Le Petit-Écu était une enseigne standard dans la France de l'Ancien Régime. On en connaît plus de vingt exemples rien qu'à Paris même dans différentes paroisses de la ville1):
1° rue de la Bucherie paroisse Saint-Séverin (AN Y/131 fol 126, 29 novembre 1588 et 6 février 1589).
2° rue du Clos-Bruneau à Saint-Germain-des-Prés en 1600 (MC/ET/XI/81, fol. III/C/XI, 29 octobre 1600) = (?) au faubourg Saint-Germain-des-Prés à l'enseigne du Petit-Ecu en 1543 (MC/ET/XLIX/22, fol. 603, 604, 8 octobre 1543; MC/ET/XLIX/22, 22 octobre 1543) = (?) aux faubourg Saint-Germain, Rue Neuve, en 1547 (MC/ET/XXXIII/22 folio 31, 2 mai 1547) = (?) à Saint-Germain-des-Prés près la foire (AD Y/227, 14 avril 1673).
3° rue du Coq en 1622 (MC/ET/XX/187, 23 avril 1622).
4° rue de la Coutellerie, paroisse Saint-Merry en 1609 (AD Y/148 folio 82v, 14 février 1609), en 1626 (MC/ET/V/61, 31 mars 1624) et en 1656 (MC/ET/I/129, 4 juillet 1656).
5° rue du Faubourg-Saint-Jacques en 1679 (S/4693 dossier 1) = (?) grand rue Saint-Jacques (MC/ET/XXXIII/18, fol. 227v-228, 19 décembre 1541) = (?) faubourg Saint-Jacques en 1637 (MC/ET/XLV/257, 12 janvier 1637).
6° rue Fromenteau, paroisse Saint-Germain-l'Auxerrois en 1620 (AN Y-161 folio 95v, 3 février 1620), en 1628 (AN MC/ET/XVI/442, 12 août 1630), en 1631 (MC/ET/XVI/442, 13 août 1631), en 1646 (AN Y/185 folio 348v, 6 décembre 1646) et en 1654 (AN Y/191 folio 61v, 13 avril 1654).
7° rue Galande en 1646 (MC/ET/LXXIII/384, folio IIII/C/LIIII, 17 août 1646) et 1651 (AN Y/188 folio 22v, 27 février 1651).
8° place de Grève paroisse Saint-Gervais (AD Y/132, folio 268, 22 janvier 1591) = en Grève, derrière l'hôpital et la chapelle du Saint-Esprit, en l'hôtel de Gabriel Péret, marchand hôtelier, dit du Petit Écu, paroisse Saint-Jean-en-Grève (MC/ET/III/319, 3 février 1568) = derrière l'église du Saint-Esprit en 1582 (AN MC/ET/I/49, 19 mars 1582) et 1589 (MC/ET/XXVI/38, 9 novembre 1589).
9° rue Guérin-Boisseau (AD Y/132, 20 novembre 1590).
10° rue de la Huchette (MC/ET/CXXII/1590 folio XLVII, 23 avril 1617).
11° rue de la Licorne en 1629 (AN MC/ET/XLV/162, 12 février 1629).
12° rue de Marivaux en 1637 (MC/ET/II/156 ter, 28 septembre 1637), 1641 (MC/ET/II/167, 26 septembre 1641), 1645 (MC/ET/II/178, 21 septembre 1645 ter) 1649 (AN MC/ET/II/189, 28 septembre 1649 ter), 1650 (MC/ET/II/190, 21 avril 1650).
13° place Maubert en 1599-1600 (AN MC/ET/XI/113, 24 octobre; AN Y/138 folio 406v, 17 janvier 1600) et 1659 (AN MC/ET/XCVI/73, 8 février 1659).
14° rue Montmartre (AN Y/132 folio 325 v, 28 juin 1591).
15° rue Neuve Saint-Honoré, paroisse Saint-Roch (AN Y/186 folio 182, 21 mars 1648).
16° rue Pavée en 1581: “une maison et jeu de paume à Paris rue Pavée où soulloit pendre pour enseigne le Petit Escu (MC/ET/XXVI/38, 6 février 1581 et AN Y/122 folio 301.
17° rue Pagevin, paroisse Saint-Eustache (AN Y/126 folio 313v, 4 janvier 1585).
18° rue Saint-Martin paroisse Saint-Merry en 1602 (Y/141 folio 138, 1er juin 1602: “la maison du Petit Ecu de France, rue Saint-Martin, paroisse Saint-Merry”) et 1717 (AD Y/146 folio 14v, 27 janvier 1707: “rue Saint-Martin, en la maison du Petit-Ecu, paroisse Saint-Merry”).
19° rue Saint-Martin, paroisse Saint-Nicolas-des-Champs en 1584 (MC/ET/IX/111, 3 septembre 1584).
20° rue des Vieilles-Etuves (Y/107, folio 221, 21 août 1566).
21° rue des Vieux-Augustins en 1644 (MC/ET/CXXII/1635 acte XXII, 22 avril 1644).
On trouvait donc évidemment cette enseigne un peu partout en province, comme par exemple à Bonnelles: “une petite maison sise à Bonnelles, dans la grande rue, appelée le Petit Ecu” (MC/ET/XCVI/83/A, 27 août 1663), et il n'y a pas à s'étonner de la retrouver à Étampes vers la même époque.
Par suite, comme à Étampes, il a existé à Paris, paroisse Saint-Leu, une “rue du Petit Ecu”, signalée dès 1594 (AN MC/ET/I/23, 26 décembre 1594) et encore en 1710 (AN MC/ET/LIV/703, 5 mai 1710).
Sa signification: "Petit Écu (de France)"
On peut se demander quel était l'écu en question. Il semble qu'il s'agissait tout simplement de l'écu du roi, comme l'indique la variation de son appellation dans le cas de la rue Saint-Martin paroisse Saint-Merry. En 1707 et 1717 on nous y signale une “maison du Petit-Écu”, mais en 1602 c'était la “maison du Petit-Écu de France”.
Il semble bien que l'on soit en présence de l'abréviation d'une dénomination qui au XVIe siècle était souvent encore donnée en entier. Peu avant cela on trouve bien, rue de Bièvres, une maison du “Petit écu de France” (AN MC/ET/XXXIII/58, 7 décembre 1573).
On trouvait aussi par exemple à Arras, place du Petit Marché, en 1545, une maison nommée “Le Petit Écu de France (Archives communales d'Arras, Arras FF/146 folio 255r, 20 avril 1545).
Il existait aussi, rue Cocatrix (paroisse Saint-Christophe en la Cité), dans la censive du chapitre de Notre-Dame de Paris, une maison du “Petit écu de France”. Les Archives nationales conservent d'ailleurs tout un dossier consacré par la chapitre de Notre-Dame à des “baux, poursuites et travaux” concernant cet établissement de 1600 à 1783 (AN S/9/A). La dénomination a été conservée ici sous sa forme ancienne de par l'existence et la continuité du dossier d'archives du chapitre de Paris.
Histoire
L'auberge est citée comme appartenant au chapitre de Notre-Dame depuis au moins 1605 jusqu'à la Révolution. Elle se situait en face de la collégiale.
Nous voyons qu'en 1661 il y travaillait un serviteur dénommé Jacques Belain.
Documents
Mariage d'un employé en 1661. — AD91 1Mi/320.
Transcription. — L'an 1661 le 30e jour de janvier jé [j'ai] delivré un congé à Jacques Belain serviteur au logis du Petit Escu de cete parroisse, filz de Jacques Belain, pour espouser Estiennette Michau fille de deffunct François Michau de la parroisse de Saint Gilles.
Sources
Les trois cotes qui suivent sont données par Frédéric Gatineau 2003.
Archives diocésaines de l'Essonne, cote 1. — Registre des biens de Notre-Dame (1605).
AD91 1Mi/320. — Registre des baptêmes, mariages et sépultures (…1661…)
AD78 1Q/353. — Lors de la Révolution, l'auberge appartient encore au chapitre de Notre-Dame.
Bibliographie
Frédéric Gatineau, Étampes en Lieux et Places. Toponymie de la ville et de la commune d'Étampes, Étampes, À Travers Champs, 2003, p. 95.
Petit escu (le) — Jusqu’à la Révolution, cette maison, située face à la collégiale, appartenait au chapitre Notre-Dame d'Étampes (ADY 1Q353). Il existait ailleurs la maison du Grand Écu. (…) Le logis du Petit-Ogre [Lisez: Petit-Escu (B.G.2023)] est mentionné sur un acte de mariage de la paroisse Notre-Dame, en 1661. Il n'est malheureusement pas situé.
Petit Escu (rue du) — Cette ruelle tenait son nom de la maison précédente. Elle est citée en 1605 près du carrefour au Chat (Adioc1).