Après la mort de leur abbesse, nos moniales élurent l'une d'entre elles, appelée Marguerite comme sa devancière, et c'est avec raison que tous les catalogues lui donnent le nom de Marguerite V. Plus inconnue encore que la défunte abbesse, il n'est pas resté à notre connaissance, dans le chartrier de l'abbaye, un seul acte la concernant, ni même une seule pièce se rattachant à son gouvernement. Le Nécrologe seul nous parle d'elle et nous dit qu'elle porta la crosse 3 ans et 8 mois. Son obit tracé par une de ses contemporaines ne révèle aucune hésitation sur la durée de son gouvernement; on sent, en le lisant, qu'il émane d'un témoin oculaire et irrécusable. Les actes nécrologiques des deux Marguerite furent écrits en même temps, par une main ferme et versée dans la connaissance des lettres humaines. C'est dans notre Obituaire, le dernier spécimen de l'écriture du moyen âge; il présente tous les caractères d'une calligraphie admirable, qu'on dirait faite dans la première moitié du XIVe siècle, et pourtant il demeure constant que leur date est de 1430, année de la mort de Marguerite V.