Auteur de deux publications sur les duchesses d'Étampes.
Famille
Émile-Jean-Baptiste Desgardins, né le 22 août 1861 à Willerval (Pas de Calais), était le fils de Florine Gérard (1837-?) et du cultivateur Jules Desgardins (1833-?), ce dernier rentier en 1905.
Il se maria à Étampes le 28 mai 1884 avec Adèle-Claire-Marie-Joséphine Rue (1865-1951).
Contrat de mariage passé à Étampes le 27 mai 1884 devant Me Prat-Marca
De cette union naquirent:
Maurice Desgardins (1886-1961), né le 15 octobre 1886 à Étampes, marié le 28 septembre 1908 à Morigny-Champigny avec Berthe-Augustine Barrillier (1884-1955), mort le 16 mai 1961 à Nice (Alpes Maritimes).
Pierre Desgardins (1893-1982), né le 5 décembre 1893 à Étampes, marié le 25 juillet 1920 à Paris 17e arrondissement avec Alice-Eugénie-Bérangère Fenouillet, mort le 24 mars 1982 aux Andelys (Eure).
Il résidait à Étampes 6 bis rue Haute des Groissonneries (aujourd'hui rue Auguste-Petit).
Il réside ensuite, au moins de 1925 à 1930, dans sa commune natale de Willerval (Pas de Calais).
Il résidait en 1937 à Arras (Pas de Calais), 26, rue du Commandant Dumetz.
Il mourut en 1942 et fut enterré à Willerval.
On lit sur sa tombe au cimetière de Willerval: “Famile Desgardins. Emile 1861-1942. Marie 1865-1951. Alice 1891-1951. Pierre 1893-1982. Suzanne 1922-2001.”
Tentative malheureuse de fonder à Willerval une manufacture de bonneterie (1930-1933).
Distinction
Officier de l'instruction publique (1908)
Médaille de vermeil du concours d'histoire organisé par l'Académie des sciences, lettres et arts d'Arras, pour son Histoire de Willerval (1937).
Publications
Concernant l'Essonne
Émile Desgardins, Les Favorites du roi, Anne de Pisseleu, duchesse d'Étampes, et François Ier (in-16, 129 p., portraits, planches, fac-similé, gravure en couleur), Paris, Honoré Champion, 1904.
Émile Desgardins, "Rivalité d’Anne de Pisseleu et de Diane de Poitiers", in Conférence des sociétés savantes, littéraires et artistiques de Seine-et-Oise. Compte rendu et communications de la quatrième réunion tenue à Étampes les 13 et 14 juin 1909 sous la présidence de M. Maurice Croiset, membre de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, et de M. Alfred Paisant, vice-président de la Commission départementale des Antiquités et des Arts de Seine-et-Oise (24 cm; 264 p.), Étampes, Librairie Flizot, 1909, pp. 100-109.
Autres publications
Documents
Pénible accusation d'escroquerie en 1933 — La Croix du Nord 45/12994 (3 décembre 1933) 5.
Réquisitoire en 1934 — L'Écho du Nord 117-27 (27 janvier 1934) 6.
Bibliographie
Journal officiel de la République française 39/216 (11 août 1908) 5800, 5802 et 5817.
Extrait
Le ministre de l'instruction publique, des beaux-arts et des cultes, — Vu les décrets des 24 décembre 1885 et 4 août 1898, — Arrête: — Sont nommés: — Officiers de l'instruction publique. — MM. — (…) Desgardins (Émile-Jean-Baptiste), professeur d'anglais au collège d'Étampes. (…) Fait à Paris, le 13 juillet 1907.
Aristide Briand.
Mémoires de l'Académie des sciences, lettres et arts d'Arras 3/19 (1930) 269, 273-274 et 283.
Extrait 1 (pp. 269 et 273-274)
LISTE DES LAURÉATS DES CONCOURS DE 1929.
LITTÉRATURE
Médaille d'Argent
M. DESGARDINS, Professeur honoraire a Willerval (Traduction d'Enoch Arden de Tennyson).
Extrait 2 (p. 283)
RAPPORT SUR LE CONCOURS de LITTÉRATURE par M. le Chanoine A. BARBIER, Membre résidant.
(…)
Il est difficile de sentir et de rendre la vraie physionomie de l'âme populaire; il est plus malaisé, pour ne pas dire impossible, de traduire en français un chef-d'œuvre écrit dans une langue étrangère.
La chose a été tentée cependant par un deuxième concurrent sur le délicieux poème de Tennyson, qui a charmé plus d'un d'entre nous à ses premiers pas dans la connaissance de la littérature anglaise: Enoch Arden.
L'auteur se présente à nous de la façon la plus sympathique. Il a connu personnellement l'illustre poète. “Sur les rives fleuries de la Chalouette, écrit-il dans un prologue, sous les ombrages accueillants du Château de Volnay [Lisez: Valnay (B.G., 2025)], dans les bois témoins des exploits cynégétiques d'Aurélien Scholl, j'étais fier d'accompagner en sauvegardant son incognito, l'illustre Tennyson, alors âgé de 80 ans, et le poème d'Enoch Arden en mains, je me faisais expliquer par l'auteur les délicatesses du style, les sous-entendus littéraires de son œuvre.” |274|
Tout cela est très touchant. Malheureusement s'il est honorable et précieux d'avoir vécu dans l'intimité d'un grand homme, ce n'est pas une condition suffisante, hélas! pour hériter de son talent.
Est-il possible du reste de traduire si parfaitement un chef-d'œuvre qu'on en fasse un autre chef-d'œuvre? Ce serait une illusion de le penser. Traduire c'est toujours trahir un peu, il y a longtemps qu'on l'a dit et senti. La poésie surtout porte en elle quelque chose de si mystérieux, un ensemble si complexe, fait d'éléments si incommunicables. Il y a une vibration des mots, une mélodie et une harmonie de la phrase, une musique de la langue, des façons de penser et de sentir aussi, qui sont spéciales à chaque pays et à chaque écrivain et qui sont proprement intraduisibles.
“Vous saisiriez en vain l'aile du papillon. la poussière qui le colore vous resterait dans les doigts” comme dit ironiquement Musset dans les lettres de Dupuis et Cotonnet.
Tennyson est particulièrement rebelle aux entrepreneurs de traductions; d'abord pour cette raison générale qu'il est anglais et que les Anglais — soit dit sans offenser l'entente cordiale — quoi qu'ils ne soient séparés de nous, géographiquement, que de la distance d'un “Pas”, sont au moral, et pour ce qui concerne les choses de l'esprit et du cœur, de l'âme et de la mâchoire, nos antipodes.
Ils ne pensent, ni ne sentent, ni ne rient, ni ne mangent, ni ne parlent comme nous.
Essayez, Mesdames, avec cet art si exquis, si discret qui est le vôtre, d'habiller à la Française une de nos consœurs d'outre-Manche, elle restera anglaise par toutes les rutilances de son visage et de ses cheveux et par je ne sais quel déhanchement qui met le déséquilibre dans ses quatre points cardinaux. |275|
Ainsi marchent souvent les traductions françaises d'auteurs anglais.
Et puis, Tennyson offre de particulières difficultés,
Ce grand maître de la poésie victorienne est un virtuose du vers; il a le don mélodique; il assemble des sonorités délicieuses avec un sentiment délicat de la musique des phrases et du charme des images. Son art très pur et délicat n'est pas exempt non plus d'un soupçon d'Alexandrinisme, de maniérisme, de préciosité.
Le poème d'Enoch Arden, en particulier, est d'une joliesse prestigieuse et qu'aucun traducteur ne peut espérer rendre.
Cependant si l'on veut se borner au possible; si l'on ne veut considérer ce travail que comme une approximation relative du chef-d'œuvre, destinée à en faire comprendre la substance et à imiter ceux qui voudraient en goûter le charme dans le texte original, rien de plus louable que cet effort. En ce sens, et dans l'ensemble, il n'y a que des éloges à adresser à l'auteur.
Peut-être a-t-il trop visé à l'exactitude. Le souci d'être fidèle et de suivre de trop près le texte anglais a enlevé à la phrase française beaucoup de souplesse et d'aisance.
Je lis, par exemple à la page 6:
“Par une soirée dorée d'automne les jeunes gens prenant congé, Philippe resta (son père couché, malade, avait besoin de lui) une heure en arrière, mais comme il gravissait la colline, juste à l'endroit où la lisière inclinée du bois commençait à descendre vers le creux il vit, etc.”
Cette soirée dorée! Ce Philippe qui reste une heure en arrière, et qui gravit la colline à l'endroit où la lisière descend… descend vers un creux… Je vois bien les mots anglais auxquels tout cela correspond, mais aussi je vois trop bien qu'il n'y a là qu'un essai de traduction et que si |276| ce n'est plus de l'anglais, ce n'est pas encore non plus du français.
Il y a plus grave, voici du charabia et de l'incorrection. Au vers 250, on lit ceci “elle avait vendu ses marchandises moins qu'elle n'avait payé l'achat de ce qu'elle vendait”.
Je note encore ces expressions:
V. 334 “Sous prétexte de finesse dans la mouture”. (Il s'agit d'un meunier). Puis de ci de là:
“Saluer cordialement sa cordiale bienvenue.”
“Son nouveau enfant”.
“Une grande lueur éclata sur lui.”
“Les grandes barques qui amenaient le commerce restreint… etc.”
“La neuve chaleur du soleil montant de la vie.”
“Il trouva Annie pâle.”
“Il établit Annie dans le commerce de tout ce dont les marins avaient besoin.”
“Maintenant il se hâta de prendre son baluchon.”
“Il ressentait la narration moins que la narratrice.”
Et cette phrase déconcertante:
“Pour sûr que le naufragé débarqué ne voit pas avec plus de plaisir, à travers le voile gris d'une rafale qui se lève, approcher le bateau qui lui apporte l'espoir de vivre et va sauver la vie dont il désespérait, qu'il ne vit la mort poindre sur lui et la fin de tout.”
Vraiment, Mesdames et Messieurs, cette phrase c'est bien “la fin de tout”, alors qu'il faudrait plutôt dans tout ceci “le fin du fin”.
Notre conclusion ne sera-t-elle pas qu'il y a une chose plus difficile encore que de bien comprendre l'anglais, qui est d'écrire correctement le français?
Le plus sûr, quand on a du talent, serait peut-être au |277| lieu de traduire les chefs-d'œuvre, de tenter d'en faire un soi-même.
C'est à quoi s'est essayé notre auteur dans la suite de son travail où nous lisons ce titre: “Enoch Arden, drame lyrique en 3 actes avec prologue, d'après Tennyson”.
Les trois actes qui sont trois tableaux se devinent facilement: Enoch s'en va — Enoch est mort ou sa femme le croit tel — Enoch revient.
Un prologue met d'abord en scène l'idylle enfantine si gracieusement peinte dans Tennyson, entre la petite fille Annie et les deux garçonnets, Enoch et Philippe. On joue au ménage à trois. On se jalouse un peu. Annie conciliante s'écrie:
Quand on joue au ménage,
Pour les rendre jaloux
La femme se partage
L'ami et l'époux.
La femme se partage l'époux. — La formule même si elle n'intéresse pas la morale est inquiétante pour la grammaire, elle a surtout des consonances qui font rêver.
Quand Enoch marié est sur le point de partir pour la pêche lointaine, il se met — louablement — en prière:
Ô Dieu tout puissant, dit-il, ô Dieu des marins,
La mer est à toi c'est toi qui l'as faite…
Le Bon Dieu ne peut pas manquer de se rendre à des raisons si fortement motivées.
À l'acte II, Annie, seule, entre une Bible et une chandelle, est abattue mais elle ne perd pas le sens pratique. Elle s'écrie:
Dieu ! toujours seule, et mon commerce tombe! |278|
La scène suivante est égayée par l'arrivée des enfants. Le garçon dit, et ses rimes sont riches:
Bonjour Papa Philippe
Sens, j'ai fumé ta pipe.
Et le dialogue continue:
On vient de ton moulin.
— Vilain petit lutin.
Puis la fillette tendant sa joue:
Reprends donc ta farine.
— La petite lutine.
La mère les arrête:
Vous abusez de sa bonté.
Et le père bon enfant rectifie:
J'aime leur ingénuïté,
Nous aussi, n'est-il pas vrai, Mesdames et Messieurs?
Mais nous n'oublions pas qu'en France ce qui ne mérite pas d'être lu, on le chante. À cause de cela sans doute ici on chante beaucoup. Cela débute par une ronde d'enfants:
C'est la saison des noisettes,
Jeunes enfants et fillettes,
Allons cueillir des noisettes
Brunettes.
C'est l'art de l'enfance comme vous voyez et par là dessus court une musique de circonstance qui pour mieux s'approprier aux paroles, ne dépasse pas très sensiblement l'enfance de l'art.
Reconnaissons pourtant qu'elle sait se faire grave pour |279| la prière et qu'elle habille gracieusement, par endroits, d'aimables chansons et de gentilles ritournelles.
Quoi qu'il en soit et malgré ces critiques que j'ai pu faire, en traits trop aiguisés peut-être, il reste qu'il y a là un travail sérieux et de longue haleine, un effort qui aboutit souvent à d'heureuses réussites et qui mériterait une contre-partie d'éloges, si le temps le permettait, et si les auditoires se plaisaient autant à admirer qu'à sourire.
L'Académie est heureuse de décerner à l'auteur la belle récompense de la Médaille d'argent. Les critiques, que l'auteur me pardonne, ont voulu seulement expliquer pourquoi l'Académie n'avait pas fait plus.
A. D., “Une grave affaire d'escroquerie dans la région d'Arras”, La Croix du Nord 45/12994 (3 décembre 1933) 5.
Anonyme, “La grave affaire de la bonneterie de Willerval devant le tribunal d'Arras”,
Mémoires de l'Académie des sciences, lettres et arts d'Arras 3/14 (1935-1937) 232-233 et 244.
Extrait 1 (pp. 232-233)
Rapport sur le Concours d’Histoire de 1937 par M. Besnier, membre résidant.
Messieurs,
Les mémoires présentés au concours d’histoire de 1987 ont révélé à notre commission d’examen le double mérite d'être nombreux et de constituer un très appréciable apport pour la meilleure connaissance du passé régional. (….)
Les trois communes dont les fastes ont été évoquées pour nous appartiennent à l'Artois. (…) L'histoire de Willerval a été traitée, de main de maître, de ses origines à sa récente reconstitution: documentation et composition en sont de qualité supérieure. L'intérêt en est augmenté par le renom que nos chroniques ont donné à certains des seigneurs qui l'ont personnifiée. L'auteur, attaché au terroir par des liens séculaires, a pu utiliser des traditions ou des comptes de famille et animer de leur accent de vérité les renseignements si souvent fragmentaires et décevants qui nous éclairent seuls sur la vie quotidienne d’un passé pourtant|233| si proche et si glorieux: le rappel même des annales municipales dans leur rythme administratif leur emprunte une signification nouvelle.
Est-ce à dire que tout soit à louer dans ce travail? Votre commission y a relevé des inadvertances singulières, des références périmées. Le rattachement à un hameau de Hauteclocque de la famille de Sains, dont le nom a dominé pendant quatre siècles l'histoire de Willerval, l'a particulièrement surpris; il s'agit évidemment du proche Sains-en-Gohelle. L'origine comme l'ascension de cette grande famille féodale auraient dû être recherchées avec une plus sûre méthode. Ces défaillances, diminuant le crédit qu'elle eût voulu pouvoir accorder à une œuvre, par ailleurs accomplie, nous font limiter à une médaille de vermeil une récompense qui aurait dû être plus élevée.
Extrait 2 (p. 244)
Résultats des Concours de 1937.
1° — Concours d'Histoire.
Médailles de Vermeil:
M. DESGARDINS Émile, 26, rue du Commandant Dumetz, à Arras, pour son Histoire de Willerval.