Il y a, dans notre Picardie, peu de localités qui offrent plus d’intérêt et de souvenirs historiques au chroniqueur que la petite ville de Corbie et ses environs. La collégiale, les vieux murs qui indiquent la place occupée autrefois par le couvent des Bénédictins; plus loin, dans le petit village d'Heilly, le château qui tombe aujourd’hui sous le marteau des démolisseurs, tout vous rappelle des lieux et des noms historiques, qui vous reportent, par la pensée, des temps modernes au moyen-âge et au berceau de notre histoire. Nous avons visité Heilly à une époque où ce château commençait déjà à tomber en ruines; alors, peut-être, une main princière une puissante fortune auraient pu lui rendre son ancienne splendeur. Mais le château d’Heilly était loin de Paris, perdu dans nos campagnes un peu arides, avoisiné, il faut l’avouer, de marais et de hameaux assez peu pittoresques. Les beaux étangs qui ajoutaient à la poésie du site avaient été comblés depuis longtemps. Le siècle devient chaque jour plus positif, la spéculation s’en est emparée, et le château s’en est allé en débris: on en retrouve encore quelques-uns à Amiens: le grand salon a été transporté pièce par pièce dans la salle Saint-Denis (à Amiens) où il a été assez habilement reproduit. Le jardin de la bibliothèque a reçu, il y a quelques années , un groupe remarquable, Angélique et Médor, offert par l’un des derniers propriétaires du château à |54| la Société des antiquaires. En parcourant les vastes appartements du château d’Heilly alors déserts, mais encore pleins des traces qu’y ont laissé ses illustres hôtes, en nous promenant dans son parc où l’on admirait quelques arbres presque aussi vieux que les constructions, nous avons pensé à placer à Heilly la scène de cette histoire dont la trame bien légère est toute d’invention. Il n’y a d'historique, dans ce petit roman, que le théâtre ou nous avons placé nos personnages, et les noms de François Ier et de la duchesse d’Étampes.