cette abbaye dont malheureusement il ne reste aucune trace.
À la situation de la vallée bien arrosée virgule au milieu du plateau de gâtine très boisé, a attiré certainement à l'origine une nombreuse population, vivant dans les grottes de grès existantes encore aujourd'hui. De nombreux objets, haches en pierre, pointes de silex, trouvés dans ces retraites et dans les murgers témoignent que la vallée a été habitée à cette époque point la nature de la Pierre des objets est curieuse à noter: certains sont en jade, en granite vert ou en pierres siliceuses; ils sont pour la plupart d'un poli remarquable. Des polissoirs existent encore à mi-côte.
Les murs gelés, amas de pierre, se trouve en grande quantité au bord des pentes; des tumulus de terre et de pierres se rencontrent également. Toutes ces sépultures sont faites dans la direction du Levant.
L'époque gauloise à laissé peu de vestiges; on remarque seulement du côté de
Fontenette, sur le bord du plateau, des espaces presque circulaires bien nivelés qui ont dû servir d'emplacement aux huttes.
Il ne reste rien de l'époque gallo-romaine.
À l'époque mérovingienne le pays a dû être important. À
Boischambaud, on a trouvé un vase contenant des pièces de monnaie d'argent et de bronze du règne de Childéric. Ces pièces ont été acquises par le musée d'Étampes. Au-dessus du vallon de l'Hôpital, on remarque une ligne continue de buttes de terre se dirigeant dans la direction de
l'Orme; plusieurs de ces huttes ont été fouillées, on y a trouvé des pierres plates en recouvrant d'autres placées sur champ, et au milieu de la terre qui s'y trouvait, on a recueilli des fers de lance, des haches et des bracelets de fer.
Au Moyen Âge, La paroisse faisait partie du
Gâtinais et devait être assez importante, car l'
église paraît être du XIe siècle. Le pays était alors couvert de châteaux-forts, la plupart aujourd'hui disparus; une commanderie de l'ordre de l'hôpital y était fondée point une charte du XIIIe siècle fait mention de l'abbaye d'Abbavilla.
Il faut arriver aux temps modernes pour avoir des documents plus importants.
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Les familles nobles dont on retrouve les noms sont celles des de Vion , de Tourneville, de Viart, de Vidal. La pierre tombale d'un sire de Tourneville, écuyer du roi au XVIIe siècle, représentait revêtu de son armure près de sa femme virgule se trouve encore dans l'église.
Le pays eut fort à souffrir des guerres religieuses et de la Fronde.
Le village s'étendait très loin au sud de
Fontenette, car les cultivateurs trouvent aujourd'hui avec la charrue des pierres de foyer, des pièces de monnaie de cette époque. Un combat a dû se livrer près de là, car un lieu-dit du pays est dénommé le Champ des Morts.
Les famines des règnes de Louis XIV et de Louis XV ont dû décimer la population, car un essai de recensement de 1763 indique que la paroi se contient 49 feux.
En 1787 la paroisse, au moment de l'essai d'administration communale tenté par Necker, avait la même étendue territoriale qu'aujourd'hui. La population était de 296 habitants. Un syndic, Mr Baudet, administrait la paroisse avec l'aide d'un conseil de notables.
Les seigneuries d'
Abbéville, de
Cottinville, château-fort devenu ferme, de
Tourneville et de
Javersy, toutes deux en ruine, étaient passées aux mains du seigneur de Saint-Cyr, époux de l'héritière des de Vion. La seigneurie de la Grand'Cour appartenait encore aux de Vidal; celle de
Boischambaud et de
Quincampoix, tenant 1200 arpents de terre, étaient possédées par le sire de Viart. Le fief ecclésiastique de
Fontenette n'existait plus, son domaine avait été morcelé. La commanderie de
l'Hôpital, appartenant à l'ordre de Malte, était devenue ferme, avec une étendue de terrain de 300 arpents.
Le prince de Valori possédait sur
Abbéville 50 arpents de terre.
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Voilà quel était l'état de la paroisse à la veille de la Révolution.
Les élections des délégués à l'assemblée du
baillage d'Étampes se firent au milieu d'un calme complet: les sieurs baudets et Favier furent élus. Les cahiers de la paroisse d'
Abbéville n'offrent rien de bien remarquable.
En 1791, le territoire de la paroisse Saint Julien forma la commune actuelle.
Le registre de la commune pendant la Révolution a malheureusement disparu.
Les seuls documents que l'on est sur cette époque, en dehors des actes de l'état civil, sont les actes de vente des biens nationaux; en 1793, le presbytère, les biens de la fabrique et la ferme de
l'Hôpital, furent vendus à ce titre. En l'an IV, on vendit également les biens du prince de Valori, émigré.
La période napoléonienne n'offre aucun fait saillant. Il est à noter seulement le rachat du presbytère actuel aux héritiers de l'ancien curé qui en était devenu possesseur, et l'érection de la commune en chef-lieu de perception. Elle faisait alors partie du
canton de Saclas, depuis supprimé.
Un recensement de 1817 porte que la commune avait une population de 320 habitants.
Jusqu'en 1848 virgule il n'y eut pas de mairie; les archives étaient conservées chez le maire et avec peu de soin, car le plus ancien registre du Conseil municipal porte la date de 1833.
La commune avait alors des chemins affreux, très étroits, serpentant à mi-côte, avec des pentes raides; il est vrai qu'il y avait peu de voitures. Le hameau de
Fontenette était si déshérité à cet égard, que dans la mauvaise saison les habitants étaient obligés de passer par
Arrancourt pour entendre le service divin. Le chemin d'Arrancourt à Fontenette porte encore le nom de chemin de la Messe.
À partir de 1847, l'administration communale firent faire de grands progrès: une mairie et une école furent construites; de bons chemins vicinaux remplacèrent les affreux sentiers d'autrefois. L'aspect du village changea: les anciennes maisons couvertes en chaume, construites dans des bas-fonds, furent remplacés par des maisons plus confortables couvertes en tuiles. La population atteignit plus de quatre cents habitants.
Malheureusement, depuis 1863, la décadence a succédé à la prospérité d'un demi-siècle. Le mouvement d'attraction vers les villes fit partir la jeunesse sans esprit de retour. Les parents morts, leur maison furent abandonnées et tombèrent en ruine. De sorte que hameau de Fontenay, encore aujourd'hui, l'aspect du pays étonne l'étranger, séduit par le pittoresque de la vallée. On ne voit que pans de muraille, pignon branlants, amas de pierres d'où émergent les poutres. Il semble que la guerre ait passé par là.
Les épidémies sur le bétail, la grande gelée de 1879 qui a détruit des arbres fruitiers centenaires, l'arrachage des vignes, l'avilissement du prix du blé, ont porté le dernier coup à la commune qui voit à chaque recensement sa population diminuer sensiblement.
Dans un siècle, le mouvement de concentration des terres qui se produit à l'heure actuelle, fera que le que la commune ne se composera plus que de quelques fermes, éparpillées sur son grand territoire.
Pourtant l'instruction s'est développée, les cultivateurs ont abandonné la routine, les méthodes culturales nouvelles ont été appliquées, le rendement moyen du blé a monté à 30 hectolitres et l'élevage du bétail a pris une grande extension.
On a essayé de donner l'idée de la solidarité aux paysans en créant des assurances mutuelles sur la mortalité du bétail, un syndicat agricole. Mais le sentiment de méfiance et d'égoïsme, malheureusement inné chez le paysan beauceron, a mis obstacle à la réalisation de ces idées généreuses.
Une subdivision de sapeurs-pompiers a pourtant été créée en 1896, avec son complément indispensable d'une société de secours mutuel; mais l'avenir seul dira si cette institution a des chances de durée.
Un moment, ceux qui s'intéressent au développement de la commune d'
Abbéville, ont eu la joie, de trop courte durée, d'espérer le passage sur son territoire de la ligne du chemin de fer devant relier Pithiviers à Étampes. Le projet initial indiquait la vallée de l'Éclimont comme trajet le plus court et le plus économique. Mais l'opposition des communes de
Méréville et de
Saclas a fait dévier la direction de la ligne. Et dans quelques années, la ligne venant de Sermaises, fera en demi-cercle pour passer dans ces localités et laissera à son isolement la commune d'
Abbéville.
Les seuls édifices intéressants à signaler sont: l'église, de style roman; la ferme de Cottinville avec une tourelle transformée, on y remarque dans une étable un four énorme; la ferme de l'Hôpital qui conserve comme vestiges de l'ancienne commanderie, un arceau de chapelle, les communs, des statues de saints en bois ornant aujourd'hui les écuries; le moulin de Fontenette avec son étang, qui se trouve dans un site remarquable. Ce qui intéresse surtout l'étranger, c'est la vallée sauvage et pittoresque à la fois.