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Bernard Gineste — 2003-2025
Chronique (éd. 1624) | Traduction B. G. (2006) |
[An. Christ. 1139.] Anno domini 1139. habitaculum seruorum Dei in loco qui dicitur ad Montem Dei construitur. Florebat hoc tempore ecclesia Gallicana per viros religione ac sapientia illustres: Milonem Morinensem episcopum humilitatis virtute præcipuum. Aluisum Atrebatentem liberalitate atque consilio ac facundia clarum. Godefridum Lingonensem, Hugonem Antisiodorensem, Ioslenum Suessionensem, Giffridum Carnotensem, Albericum Bituricensem Archiepiscopum, scientiaque literarum atque consilij prudentia clarissimum. Inter hos & alios multos tunc claros scientia viros, Bernardus Clareuallensis vir opinatissimæ religionis eminentissimè clarebat, qui multorum miraculorum patrator, & verbi Dei seruentissimus, prædicator, atque multorum monasteriorum fundator, animarum lucra maxima Dei exhibebat, adeo vt magistri scholarum cum magno clericorum comitatu, etiam de longinquis regionibus ad eius optabile magisterium confluentes, centenario vel etiam ampliori novitiorum numero domum probationis implerent, & vno die 40. monachi fierent. | [1139] L'an du Seigneur 1139 fut construite la résidence des serviteurs de Dieu qui s'appelle Mont-Dieu. En ce temps-là l'église gallicane s'illustrait par des hommes célèbres par leur piété et leur sagesse: Milon, évêque de Théouanne, caractérisé par la vertu d'humilité, Alvise d'Arras réputé pour sa libéralité, son bon sens et sa faconde, Geoffroy de Langres, Hugues d'Auxerre, Jocelin de Soissons, Geoffroy de Chartres, Aubry archevêque de Bourges, fort réputé pour sa connaissance des lettres et la sagesse de ses avis. Parmi ceux-ci et bien d'autres hommes réputés pour leur science, brillait par-dessus tout Bernard de Clairvaux, homme d'une piété des plus vantées, qui, accomplissant de nombreux miracles, servant mieux que personne la parole de Dieu et fondant de nombreux monastères, gagnait à Dieu de très nombreuses âmes, au point que des maîtres d'école accompagnés d'un grand nombre de clercs, affluant même de régions fort éloignées vers une autorité si désirable, emplissaient le logis des candidats d'un nombre de novices atteignant la centaine, voire davantage, et qu'en un seul jour il se fit quarante moines. |
Eodem anno Ioannes de temporibus moritur, qui annis 341. vixerat à tempore Caroli magni cuius armiger fuerat. | La même année meurt Jean des Temps, qui avait vécu 341 ans, depuis l'époque de Charlemagne, dont il avait été écuyer. |
[An. Christi 1140.] Anno Domini 1140. cenobium sanctæ Mariæ de frigido monte fundatum est.[An. Christi 1140.] Anno Domini 1140. cenobium sanctæ Mariæ de frigido monte fundatum est. | [1140] L'an du Seigneur 1140 fut fondé le monastère de Notre-Dame de Froidemont. |
Chronique (éd. de Hanovre, 1872) | Traduction et notes de B. G. (2006) |
[1138] Conradus II. imperavit annis 15. Huius tempore quidam magister Arnaldus nomine predicavit in urbe Roma, reprehendens divicias et superfluitates. Per cuius dicta multi magnates Romanorum sequebantur eum. Qui postea captus ad odium clericorum est suspensus. Huius tempore Ascalon capta est a christianis. Huius tempore anno Domini 1039. Iohannes de Temporibus, qui annis 361 vixerat a tempore Karoli Magni, cuius armiger fuerat, est defunctus. [Un autre manuscrit où se passage est porté par une deuxième main porte: Huius tempore anno Domini 1039. Iohannes de Temporibus obiit, qui annis 361 vixerat a tempore Karoli Magni, cuius armiger fuerat.] Hic Conradus rex in Frankenvort a sancto Bernardo cum cunctis pene principibus crucis caractere est insignitus, et illius temporibus socii peregrinacionis super numerum multiplicantur. Nam de Lothoringis, Flandria et Anglia cum 200 pene navibus proficiscuntur. Conradus itaque imperator cum innumerabili multitudine peregrinacionem aggressus, Yconium pervenit. Cui Ludovicus rex Francorum cum multa milicia per Ungariam descendens, ibidem advenit. | [1139] Conrad II [en fait Conrad III] fut empereur pendant quinze ans [1138-1152]. De son temps un certain écolâtre du nom d'Arnaud précha à Rome, réprouvant les richesses et le luxe. Entraîné par ses dires, nombre de magnats des Romains le suivaient. Mais ensuite il fut pris à faire haïr les clercs et suspendu. De son temps Ascalon fut prise par les chrétiens [en fait: 1153]. De son temps, l'an du Seigneur 1039 [sic: on notera que c'est Conrad II qui a régné de 1024 à 1039], mourut Jean des Temps, qui avait vécu 361 ans depuis l'époque de Charlemagne, dont il avait été écuyer. Ce roi Conrad, à Francfort, fut marqué du signe de la croix par saint Bernard avec presque tous les princes, et du temps de celui-ci ceux qui s'associent à la croisade se multiplient d'une manière incalculable. En effet ils partent de Lorraine, de Flandre et d'Angleterre à bord de près de 200 navires [1147]. Ainsi donc l'Empereur Conrad ayant entamé son expédition en compagnie d'une multitude innombrable, arrive à Iconium. Louis, roi des Francs, descendant pour le rejoindre par la Hongrie avec une armée innombrable, arrive au même endroit, etc. |
(M.G.H., t. XXII, p. 469) |
Chronique (éd. de Paris, 1840) | Traduction de François Guizot (1825) |
MCXXXVIII. Petrus Leonis, qui per schisma papatum invaserat per octo annos, judicio Dei percussus interiit. Tunc Innocentius papa ordinatos ab eo degradavit, et ne ultra promoverentur ad ordines judicio Dei decrevit. Florebat hoc tempore Theobaldus comes Campaniæ, pater orphanorum, judex viduarum, cæcorum oculus, pes claudorum, in pauperibus sustinendis singulariter munificus, in construendis monasteriis et erga religiosos quoscumque largitate incomparabilis. Hic abbatiam sancti Florentii salmuriensis et abbatiam Eleemosynæ cisterciensis, ac plures alias construxit. Genuit autem ex Matilde uxore sua, nobili genere Teuthonicorum progenita, Henricum comitem Campaniæ, et Theobaldum comitem blesensem, ac Stephanum comitem Sacri-Cæsaris, Guillermum primò carnotensem electum, deinde senonensem archiepiscopum, post remensem; item Adelam reginam Francorum, comitissam de Pertico, comitissam Barri, ac uxorem ducis Burgundiæ. | [1138.] Pierre de Léon, qui s'était, par un schisme, emparé pendant huit ans du pontificat, mourut, frappé du jugement de Dieu. Alors le pape Innocent destitua ceux qu'il avait ordonnés, et les déclara, par le jugement de Dieu, incapables d'être élevés aux ordres de l'Eglise. Dans ce temps florissait Thibaut comte de Champagne, père des orphelins, le défenseur des veuves, l'œil des aveugles, le pied des boiteux, qui soutenait les pauvres avec une singulière munificence, et se montrait incomparablement libéral (20) à aider toutes sortes de religieux, et construisit des monastères. Il fit bâtir l'abbaye de Saint-Florent de Saumur, l'abbaye d'aumône de Cîteaux, et plusieurs autres. Il eut de Mathilde, sa noble épouse, allemande d'origine, Henri, comte de Champagne Thibaut, comte de Blois; Etienne, comte de Sancerre; Guillaume, qui fut d'abord élu archevêque de Chartres, ensuite archevêque de Sens, et après archevêque de Rheims; Adèle, reine des Français, comtesse du Perche, comtesse de Bar, et femme du duc de Bourgogne. |
Florebat etiam Guillermus nivernensis comes insignis, cujus devotio mira enituit, dum de potenti principe sæculi factus est in Carthusia humilis pauper Christi. Florebat et sanctus Bernardus abbas Clarevallis, et sanctus Malachias in Hybernia, qui mortuum suscitavit. Florebat etiam magister Gilbertus cognomento Porree, tam liberalium artium quàm divinarum scripturarum doctor eximius, et fere incomparabiliter eruditus. Hic post magistrum Anselmum super psalterium et super epistolas Pauli ex dictis Sanctorum Patrum compactam edidit glossaturam. | En ce temps florissait aussi le noble Guillaume, comte de Nevers, qui fit éclater sa merveilleuse dévotion, en se rendant, de puissant prince du siècle qu'il était, humble pauvre du Christ au monastère des Chartreux. Dans ce temps florissait saint Bernard, abbé de Clairvaux, et saint Malachie en Hibernie, qui ressuscita un mort. Alors florissait aussi maître Gilbert, surnommé Porré, aussi célèbre, et presque aussi incomparable dans les arts libéraux que dans la science des divines Ecritures. Il continua, d'après les saints pères, les commentaires de maître Anselme sur le psautier et les épîtres de saint Paul. |
MCXXXIX. Obiit Johannes de Temporibus, qui vixerat annis trecentis sesaginta uno à tempore Karoli magni, cujus armiger fuerat. His temporibus quidam pseudo-imperator in partibus Alemanniæ surrexit, qui per aliquot annos apud Solodorum in reclusione vivens, (751), egressus inde imperatorem Henricum perditum se esse mentiendo dixit, et cùm multos seducendo sibi allexisset in tantum ut pro eo etiam graves pugnæ et homicidia fierent, aliis eum recipientibus, aliis seductorum palam profitentibus, tandem declaratâ ejus falsitate, Cluniaci in monachum attonsus est. | [1139.] A cette époque mourut Jean Des Temps, qui avait vécu trois cent soixante et un ans depuis le temps de Charlemagne, dont il avait été homme d'armes. Dans ce temps il s'éleva en Allemagne un faux empereur qui, après avoir vécu pendant quelques années dans la retraite à Soleure, en sortit, et prétendit faussement être l'empereur Henri, qui avait disparu. Ayant, par ses mensonges, séduit beaucoup de gens, il les attacha tellement à son parti, qu'il en advint de cruels et meurtriers combats, les uns le recevant, et (21) les autres le proclamant publiquement un imposteur; mais enfin son imposture fut reconnue, et il fut tonsuré moine de Cluny. |
MCXL. Obiit magister Hugo sancti Victoris parisiensis canonicus regularis. Habitaculum servorum Dei carthusiensium in loco qui dicitur ad montem Dei construitur. Cœnobium sanctæ Mariæ Frigidimontis in episcopatu belvacensi cisterciensis ordinis fundatur. Henricus frater regis Franciæ Ludovici apud Clarevallem monachus effectus est, qui non multò pòst ad episcopatum belvacensem est assumptus; fueruntque præter istum Henricum alii fratres regis Franciæ, Robertus Drocarum comes, et Petrus dominus de Cortenayo. Innocentius papa fundavit apud Aquas-Salvias monasterium sancti Anastasii martyris, et constructis ibidem cœnobialibus mansionibus, petiit à Clarevalle conventum monachorum et abbatem. Missus est autem illuc cum conventu Bernardus pisanæ civitatis olim vicedominus, qui postmodùm fuit papa Eugenius. | [1140.] En ce temps mourut maître Hugues, chanoine régulier de Saint-Victor à Paris. On construisit dans un endroit appelé Montdieu une maison de serviteurs de Dieu de l'ordre des Chartreux. Le monastère de Sainte-Marie de Froidemont, de l'ordre de Cîteaux, fut fondé dans l'évêché de Beauvais. Henri, frère de Louis, roi de France, se fit moine à Clairvaux, et, peu de temps après, fut élevé à l'évêché de Beauvais. Outre ce Henri, le roi de France eut d'autres frères, Robert, comte de Dieux, et Pierre, seigneur de Courtenai. Le pape Innocent fonda le monastère de Saint-Anastase, martyr; et y ayant fait construire des demeures pour les moines, il demanda une société de moines et un abbé tirés de Clairvaux. On y envoya, avec une société de moines, Bernard, autrefois vicomte de la ville de Pise, qui dans la suite devint le pape Eugène. |
Florebat hoc tempore gallicana ecclesia per viros religione et sapientiâ. illustres, Milonem morinensem episcopum, humilitatis virtute præcipuum, Alvisum attrebatensem pontificem, liberalitate atque consilio et facundiâ clarum; Godefridum lingonensem; Hugonem autissiodorensem; Goslenum suessionensem; Gaufridum carnotensem episcopos; Albericum bituricensem archiepiscopum, scientiâ litterarum atque consilii prudentiâ clarissimum; Sugerium abbatem sancti Dionysii in Francia, virum eruditissimum. Inter hos et alios multos tunc claros scientiâ viros, Bernardus abbas Clarevallis vir opinatissimæ religionis eminentissime clarebat, qui multorum miraculorum patrator, ac verbi Dei servientissimus prædicator, atque plurimorum monasteriorum fundator, animarum Deo lucra maxima exhibebat; adeo ut magistri scholarum cum magno clericorum comitatu etiam de longinquis regionibus ad ejus optabile magisterium confluentes, centenario vel etiam ampliori novitiorum numero domum probationis implerent, et unâ die quadraginta monachi fierent. Florebat etiam magister Richardus de sancto Victore parisiensis canonicus regularis, qui in libris et tractatibus variis multa Ecclesiæ sanctæ utilia descripsit. Claruit præterea his temporibus Hugo de Folieto Sancti Petri corbiensis monachus, qui librum de claustro animæ et corporis composuit. Alii dicunt istum Hugonem in pago ambianensi fuisse canonicum regularem. | Dans ce temps des hommes célèbres par leur dévotion et leur sagesse faisaient fleurir l'Eglise française: c'était Milon, évêque des Morins, remarquable par sa vertueuse humilité: Éloi, évêque d'Arras, fameux par sa libéralité, sa sagesse et sa faconde; Geoffroi, évêque de Langres; Hugues, évêque d'Autun [distraction de Guizot: il s'agit d'Auxerre (B.G)], Goslin, évêque de Soissons; Geoffroi, évêque de Chartres; Aubry, archevêque de Bourges, homme savant et célèbre par la sagesse de ses conseils; Suger, abbé de Saint-Denis en France, homme très-érudit. Parmi eux et beaucoup d'autres hommes remarquables par leur science, brillait éminemment Bernard, abbé de (22) Clairvaux, homme de la plus éclatante dévotion, qui fit un grand nombre de miracles, prêcha avec la plus grande ferveur la parole de Dieu, fonda plusieurs monastères, et gagna à Dieu beaucoup d'âmes; au point que les maîtres des écoles, accompagnés d'un grand nombre de clercs, accourant en foule des nations lointaines se ranger sous son excellente domination, remplirent la maison d'épreuves de plus de cent novices, et que quarante se firent moines en un jour. On voyait aussi fleurir maître Richard, chanoine régulier de Saint-Victor de Paris, qui écrivit, dans différens livres et traités, beaucoup de choses utiles à la sainte Église. Dans ce temps brilla aussi Hugues de Feuillet, moine de Saint-Pierre de Corbeil, qui composa un livre de la prison de l'âme et du corps; d'autres disent que ce même Hugues fut chanoine régulier dans le territoire d'Amiens. |
(Recueil des Historiens, t. XX, pp. 750-751) |
Chronique (éd. Fita, 1884) | Traduction B. G. (2006) |
[VII.] [19] Henrricus quartus Henrrici filius imperator, suscepto imperio, patrem suum capiens, in vinculis mori fecit. Huius temporibus papa Kalixtus, compostellanum episcopum, pro reverencia Beati Jacobi qui ibi quiescit, ad archiepiscopatus apicem sublimavit, (189) subiiciens Emeritanam provinciam sibi totam. Tempore Lotharii IIII, tanta siccitas in Francia fuit, ut flumina, lacus, fontes, et puttei siccarentur. Ignis quoque quod per rimas terram subintraverat, nec ymbribus, nec frigore nec arte aliqua biennio extingui potuit. Temporibus Conrradi secundi, Johannes de temporibus, qui annis CCCLXI vixerat, a tempore Karuli Magni cuius armiger fuerat, est defanctus. | [VII.19] L'empereur Henri IV [Lisez Henri V, 1106-1125] fils d'Henri [Henri IV, 1056-1106], après avoir accédé à l'empire, capturant son père, le fit mourir en prison. De son temps le pape Calixte [1119-1124], par révérence pour saint Jacques qui repose là, éleva l'évéche de Compostelle au rang d'archevêché en lui soumettant toute la province de Mérida. Au temps de Lothaire IIII [Lisez Lothaire III, 1123-1137], il y eut en France une si grande sécheresse que les fleuves, les lacs, les sources et les puits s'asséchèrent. Aux temps de Conrad II [Même numéro aberrant que chez Martin d'Oppavia], Jean des Temps, qui avait vécu 361 ans, depuis le temps de Charlemagne dont il avait été écuyer, trépassa. |
Chronique (éd. de Hanovre, 1851) | Traduction B. G. (2006) |
1138. Hoc anno mortuus est Iohannes de temporibus, qui 361. annis vixerat, scilicet a tempore Karoli Magni, cuius armiger fuerat. | 1138. Cette année-là mourut Jean des temps, qui avait vécu 361 ans, à savoir depuis l'époque de Charlemagne, dont il avait été écuyer. |
Sanctus Bernardus floruit. | C'est le temps de Saint Bernard. |
(M.G.H., t. IX, p. 554) |
Eulogium (éd. de 1858) | Trad. B.G. (2025) |
Conradus annos XV. imperat. (…) Eo tempore Ascolana civitas a Christianis capta est. Hoc anno quidam Johannes qui fuit armiger Karoli Magni obiit; a quo Karolo fluxerunt anni CCCLXI. | Conrad exerça l'empire quinze ans. [Conrad III, 1138-1152] (…) À cette époque la ville d'Ascalon fut prise par les chrétiens [en fait: en 1153 (B.G.)]. Cette année-là [?!] mourut un certain Jean qui avait été écuyer de Charlemagne; depuis lequel Charlemagne s'étaient écoulés 361 ans. |
Chronique de Saint-Bertin (éd. 1925) | Traduction B. G. (2006) |
Leo vero noster indultum sibi privilegium a papa super hac sententia secum afferens, prospere gaudensque repatriavit. Quod privilegium sic incipit: Innocentius episcopus, servus servorum Dei, dilecto filio Leoni abbati Sancti Bertini eiusque successoribus regulariter substituendis in perpetuum. Que ad perpetuam ecclesiarum et cet. Datum Laterani anno Domini 1139. Item attulit litteras quibus papa mandat Theodorico comiti Flandrie, Sibille eius comitisse et baronibus per Flandriam constitutis iudicium predictum, mandans, ut hoc monasterium et abbatem eius in has sua iusticia manutenere defendereque curent. Itemque consimiles Willelmo castellano et tam majoribus quam minoribus ville Sancti Audomari; similes quoque Miloni episcopo, Philippo et Miloni archidiaconis et toto capitulo Minororum. Et hec tria eiusdem date cum originali sentencia predicta. Datum Laterani anno Domini 1139. | Notre cher Léon apportant avec lui la charte qu'il s'était fait accorder par le Pape relativement à cette sentence, regagne heureusement et joyeusement sa patrie. Ce privilège commence ainsi: L'évêque Innocent, serviteur des serviteurs de Dieu, à son cher fils Léon abbé de Saint-Bertin et à ceux qui seront désignés de façon légitime pour lui succéder à jamais. Pour que des églises la perpétuelle etc. Donné au Latran l'an du Seigneur 1139. En outre il rapporta une charte dans laquelle le Pape ordonne au comte de Flandre Thierry, à sa comtesse Sybille et aux barons en fonction par toute la Flandre d'avoir soin de soutenir par leurs jugements et de défendre en ces matières ce monastère et son abbé. Et une autre charte semblable adressée au châtelain Guillaume et tant aux notables qu'à la population de la ville de Saint-Omer. Une autre aussi à l'évêque Milon, aux archidiacres Philippe et Milon et à toute l'assemblée du peuple. Et ces trois documents ont la même date que la susdite sentence: Donné au Latran l'an du Seigneur 1139. |
Eodem anno ecclesia de Ardea, que nunc dicitur prioratus de Ardea, data est Theodorico abbati de Capella. Et eodem anno obiit Iohannes de Temporibus, qui fuerat armiger regis et imperatoris Karoli Magni, et ab eiusdem Karoli Magni tempore vixerat usque nunc, id est annis 361, hoc anno defunctus est, id est anno Domini 1139. Imperante Conrardo secundo necdum coronato. | La même année l'église du Héron, qui s'appelle présentement le prieuré du Héron fut donnée à l'abbé Thierry de la Chapelle. Et la même année mourut Jean des Temps, qui avait été écuyer du roi et empereur Charlemagne, et qui avait vécu depuis le temps du dit Charlemagne jusqu'alors, soit 361 ans; il décéda cette année-là, c'est-à-dire l'an du Seigneur 1139, sous le règne de l'empereur Conrad II [à nouveau qui n'avait pas encore été couronné. |
(M.G.H., t. XXV, p. 801) |
Texte non disponible | Traduction à venir |
Chronicle (éd. de 1858) | Traduction B.G, 2025) |
Anno 6323. 1125. — Conrard the Secund regned XV. yere. In his dayes deied a knyte, thei clepid him Jon of the Tymes, whech lyved, as thei sey, CCC. yere LXI.; for he was werrioure in the tyme of Gret Charles. | An [de la création] 6323, 1125 [après J.-C.] — Conrad II régna 15 ans. De son temps mourut un chevalier qu'on surnomme Jean des Temps, qui vécut, à ce qu'on dit, 361 ans; car il était un combattant à l'époque de Charlemagne. |
Texte donné en 1891 par Gaston Paris d'après Paul Riant | Traduction B. G. (2006) |
L'une des notices ajoutées par le compilateur est celle qui nous intéresse: “Aussitôt après l'église du Spasme, la station de Simon le Cyrénéen et la maison de Judas (Philippus, p. 52), on lit: | |
Item magis ultra per eamdem viam est locus a vulgo [il manque évidemment dictus et un nom], ubi Johannes Buttadeus impellit (Lisez: impulit) Christum Dominum quando ibat ligatus ad mortem, insultando dicens Domino: Vade ultra, vade ad mortem! Cui respondit Dominus: Ego vado ad mortem, sed tu usque ad diem judicii non. Et, ut quidam dicunt simplices, visus est aliquando multis; sed hoc asseritur a sapientibus quia dictus Johannes, qui corrupto nomine dicitur Johannes Buttadeus, sano vocabulo appellatur Johannes Devotus Deo, qui fuit scutifer Karoli Magni et vixit CCL annis. | En outre plus loin dans la même rue se trouve un lieu vulgairement [lacune: appelé on ne sait comment], où Jean Boutedieu frappa notre Seigneur le Christ alors qu'il allait enchaîné à sa mort, en l'insultant et disant au Seigneur: Vas-y, va mourir! Le Seigneur lui répondit: Moi je vais mourir, mais toi, jusqu'au jour du Jugement, non. Et, à ce que rapportent les gens naïfs, il est apparu de temps à autres à de nombreuses personnes; mais ce qu'en disent les sages, c'est que le dit Jean, qu'on appelle sous un nom déformé Jean Boutedieu, s'appelle de son vrai nom Jean Dévot-de-Dieu, qu'il fut écuyer de Charlemagne et vécut 250 ans. |
Vient ensuite la prétendue maison du mauvais riche. |
Chronique (éd. de Venise, 1506) | Traduction B.G. (2006) |
[Papa 176] Lucius papa eius nominis tertius natione bononiensis patre Alberto: post celestinum pontificem predictum: sedit mensibus .11. diebus .9. Hic tituli sancte crucis in hierusalem presbyter cardinalis fuit, Quam quidem basilicam ferme totam colapsam, propriis expensis restituit. Qui inito ponti. nil pretermisit: quod ad expeditionem hyerosolimitanam necessarium putabat. verum et ipse dum in his versaretur: peste absumitur et in laterensi basilica sepelitur. | [Pape n°176] Le pape Luce, troisième du nom, originaire de Bologne, fils d'Albert, après le susdit pape Célestin régna 11 mois et 9 jours. Dès le début de son pontificat il ne négligea rien de ce qu'il pensait nécessaire à la croisade, mais pendant qu'il s'en occupait il est emporté par la peste et inhumé dans la basilique du Latran. |
Ioannes de t(em)p(or)ibus sic appellatus: ut Cronicæ omnes referunt: hoc eodem anno: cum .361. annis vixisset: in Galliis moritur: quem caroli magni Armigerum fuisse tradunt. | Jean, appelé de Temporibus à ce que rapportent toutes les Chroniques, meurt en France cette année-là après avoir vécu 361 ans, et on dit qu'il fut écuyer de Charlemagne. |
Version italienne (éd. de 1491) | Traduction B.G. (2006) |
Gioanni chiamatode Temporibus (come scriveno gli historici) essendo di età d'anni .361. mori in Franza quest'anno, & dicono che fu homo d'arme de Carolo chiamato sopranome Magno. | Jean, appelé de Temporibus (comme écrivent les historiens), étant âgé de 361 ans, meurt en France cette année-là, et on dit qu'il fut homme d'armes de Charles surnommé le Grand. |
Version espagnole (éd. de 1491) | Traduction B.G. (2025) |
Juan llamado de Temporibus: como escriven los historicos siendo de edad de CCC.LXI. annos murio en Francia en este anno: y dizen algunos que fue ombre d'armas de Carlo por sobre nombre se llamo Magno. | Jean surnommé de Temporibus, à ce qu'écrivent les historiens, mourut en France en cette année-là à l'âge de 161 ans, et certains disent qu'il avait été homme d'armes de Charles surnommé le Grand. |
Compendium (éd. de 1497) | Traduction B.G., 2025 |
Liber VI folio XXXIX recto | Livre 6, folio 29 recto |
Nam [Philippus] in Bertham odio concepto eam apud Monsteriolum in arce asservari jubet: abducta a Richino Andegavo Bertranda uxore: quam in pellicem annos complures habuit susceptis ex ea liberis Philippo et Floreo atque filia una. | Philippe prit Berthe en aversion et ordonna qu'elle soit détenue dans la forteresse de Montreuil. Ayanat enlevé à Péchon d'Angers son épouse Bertrade, il la prit pour concubine pendant de nombreuses années et en eut deux fils, Philippe et Fleury, ainsi qu'une fille. |
Liber VI. folio XXXII recto | Livre 6, folio 32 recto |
Accepta patris morte: Ludovicus cum res Aquitania ordinasset: in Franciam propere revertitur. datque Alisiam regine sororem Arnulpho Viromandensi uxorem. | À la nouvelle de la mort de son père, Louis regagne la France après avoir réglé la situation en Aquitaine, et il donne Alais, sœur de la reine, pour épouse à Arnoul de Vermandois. |
Per illus fere tempus Johannes de Temporibus morte absumptus est. Quem pertinaci consensu Franci et Germani scriptores à Caroli Magni imperio ad hunc usque Ludovicum vixisse tradunt. Quod si a fide non abhorret: ter centum sexaginta et uno anno superstes in terris fuisse credendus est. | Vers ce temps-là Jean des Temps est emporté par la mort. Il existe un accord tenace entre les auteurs français et allemands pour rapporter qu'il aurait vécu depuis le règne de Charlemagne jusqu'à ce roi Louis. Si on ne se refuse pas à y croire, il faut admettre qu'il a survécu 361 années ici-bas. |
Quo tempore in territorio Belvacensi Fromontis monasterium erigitur. | À cette époque est bâti dans le Bauvaisis le monastère de Fromont. |
Les très élégantes Cronicques (éd. de 1551) | Graphies modernisées |
En l'an de grace mil. IIII. XXX. et XI. le Roy Philippe de France, frappé de la suggestion du Diable, print en hayne la royne Berthe sa femme, et la dejecta d'aupres de luy, et la feit tenir comme prisonniere au chastel de Monstreul sur la mer, ou il luy avoit assigné son douaire; et s'en amoura follement d'une nommé Bertrade, qui femme estoit de Fouques Rechin, Comte d'Angiers, qui avoit donné Gastinois au Roy et detenoit son frere prisonnier: et avec elle commit adultere par plusieurs ans. En elle engendra deux filz, l'un nommé Philippe, et lautre Fleury, et deux filles, dont l'une fut mariée au Comte d'Estampes. | En l'an de grâce 1091, le roi Philippe de France, frappé de la suggestion du Diable, prit en haine la reine Berthe sa femme, et la déjeta d'auprès de lui, et la fit tenir comme prisonnière au château de Montreuil-sur-la-mer, où il lui avait assigné son douaire; et s'enamoura follement d'une nommé Bertrade, qui femme était de Foulques Réchin, Comte d'Angers, qui avait donné Gâtinais au roi et détenait son frère prisonnier: et avec elle commit adultère par plusieurs ans. En elle engendra deux fils, l'un nommé Philippe, et l'autre Fleury, et deux filles, dont l'une fut mariée au comte d'Étampes. |
(…) | (…) |
En l'an mil cent trente et neuf, mourut un nommé Jehan d'Estampes qui avoit vescu trois cens soixante et un an, depuis le temps de Charlemaigne, duquel il avoit esté homme d'armes. | En l'an 1139 mourut un nommé Jean d'Étampes qui avait vécu 361 ans depuis le temps de Charlemagne, duquel il avait été homme d'armes. |
En l'an mil. C. XXXIX. mourut ung nommé Jehan destampes qui avoit vescu .CCC.LVI. an depuis le temps de Charlemaigne duquel il avoit esté homme darmes. | En l'an 1139 mourut un nommé Jean d'Étampes qui avait vécu 361 ans depuis le temps de Charlemagne duquel il avait été homme d'armes. |
Texte non disponible | Traduction à venir |
De Senectute | Sur la vieillesse |
De Joanne Tampes equite gallo | De Jean Tampes chevalier français |
Joannes eques tampes loco gallico ortus; qui et ipse cum Carolo magno militavit: cum jam unum et sexaginta supra trecentos annos vixisset: imperante Conrado secundo: salutis anno supra mille centesimo quadragesimo sexto decessit: ejus itemque aliorum de quibus est dictum exemplo satis intelligi potest: nulla re certius mortem accersiri quam senio. Nam adversa valitudo ut gravis sit persaepe tamen curatur, incendia comprimi possunt ne homines ac alia absorbeant, ruinis occurri potest ut lentius agant, mare quos absorbet non numquam vivos adhuc revomit: carnificem saepe a caede vel casus vel imperium revocat. Sed senii numquam alius quam mortis esse finis visus est. Quam obrem qui homini permissum non est: ut semper vivat: quod vivendi diuturnitate et est ademptum: id alia arte id est gloria atque fama ut resartiatur elaborari solet. | Jean, chevalier né à Tampes, localité de France, qui combattit en personne au côté de Charlemagne, après avoir vécu trois cent et un ans, mourut sous l'empereur Conrad II l'an de grâce 1146. Et l'exemple de cet homme comme de ceux dont on a parlé permet suffisamment de comprendre que rien ne convoque la mort plus sûrementq ue la vieillesse. Car une mauvaise santé si grave soit-elle se peut très souvent guérir; on peut empêcher un incendie d'emporter des gens ou d'autres chose; on peut pallier à des effondrement pour les ralentir; la mer parfois recrache vivants ceux qu'elle avait avalés; le hasard ou un ordre souvent retient le bourreau de procéder à l'exécution. Mais il ne paraît y avoir d'autre terme à la vieillesse que la mort. C'est pourquoi il n'est n'est pas permis à l'homme de de vivre éternellement: quod vivendi diuturnitate et est ademptum: id alia arte id est gloria atque fama ut resartiatur elaborari solet. |
Texte non disponible | Traduction B.G. 2025 |
Anno domini M.C.XX. venisse dicitur Joannes patriarcha Indorum, marrans Callisto papae et cardinalibus praelatisque aliis in consistorio publice qualiter S. Thomas apostolus omni anno communicet populum manu sua, dignis eucharistiae sacramentum porrigens quam et retrahat indignis. | L'an du Seigneur 1120 on dit que vint Jean patriarche des Indes, et qu'il raconta publiquement en plein consistoire au pape Calixte, aux cardinaux et à d'autres prélats comment l'apôtre saint Thomas chaque année fait communier le peuple en tendant à ceux qui en sont digne l'eucharistie, qu'il refuse en revanche à ceux qui en sont indignes. |
Anno domini M.C.XXXIX. Ioannes de temporibus moritur in Gallia cum vixisset tricentos sexaginta unum annos, fuerat enim armiger Caroli Magni. | L'an du Seigneur 1139 meurt en France Jean des temps après avoir vécu 361 ans, car il avait été écuyer de Charlemagne. |
Texte latin (éd. de 1520 et 1555) | Traduction de Jean Régnart (1556) | Traduction B. G. (2006) |
Sub idem tempus obiit Joannes a Stampis, quem per errorem a temporibus multi vocitant, ob diuturnam vitam. Plus trecentis sexaginta vixisse annis eum faciunt, sub Karolo Magno meruisse, Ludovico Crassi filio decessisse; cum interea nulla in tot motibus mentio ejus facta fuerit, nec latere ignorarive potuisset virtus, quae specimen sui jam inde a clarissimi Imperatoris aetate praebuisset. Libentius crediderim eum militasse sub Carolo Simplicis nepote, quem regnum paternum avitumque petentem, et in Carolum Magnum originem suam referentem, Capetus regni aemulus cepit, speque rerum potiendarum exuit; nec trecentorum sexaginta sed centum circiter et sexaginta annorum vitam ei contigisse, id quod etiam consenescente mundo magnum et memorabile sit. | En ce temps mourut Jean d'Etampes, que plusieurs par erreur ont nommé Jean des temps, et disent qu'il fut foldat ès guerres de Charlemagne, et qu'il mourut durant le regne de Loïs le jeune fils de Loïs le gros, tellement qu'il faudroit qu'il eust vescu plus de trois cens soixante ans: ce qui est mal aisé à croire, veu qu'en si long temps ne se trouue aucune chose de ses faitz, qui à peine eussent eté celez, aians prins commencement soubs un tel prince qu'étoit Charlemagne. Je penserois plus-tost qu'il auroit suivi les guerres soubs Charles arriere fils de Charles le Simple, que Hue Capet chassa du Roiaume de France, lors qu'il s'en vouloit faire coronner Roy comme descendu de Charlemagne: et ainsi il auroit vescu enuiron de huit vingts ans, qui encore au jourd'hui seroit une chose fort merveilleuse. | A la même époque mourut Jean d'Étampes, que par erreur beaucoup appellent des Temps, à cause de la longueur de sa vie. On le fait avoir vécu plus de trois cent soixante ans, avoir servi sous Charlemagne, être décédé sous Louis, fils de Louis le Gros; alors que dans l'intervalle, au milieu de tant de péripéties il n'a été fait aucune mention de lui, et que sa valeur n'aurait pu rester cachée ou inconnue au milieu de tant de bouleversements, valeur dont il aurait donné un échantillon déjà à l'époque d'un si célbre empereur. Je croirais plutôt qu'il a servi sous son petit-fils Charles le petit-fils, qui revendiquait la royauté exercée par son père et pas son aïeul, qui faisait remonter son origine à Charlemagne, qui fut capturé par Capet son rival pour la royauté, et qui abandonna l'espérance d'exercer le pouvoir; et qu'il n'a pas joui d'une vie de trois cent soixante ans mais d'environ cent soixante ans, ce qui est encore considérable et mémorable en cet âge avancé du monde. |
(Livre V, édition de 1520, ff. CXLIv-CXLIIr) |
Texte de Papeus (1539) | Traduction B.G. (2025) |
Actus primi scena prima | Acte I scène 1 |
Haec parvi si quis aestimet, addideram dies | Si on n'en fait pas grand cas, je n'y avais pas joint les jours |
Non protoplasti, vel senis Mathusalem: | du Protoplaste ni du vieux Mathusalem |
Non Aesonis, vel Tithoni, vel Nestoris. | Ni d'Aéson, ni de Tithon ou de Nestor. |
Scholies de Vanegas (1542) | Traduction B.G. (2025) |
Protoplasti Adae. Dicitur etiam protoplastes per primam nominis inflexionem. Componitur q. a protos quod est primus et platto fingo: quasi homo primo formatus. Dixit autem Adam nongentos et triginta annos: ut patet gene. 5. | Du Protoplaste: d'Adam. On l'appelle aussi le Protoplate pour varier sa première dénomination, mot composé de protos, “premier” et de platto, “former”. On dit qu'Adam a vécu 930 comme il ressort du chapitre 5 de la Genèse. |
Mathusalem vero filius Enoc vixit nongentos sexaginta novem anos: ut patet ibidem. | Quant à Mathusalem, fils d'Énoc, il a vécu 969 ans comme il ressort du même passage. |
De Aesone patre Jassonis Ovidius lib. 6. meta. | Sur Aeson, père de Jason, Ovide, livre 6 des Métamorphoses. |
de Tithono aurorae amasio qui ut est in fabulis longo senio confectus in cicadam abierit. Horatius in Carm. lib. | Sur Tithon, qui selon la mythologie, au terme d'une longue vieilles aurait été changé en cigale, Horace, dans son Champ séculaire. |
Nestorem quoque Ovidius lib. opinor 12. meta. tercecentum annos vixisse testatur: nec mirum: cum non ita pridem Joannes de Stampis: quem per errorem a temporibus multi vocitant: ob diuturnam vitam: plus trecentos sexaginta annos vixisse traditur: qui cum sub Carolo Magno militaverit: sub Ludovico Crasso decessit. Lege Hadriani Barlandi lib. de gestis Brabantiae ducum. | De Nestor aussi, Ovide, à ce qu'il me semble au livre 12 des Métamorphoses, atteste qu'il aurait vécu 300 ans, et ce n'est pas étonnant, puisqu'on rapporte qu'il n'y a pas si longtemps, Jean d'Étampes, que beaucoup appellent par erreur Jean des Temps à cause de sa longévité, aurait vécu plus de 360 ans: il aurait servi sous Charlemagne et il est mort sous Louis [le Jeune] fils de [Louis] le Gros. Voyez l'ouvrage d'Adriaan Van Baerland sur L'histoire des ducs de Brabant. |
Annales (édition de 1553) | Orthographe normalisée (B.G., 2025) |
On recite que le Roy de France fut vne fois mal content dudict Comte Thibault, par ce qu'il auoit recueilly & souffert en ses terres l'Archeuesque de Bourges, que le Roy auoit deiecte de son siege, à l'appétit d'aucuns malings esprits,qui estoyent autour de luy, comme sera dict cy apres: & feit tant ledict Comte, à qui il ennuyoit d'auoir question au Roy, que sainct Bernard s'entremit d'en faire la paix: & ainsi qu'on le menoit deuers le Roy, en vne charrette, ledict sainct Bernard veit visiblement que le Diable, qui est perturbateur de paix, pour empescher son allée vint rompre vne des roues de la charrette: & quand il l'apperceut il appela ledict Diable, & luy commanda en la vertu de Dieu, qu'il luy seruist de roue, & soustint ladicte charrette iusques à ce qu'il fust au logis. ce qu'il feit: & puis sainct Bernard luy commanda qu'il s'en allast sans mal faire. | On récite que le roi de France fut une fois mécontent dudit Comte Thibault, parce qu'il avait recueilli et souffert en ses terres l'archevêque de Bourges que le roi avait déjeté de son siège, à l'appétit d'aucuns malins esprits, qui étaient autour de lui, comme sera dit ci-après; et fit tant le dit Comte, à qui il ennuyait d'avoir question au roi, que saint Bernard s'entremit d'en faire la paix; et ainsi qu'on le menait devers le roi, en une charrette, ledit saint Bernard vit visiblement que le Diable, qui est perturbateur de paix, pour empêcher son allée vint rompre une des roues de la charrette; et quand il l'aperçut il appela le dit Diable, et lui commanda en la vertu de Dieu, qu'il lui seruît de roue et soutînt ladite charrette jusques à ce qu'il fût au logis, ce qu'il fit; et puis saint Bernard lui commanda qu'il s'en allât sans mal faire. |
En l'an mil cent trente & neuf mourut vn nommé Iehan d'Estampes, qui auoit vescu trois cens soixante & vn an, depuis le temps de Charlemagne, duquel il auoit esté homme d'armes. | En l'an mil cent trente et neuf mourut un nommé Jean d'Étampes, qui avait vécu trois cens soixante et un an, depuis le temps de Charlemagne, duquel il avait été homme d'armes. |
En l'an mil cent quarante, Henry, frere du dict roy Louis, de France, renonça le monde, & se rendit moyne de Clereuaux, & apres fut faict Euesque de Beauuais. Semblablement Guillaume, Comte de Neuers, se rendit chartreux, & vescut en grand' deuotion. En celle mesme annee mourut maistre Hugues de sainct Victor. | En l'an mil cent quarante, Henri, frère dudit roi Louis de France, renonça le monde, et se rendit moine de Clairvaux, et après fut fait évêque de Beauvais. Semblablement Guillaume, comte de Nevers, se rendit chartreux, et vécut en grande déuotion. En celle même année mourut maître Hugues de Saint-Victor. |
Annales Silesiae (1571) | Traduction B.G., 2025 |
Hoc loco & illud annotare volui, magno consensu historicorum traditum esse, anno Christi 1151, adhuc superstitem fuisse in Gallia virum nobilem, qui fuerat armiger Caroli magni, nominabatur Johannes de temporibus. Vixit annos 372. | Ici, je voudrais aussi noter une chose qui fait l'objet d'un grand consensus chez les historiens: l'an du Christ 1151 était encore en vie en France un nombre personnage qui avait été écuyer de Charlemagne. Il se nommait Jean des Temps. Il mourut à 372 ans. |
Cronica des Schlesien (1601) | Traduction B.G., 2025 |
Allhie habe ich auch dis anzeigen wollen, das die historici alle eine hellig melden, das dieser zeit anno 1151. in Franckreich einer vom Adel gelebt welcher Caroli Magni Waffentrager gewest, er wird genant Iohannes de Temporibus, ist 372. jar alt worden. | J'ai aussi voulu signaler ici que les historici rapportent tous une chose claire, à savoir qu'en ce temps-là, en 1151, vivait en France un noble qui était porteur d'armes de Charlemagne, nommé Iohannes de Temporibus, âgé de 372 ans. |
Von Ludouico dem siebenden disz nammens / vnnd ein vnnd vierzigstenKönig in Franckreich. | De Louis, septième du nom, et quarante et unième roi de France. |
(…) In dem 1139 jar starb Johann von Estampes / wölcher 361 jar von der zeit Caroli Magni an / dessen Reisiger Knecht er gewesen / gelebt hat. (…) | (…) En l'an 1139 mourut Jean d'Estampes, qui vécut 361 ans à partir de l'époque de Charlemagne, dont il avait été le valet de pied. (…) |
Texte de 1621 | Note de 1621 |
En l'an de grace mil quatre-vingts et unze(*), le Roy Philippe de France, frappé de la suggestion du Diable, print en hayne la Royne Berthe sa femme, et la dejetta d'aupres de luy, et la fit tenir comme prisonniere au chastel de Monstreul sur la mer, où il luy avoit assigné son doüaire, et s'enamoura follement d'une nommee Bertrade, qui femme estoit de Foulques Rechin, Comte d'Angers, qui avoit donné Gastinois au Roy, et detenoit son frere prisonnier, et avec elle commit adultere par plusieurs ans. En elle engendra deux fils, l'un nommé Philippe, et l'autre Fleury, et deux filles, dont l'une fut mariee au Comte d'Estampes. | (*) Paul Emil. dit six. |
(……………………………………….) | (……………………………………….) |
En l'an mil cent trente et neuf, mourut un nommé Jean d'estampes, qui avoit vescu trois cens soixante et un an, depuis le temps de Charlemagne, duquel il avoit esté homme d'armes. |
Première édition (1579) | Graphie modernisée (2025) |
(…) Au reste de ceste alliance ainsi incestueuse et mariage adultere (car l'histoire Latine, et non imprimée d'Anjou appelle Bertrade Royne) sortirent deux fils et une fille: les malles furent Philippe & Fleury: (…) La fille du Roy & de Bertrade se nomma Cecile (…). | Au reste de cette alliance ainsi incestueuse et mariage adultère (car l'histoire latine et non imprimée d'Anjou appelle Bertrade rein) sortirent deux fils et une fille: les mâles furent Philippe et Fleury; (…) la fille du roi et de Bertrade se nomma Cécile. |
(…) On dit qu'environ ce temps, et l'an de nostre salut mille cent trente-neuf, mourut un homme en Gaule, nommé Jehan des Temps Gentil-homme de maison illustre, lequel on tenoit avoir attaint l'aage de trois cens soixante et un an, ayant vescu depuis Charles le Grand, duquel il se disoit avoir eté Escuyer: que si cela est vray, il est aussi remarquable, veu qu'on ne trouve point des hommes depuis les premiers siecles, qui aient vescu si longuement: au reste il en doit estre quelque cas, puis que tous les autheurs anciens le recitent. | On dit qu'environ ce temps, et l'an de notre salut mille cent trente-neuf, mourut un homme en Gaule, nommé Jean des Temps, gentilhomme de maison illustre, lequel on tenait avoir atteint l'âge de trois cens soixante et un an, ayant vécu depuis Charles le Grand, duquel il se disait avoir été écuyer: que si cela est vrai, il est aussi remarquable, vu qu'on ne trouve point des hommes depuis les premiers siècles qui aient vécu si longuement: au reste il en doit être quelque cas, puisque tous les auteurs anciens le récitent. |
Texte non disponible | Ellis (1859) |
C'est par erreur semble-t-il que R.L. Ellis prétend que Theodor Zwinger ferait allusion à Jean d'Étampes. | Selon Ellis: “On dit que son nom était Jean de Stampis (D'Estampes), et on lie ce changement de nom à sa longévité légendaire. Voyez Zuingerus [Theodor Zwinger], Theatrum vitæ humanæ, ou Fulgosius [Battista Fregoso], Factorum dictorumque memorabilium, p. 298.” |
(Robert Leslie Ellis, 1859) |
Texte non disponible | Traduction à venir |
Texte non disponible | Traduction de B.G., 2025 |
Dell'antichità, & nobiltà di casa Stampa. Cap. XVI. | Chapitre XVI. De l'antiquité et de la noblesse de la maison Stampa. |
Essendomi souennuto alla memoria di casa Stampa, voglio c'hora fauelliamo di lei. Hebbe adunque questa illustre famiglia la sua origine al tempo di Carlo Magno, quando ch'egli liberò l'Italia dalla tirannia de' Longobardi, & fu coronato Imperatore da Leone Papa di questo nome il terzo. | Après avoir rappelé l'existence de la Maison de Stampa, je veux maintenant en parler. Cette illustre famille est donc née à l'époque de Charlemagne, qui libéra l'Italie de la tyrannie des Lombards et fut couronné empereur par le pape Léon III. |
Dimorando adunque l'Imperatore alquanti mesi in Milano, lasciò quiui alcuni suoi Baroni, che dierono principio ad alcune nobili famiglie, & anco ne illustrò alquante altre donandogli titoli, & feudi, come s'è detto nel primo | Lorsque l'empereur séjourna quelques mois à Milan, il y laissa quelques-uns de ses barons, qui donnèrent naissance à certaines familles nobles et en illustrèrent d'autres en leur donnant des titres et des fiefs, comme nous l'avons dit dans le premier paragraphe. |
Frà quei Baroni, che fecero gran prodezze vno fu per nome Giouanni, nobilissimo Francese, à questo Carlo Magno donò il Castello della Stampa, posto alle radici de Monti di Brianza, & gli donò per arma l'Aquila Imperiale, di modo che retiratosi in Milano, & prendendo vna nobile Milanese per moglie: dalla quale n'hebbe alquanti figliuoli, & in questa maniera egli piantò in Milano la famiglia Stampa, & dal Castello Stampa prese il cognome: Et per (p.588) arma della casa fece vn Castello, & vi pose sopra l'Aquila, donatali dall'Imperatore. Et cosi è perseuerato sino al dì d'boggi. | Parmi ces barons, qui firent de grandes choses, il y en avait un du nom de Jean (Giovanni), un Français très noble, à qui Charlemagne donna le château de la Stampa, situé au pied des monts de Brianza, et lui donna l'aigle impériale comme arme, de sorte que lorsqu'il se retira à Milan, il prit pour femme une noble milanaise, de qui il eut plusieurs enfants: et c'est ainsi qu'il implanta à Milan la famille Stampa, qui prit son nom de famille du château de Stampa. Pour le blason de la maison, il prit un château sur lequel il plaça l'aigle que lui avait donné l'empereur. C'est ainsi que cela s'est continué jusqu'à aujourd'hui. |
Tutto questo si caua dal testimonio di Panusio Campano nel Libro delle famiglie d'Italia, il qual così dice. | Tout cela ressort clairement du témoignage de Panusio Campano dans le Livre des Familles d'Italie, qui dit: |
Joannes de Stampa, &c. cioè Giouanni de Stampa, che per la sua longa vita, fu cognominato de tempi, e hauendo egli militato sotto Carlo Magno, per l'egregia sua virtù hebbe da effo l'Aquila per insegna, la onde dopo che Carlo fu uscito d'Italia, egli prese per moglie vna nobilissima Milanese, & hauendo diuersi figliuoli piantò la sua famiglia in Milano de'Stampi, & scampo trecento sessant'vn'anno. Et morì nel Papato di Eugenio terzo. Et fù detto Giouanni de Stampa, dal Castello Stampa nel Contado de Monti Brianzi. | Joannes de Stampa, etc. c'est-à-dire Jean (Giovanni) de Stampa, qui, pendant sa longue vie, fut connu sous le nom des Temps, ayant servi sous Charlemagne, pour son éminente vertu, reçut l'Aigle pour insigne. Après que Charles eut quitté l'Italie, il prit pour femme une très noble Milanaise, et ayant plusieurs enfants, il implanta à Milan sa famille des Stampi, et mourut à trois cent soixante ans. Il mourut sous le pape Eugène III. Il s'appelait Jean (Giovanni) de Stampa, du château Stampa dans le comté de Monti Brianzi. |
Filiberto Voscouo Arelatense, nella Somma delle cose memorabili del Mondo, la qual si troua nella Libraria del Vaticano, secondo il testimonio di Giouanni Selino, che discriue la vita di Carlo Magno, narra che Giouanni de Stampi, fu vno de dodici Conti del sacro Imperio. | Philibert évêque d'Arles, dans sa Somme des choses mémorables du monde, que l'on peut trouver à la Bibliothèque du Vatican, d'après le témoignage de Giovanni Selino, qui a écrit la vie de Charlemagne, raconte que Jean (Giovanni) de Stampi, était l'un des douze comtes du Saint Empire. |
Di questo Giouanni stampa, nominato de Temporibus, ne fanno parlamento il suplementatore, & il registro delle Croniche, & affermano che ei scampò 361. anno, & che visse sotto Carlo Magno. | De ce Giovanni de Stampi, nommé de Temporibus, font mention l'annotateur et la table des Chroniques, en déclarant qu'il trépassa en sa 361e année après avoir vécu sous Charlemagne. |
Parimente Marco Guazzo nelle sue Croniche dice cosi. Hauendo viuuto Giouanni della Stampa trecento sessanta vn'anno, per il suo longo uiuere fu detto Giouanni de'tempi. | De même, Marcus Guazzo, dans ses Chroniques, dit ceci: Giovanni della Stampa vécut trois cent soixante ans, et pour sa longue vie fut appelé Giouanni des Temps. |
Da queste autorità si vede che casa Stampa hebbe in Milano nobilissimo principio da huomo Eroio; che ha poi perseuerata nella sua nobiltà sino al giorno presente. | D'après ces autorités, nous pouvons voir que la Maison Stampa a eu un début très noble à Milan d'un homme héroïque et qu'elle a ensuite persévéré dans sa noblesse jusqu'à aujourd'hui. |
Colloquium heptaplomeron (éd. 1857) | Traduction B. G. (2006) |
FRIDERICUS: Ego quidem pisces caeteris animantibus puriores esse duco, tum quia in elemento purissimo vivunt, tum etiam quod maris puritate sordes omnes non modo corporum, sed etiam animorum elui atque expiari putantur. Sed quod vitam terrestribus diuturniorem aquatilia ducant, vix est, ut mihi persuaderi possit, cum Elephantos centum annos supra viginti vivere consuesse proditum sit de Juba rege, rerum naturalium acerrimo venatore. | FRÉDÉRIC [luthérien]: Pour ma part je pense que les poissons sont plus purs que tous les autres animaux, d'une part parce qu'ils vivent dans un élément très pur, et d'autre part parce que, selon la croyance générale, la pureté de la mer nettoie et purifie des souillures non seulement corporelles, mais aussi spirituelles. En revanche on me persuadera difficilement que les animaux aquatiques vivent plus longtemps que les animaux terrestres, alors que le roi Juba, ce chasseur très pointu d'observations scientifiques, rapporte que l'éléphant a coume de vivre plus de cent vingt ans. |
OCTAVIUS: Immo vero Apollonius Tyanaeus elephantum in India vidit, ut est apud Philostratum (1), qui ab Alexandro Magno ad sua [p.240] usque tempora vitae trecentos annos superarat (2). Quod Aristotelis opinioni quodammodo congruit; is enim tradit, nullum animal homine vivacius esse post elephantum. | OCTAVIUS [musulman]: Bien plus, Apollonius de Tyane a vu un éléphant en Inde, à ce qu'on lit chez Philostrate (1), qui avait passé (2) trois cents ans de vie, du temps d'Alexandre le Grand jusqu'à son époque à lui. Ceci s'accorde avec une certaine opinion d'Aristote, car cet auteur rapporte qu'aucun animal ne vit plus longtemps que l'homme, après l'éléphant. |
FRIDERICUS: Certe vivacissimum esse animalium hominem, ex sacris litteris constat, scilicet primos illos humani generis creatores nongentos amplius annos vixisse ac nonnullos proxime ad annum millesimum accessisse. | FRÉDÉRIC [luthérien]: Il est bien établi en effet par les saintes Écritures que l'animal qui vit le plus longtemps est l'homme, en ce que les fameux premiers parents du genre humains ont vécu plus de neuf cents ans, et que certains ont atteint près de mille ans. |
SENAMUS: Quid est igitur, quam ob rem diuturna vita tam brevi curriculo (3) conclusa sit, ut etiamnum Moses (4), qui libros originum et vitas diuturniores litteris mandavit, conqueratur, hominem robustiorum vitam vix ac ne vix quidem octogesimum annum superare. | SÉNAMUS [païen]: Comment se fait-il donc, et qu'est-ce qui est cause que cette grande longévité ait été réduite à un cours (3) tellement bref que le même Moïse (4), qui a mis par écrit le livre de la Genèse et ces grandes longévités, se plaigne que l'homme ne puisse qu'à grand peine parfois dépasser la vie d'animaux plus robustes, et atteindre quatre-vingts ans? |
FRIDERICUS (5): Scio plerisque Epicuraeis (6) libros originum incredibiles videri et ea potissimum, quae de hominum diuturna vita prodita fuere. At Josephus, antiquitatum interpres optimus (7), ut ea, quae Moses scripserat, confirmaret, duodecim historias ab omnibus fere populis summae antiquitatis ac auctoritatis testes arcessere non dubitavit, scilicet Berosum Chaldaeum, Mochum, Hestiaeum, Hieronymum Aegyptium, Nicolaum Damascenum, Homerum, Hesiodum, Hecataeum, Hellanicum, Ephorum, Theopompum, Acesilaum (8), Xenophontem, qui homines aliquot non modo quadringentos et sexcentos annos, sed et nongentos excessisse prodiderunt. Quin etiam majorum (9) nostrorum aetate historicis nobilitatus est Miles, qui quod annos 369 explevisset, Johannes de Temporibus usurpatur (10). At nostra aetate, i.e. 1519, Franciscus Aluaresius (11) in Aethiopicis scripsit, Marcum Abnuam (12) pontificem maximum Abyssiniorum, anno centesimo quinquagesimo aetatis nondum senium prae se tulisse. Ex quo intelligitur, eos aberrare, qui longissimam hominis vitam post aquarum eluviones centum ac viginti circumscriptam fuisse putant, cum id tempus (13) hominum generi ad poenitentiam ante diluvia Dei concessu data esset (14). | FRIDERICUS [luthérien] (5): Je sais bien que les Épicuriens pour la plupart (6) ne tiennent pas pour fiable le livre de la Genèse, et surtout ce qu'on y rapporte de la longévité du genre humain. Cependant Flavius Josèphe, excellent traducteur des Antiquités (7), n'a pas hésité, afin de prouver ce qu'avait écrit Moïse, à citer à l'appui douze récits tirés de presque tous les peuples les plus anciens et les plus autorisés, à savoir: le Chaldéen Bérose, Mochus, Hestiée, Hiéronyme d'Égypte, Nicolas de Damas, Homère, Hésiode, Hécatée, Hellanicus, Éphore, Théopompe, Acésilas (8), Xénophon, auteurs au rapport desquels un certain nombre d'hommes ont dépassé non pas seulement quatre cents ou six cents ans, mais même neuf cents. Bien plus encore, à l'époque de nos aïeux (9), s'est rendu célèbre auprès des historiens un chevalier, que, parce qu'il a vécu 369 [sic] ans, on surnomme (10) Jean des Temps. Et de notre temps, c'est-à-dire en 1519, François Alvarez (11) a écrit, dans ses Éthiopiques, que Marc Abnoua (12), souverain pontife des Éthiopiens, n'avait pas encore vu venir la vieillesse à l'âge de cent cinquante ans. Cela nous fait comprendre qu'ils sont dans l'erreur, ceux qui pensent que la plus grande longévité humaine possible depuis le Déluge serait limitée à cent vingt ans, alors que cette durée (13) était celle du genre humain, en vue qu'il fasse pénitence, avant que ne lui soit donné le Déluge avec la permission de Dieu (14). |
SALOMO: Illud philosophis constat inter ipsos, non modo certum vitae tempus omni animantium generi ab ipso conditore circumscriptum fuisse, verum etiam singulorum hominum annos, menses, dies, horas, momenta definita esse (15), quae tum virtutibus augeri, tum etiam flagitiis circumcidi sacra oracula declarant, sive in hoc cadaveris gurgustio, sive cadaveribus erepti. Sic tamen interpretor, ut hominis spirantis vita non excedat annos 969, quoniam Methusala is, qui vitam mortalium omnium longissime protraxit, non diutius vixit (16). | SALOMON [juif]: C'est un point sur lequel les philosophes sont d'accord entre eux: non seulement une certaine durée de vie fixe a été déterminée par le créateur lui-même pour chaque espèce d'êtres vivants, mais encore les années, les mois, les jours, les heures et les minutes de chaque être humain ont été fixés (15): les saintes Écritures déclarent qu'ils sont autant prolongés par l'exercice des vertus, qu'ils sont aussi retranchés par celui des vices, que ce soit dans la tente de ce corps présent, ou bien une fois libérés de ce corps. Cependant je conclus que la vie d'un homme corporel ne peut excéder 969 ans, de ce que ce Mathusalem, qui de tous les mortels a joui de la plus grande longévité, n'a pas vécu plus longtemps (16). |
TORALBA: Vitam hanc diuturnam non naturae vi, sed procuratione [p.241] divina primis hominibus tributam fuisse existimo, ad artes et scientias constituendas ac praesertim ad coelestium motuum cognitionem. | TORALBA [déiste]: Cette longévité, à mon avis, n'a pas été octroyée aux premiers hommes par un effet de la nature, mais par un dessein divin [p.241] en vue de mettre en place les techniques et les sciences, et principalement la connaissance du mouvement des astres. |
NOTES — (1) Lib. 7, in vita Apollonii Tyanaei. (2) Alibi: superabat. (3) Alibi: circulo. (4) Ps. 90, qui est Mosi tributus. (5) Alius: SALOMO. (6) Alibi: Epicuraeorum. (7) Antiq. lib. IV., 5. (8) Alius: Acasiceum. (9) Alii: majori. (10) Alibi: vocatur. (11) Alius: Mauretius. (12) Alibi: Albanum, vel: Atanam. (13) Alibi: id. (14) Genes. 6, 3 sqq. (15) Deuter. 6. 3. Regum 3. Josuae 14. 21. 29. Psalm. 14. 60. 72 et 108. Proverb. 6. 15. 28. (16) Alibi: ulterius non vixerit. | NOTES: (1) Au livre 7 de la Vie d'Apollonius de Tyane. (2) Variante: surpassait [superabat pour super(av)erat]. (3) Variante: le cycle [circulo pour curriculo]. (4) Psaume 90, qui est attribué à Moïse. (5) Variante: SALOMON. (6) Variante: la plupart des Épicuriens [plerisque Epicuraeorum pour plerisque Epicuraeis]. (7) Antiquités de la Judée, livre IV, chapitre 5. (8) Variante: Acasicée [Acasiceum pour Acesilaum]. (9) Variante: ancêtre [non sens: majori pour majorum]. (10) Variante: on nomme [vocatur pour usurpatur]. (11) Variante: Mauret [Mauretius pour Aluaresius]. (12) Variantes: Alban, Atana [Albanum ou Atanum pour Abnuam]. (13) Variante: alors que ceci [id pour id tempus]. (14) Genèse VI, 3 et suivants. (15) Deuteronome, ch. V; Troisième livre des Rois [c'est-à-dire le Premier selon le comput actuel, puisqu'on appelle désormais les deux premiers, selon l'usage juif et protestant, Livres de Samuel (B.G.)], ch. III. Josué, ch. XIV, XXI & XXIX. Psaumes XIV, LX, LXXII et CVIII. Proverbes ch. VI, XV et XXVIII. (16) Variante: n'a pas vécu au-delà [ulterius non vixerit pour non diutius vixit]. |
Texte de l'édition de 1634, p. 323 | Traduction B. G. (2006) |
Here by the way I must note unto the reader that Ioannes de temporibus, that is to say John of the times, who so was called for the sundry times or ages he lived, was Shield-knave unto the Emperour Charles the great, of whom he also was made knight. This man being of great temperancce, sobriety, and contentment of mind in his condition of life, but above all of a most excelling constitution of nature, residing partly in Germany where he was borne, and partly in France, lived unto the ninth yeere of the raigne of the Emperour Conrade, and died at the age of three hundreth threescore, and one yeere, seeming thereby a very miracle of nature, and one in whom it pleased God to represent unto later ages the long yeeres, and temperate lives of the ancient Patriarches. | Je dois ici au passage signaler au lecteur que Ioannes de Temporibus, c'est-à-dire Jean des Temps, qui fut ainsi appelé en raison des divers temps ou époques qu'il vécut, fut écuyer de Charlemagne, de qui il fut fait aussi chevalier. Cet homme, étant d'une grande tempérance et sobriété, et dont l'esprit se satisfaisait de ses conditions de vie, mais qui par-dessus tout était d'une constitution naturelle des plus excellentes, résidant pour partie en Allemagne, où il était né, et pour partie en France, vécut jusqu'à la neuvième année du règne de l'empereur Conrad, et mourut à l'âge de trois cent soixante et un ans, paraissant par là un véritable miracle de la nature, et une personne en qui il a plu à Dieu de montrer en des âges plus récents ce que furent les longues années et les vies tempérantes des anciens patriarches. |
(ici cité d'après Eason) |
Texte de l'édition de 1611 | Traduction B. G. (2006) |
[Ten Reasons demonstrating the Commandment of the Sabbath to Be Moral.] | [Dix raisons démontrant la moralité du commandement du Sabbat.] |
And the year of our Saviour Christ's birth, being the three thousand nine hundred and forty-eighth of the world, was at the end of a sabbatical year, and the five hundred and sixty-fourth septenary of the world. Moses makes the common age of all men to be ten times seven 177 (Psal. xc), and every seventh year commonly produces some notable change or accident in man's life: and no wonder; for, as Hippocrates affirms, a child in his mother's womb, on the seventh day of his conception, has all his members finished, and from that day grows to the perfection of birth, which is always either the ninth or seventh month. At seven years old, the child casts his teeth, and receives new. And every seventh year after, there is some alteration or change in man's life, especially at nine times seven, the climacteric year, which by experience is found to have been fatal to many of those learned men who have been the chiefest lights of the world;64 and if they escaped that year, yet most of them have departed this life in a septenary year. Lamech died in the year of his life seven hundred and seventy-seven. Methusalem, the longest liver of the sons of men, died when he began to enter his nine hundred and seventieth year. Abraham died when he had lived twenty-five times seven years; Jacob when he had lived twenty-one times seven years; David, after he had lived ten times seven years. So did Galen, so did Petrarch, who (as Bodin notes) died on the same day of the year that he was born: so did Queen Elizabeth, of blessed memory. Hippocrates died in the fifteenth septenary; Hierom and Isocrates in their thirteenth; Pliny, Bartolus, and Caesar, in their eighth septenary; and Johannes de temporibus, who lived three hundred and sixty-one years, died in the fifty-third septenary of his life. The like might be observed of innumerable others. And, indeed, the whole life of a man is measured by the Sabbath; for how many years soever a man lives here, yet his life is but a life of seven days multiplied: so that in the number of seven there is a mystical perfection, to which our understanding cannot attain. | Et l'année de la naissance de notre Sauveur Christ, étant la trois mille neuf cent et quarante-huitième du monde, était à la fin d'une année sabbatique et le cinq cent et soixante-quatrième septénaire du monde. Moïse déclare l'âge commun de tous les hommes être dix fois sept (Psaume 90) et chaque septième année produit généralement quelque changement notable ou accident dans la vie de l'homme; et ce n'est pas étonnant; car, comme l'affirme Hippocrate, un enfant dans l'utérus de sa mère, le septième jour de sa conception, a tous ses membres finis et de ce jour s'achemine vers la perfection de sa naissance, qui a toujours lieu soit le neuvième ou bien le septième mois. À sept ans, l'enfant perd ses dents et en reçoit de nouvelles. Et chaque septième année après se produit quelque transformation ou changement dans la vie de l'homme, particulièrement à neuf fois sept, l'année cruciale, dont l'expérience montre qu'elle a été fatale à beaucoup de ces hommes instruits qui ont été les principales lumières du monde; et s'ils ont échappé à cette année, la plupart d'entre eux encore ont quitté cette vie lors une année septenaire. Lamech est mort l'an de sa vie sept cent soixante-dix-sept. Methusalem, celui qui a vécu le plus longtemps parmi les fils des hommes, est mort alors qu'il entrait dans sa neuf cent et soixante-dixième année. Abraham est mort alors qu'il avait vécu vingt cinq fois sept ans; Jacob quand il avait vécu vingt et une fois sept ans; David, après qu'il avait vécu dix fois sept ans. De même pour Galien, pour Petrarque, qui (comme le remarque Bodin) est mort le même jour de l'année qu'il était né; de même pour la Reine Elisabeth, de sainte mémoire. Hippocrates est mort dans son quinzième septenaire; Jérôme et Isocrate dans leur treizième; Pline, Bartolus et César, dans leur huitième septenaire; et Johannes de temporibus, qui a vécu trois cent soixante et un ans, est mort dans le cinquante-troisième septénaire de sa vie. La même chose pourrait être observé d'innombrables autres. Et, en effet, toute la vie d'un homme est mesurée par le Sabbat; car combien d'années que puisse vivre un homme ici-bas, cependant sa vie n'est qu'une vie de sept jours, multipliée: de sorte qu'il se trouve dans le nombre sept une perfection mystique, que ne peut atteindre notre intelligence. |
Édition anglaise non datée | Édition latine de 1859 | Traduction B.G. (2006) |
Lenght ans Shortnesse of Life in Man | Longaevitas et brevitas vitae in homine. | Longueur ou brièveté de la vie chez l'homme |
19. The cases which follow, are promiscuous in their order, more doubtful in authority, and more scanty in observation. Arganthonius, king of Cadiz in Spain, lived 130 or (according to some) 140 years, for eighty of which he was on the throne. Of his manners, habits of life, and the time in which he lived, nothing is recorded. […….] | 19. Quæ sequentur, ordine promiscua, fidei magis dubiæ, observatione magis jejuna, erunt. Rex Arganthonius, qui regnavit Gadibus in Hispania, centum et triginta, aut (ut alii volunt) quadraginta, annos vixit; ex quibus octoginta regnavit (1); de moribus ejus et vitia genere, et tempore quo vixit, siletur. […….] | 19. Les cas qui suivent donnés sans ordre, seront d'une authenticité plus douteuse et moins bien renseignés. Le roi Arganthonius, qui régna à Cadix en Espagne, vécut 130 ou bien (selon d'autres) 140 ans, pendant quatre-vingts desquels il fut sur le trône. De ses habitudes, de sa manière de vivre, et du temps où il vécut, on ne dit rien. [… (nombreux autres cas…)] |
A people of India called Pandorae are very long-lived, lasting even for 200 years. (a) They say also (which is more strange) that their hair, which is nearly white in boyhood, turns black in old age, before it grows hoary; though indeed it is common every-where for light hair in the boy to turn darker in the man. The Seres likewise, another Indian people, with their palm-wine, (265) are reputed to live as long as 130 years.' Euphranor the grammarian continued to teach in his school till he was above 100. (b) The elder Ovid, the father of the poet, lived 90 years; he was of a different character from his son, as he despised the Muses and dissuaded his son from poetry. © Asinius Pollio, the friend of Augustus, exceeded 100 years. (d) He was a man extremely luxurious, eloquent, and devoted to literature; but yet violent, proud, cruel, and selfish. It is a common idea that Seneca was very old, and no less than 114. But this cannot be true; for fir from being a decrepit old man when he was appointed tutor to Nero, he was on the contrary exceedingly active in the government. Besides, a little before, in the middle of the reign of Claudius, he was banished for adultery with some noble ladies, a thing not compatible with such an age. Johannes de Temporibus among all the men of later times is by tradition and common report reputed long-lived, even to a miracle or rather a fable, his age being said to be above 300. He was by birth a Frenchman, and served under Charlemagne. Gartius of Aretium, great grandfather to Petrarch, lived 104 years. He always enjoyed good health, and at the end felt a decay of strength rather than any malady; which is the true dissolution by old age. Many Venetians of high rank were long-lived; as the Doge Franciscus Donatus, Thomas Contarenus and Franciscus Molinus procurators of St. Mark, and others. But the most memorable instance is that of the Venetian Cornaro, who being of sickly body in his youth, began for the sake of his health to measure his meat and drink by weight. This custom led by degrees to a fixed diet, and the diet to a very long life, of even more than 100 years (e), with unimpaired faculties and constant health. Guillaume Postel, a Frenchman, in our time, lived nearly 120 years; the top of his moustache being still black, and not at all grey. He was a man of dis-ordered brain and unsound mind, a great traveller sad mathematician, and somewhat tainted with heresy. | Populus Indiæ, Pandoræ appellati, admodum longævi; etiam usque ad annum ducentesimum (2): addunt rem magis miram; [p.146] scilicet cum pueri fere candido capillo fuerint, senectute ante canitiem eos nigrescere solitos: id tamen ubique vulgare est, ut pueris capillitio candidiore virili ætate pili mutentur in obscurius. Etiam Seres, Indorum populus, cum vino suo ex palmis, longævi habiti sunt, usque ad annum centesimum tricesimum. (3) Euphranor grammaticus consenuit in schola, et docebat literas ultra annum centesimum. (4) Ovidius senior, poëtæ pater, nonaginta annos vixit (5); diversus a moribus filii, utpote qui Musas contempsit, et poëticem filio dissuasit. Asinius Pollio, Augusti familiaris, centum annos superavit (6): vir ingentis luxus, eloquens, literarum cultor; attamen vehemens, superbus, crudelis, et tanquam sibi natus. Invaluit opinio de Seneca, quod admodum annosus fuerit, usque ad annum centesimum decimum quartum (7); quod verum esse non potest, cum tantum absit ut senex decrepitus ad Neronis tyrocinium admotus sit, ut contra rebus gerendis strenue suffecerit; quinetiam paulo ante, medio tempore Claudii, exularit, ob adulteria aliquarum principum fœminarum; quod in talem ætatem non competit. Joannes de Temporibus, ex omnibus posterioribus sæculis, traditione quadam et opinione vulgari, usque ad miraculum, vel potius usque ad fabulam, longævus perhibetur, annorum supra trecentos (8): natione fuit Francus, militavit autem sub Carolo Magno. Gartius Aretinus, Petrarchæ proavus, ad centum et quatuor annos pervenit (9), [p.147] prospera semper usus valetudine, atque in extremis vires labantes sentiens potius quam morbum; quæ vera est resolutio per senium. Ex Venetis reperiuntur haud pauci longævi, etiam gradu eminentiori; Franciscus Donatus dux; Thomas Contarenus procurator S. Marci; Franciscus Molinus item procurator S. Marci (10); alii. At maxime memorabile est illud de Cornaro Veneto, qui corpore sub initio valetudinario, cœpit primum metiri cibum et potum ad certum pondus, in curam sanitatis: en cura transiit usu in diætam, et ex diæta in magnam longævitatem, usque ad annum centesimum et ultra (11), integris sensibus, et constanti valetudine. Gulielmus Postellus, nostra ætate, Gallus, ad centesimurn et prope vicesimum annum vixit (12); etiam summitatibus barbæ in labro superiore nonnihil nigrescentibus, neque prorsus canis: vir capite motus, et non integræ omnino phantasiæ; magnus peregrinator, et mathematicus, et hæretica pravitate nonnihil aspersus. | Un peuple de l'Inde appelé les Pandores sont d'une grande longévité, dépassant même les 200 ans. On dit aussi (ce qui est plus étonnant) que leurs cheveux, qui sont presque blancs dans l'enfance, virent au noir lors de la vieillesse: avant cela il sont blanc neigeux; il est vrai toutefois que c'est partout une chose commune que les cheveux clairs d'un enfant deviennent plus sombres à l'âge adulte. Pareillement les Sères, autre peuple de l'Inde, grâce à leur vin de palme, passent pour vivre non moins de 130 ans. Le grammairien Euphranor atteignit la vieillesse dans son école, et il enseignait les lettres à plus de cent ans. Ovide l'Ancien, père du poète, vécut 90 ans; il était d'un caractère différent de celui de son fils, car il méprisait les Muses et tenta de détourner son fils de la poésie. Asinius Pollion, l'ami d'Auguste, dépassa les 100 ans. C'était un homme vivant dans un luxe inouï, éloquent et attaché aux belles-lettres, et cependant violent, fier, cruel et égoïste. C'est une idée répandue que Sénèque atteignit un grand âge, et pas moins de 144 ans. Mais cela ne peut être vrai tant il est invraisemblable qu'un vieillard décrépi, alors qu'au contraire il fut très énergique dans son gouvernement. Bien plus, peu de temps avant cela, vers le milieu du règne de Claude, il fut banni pour avoir commis l'adultère avec plusieurs femmes nobles, ce qui n'est pas compatible avec un âge si avancé. Jean des Temps, de tous siècles les plus récents, selon une certaine tradition et selon l'opinion commune, passe pour avoir joui d'une longévité qui tient du miracle, ou plutôt de la légende: plus de trois cents ans. Il fut Français de naissance et servit sous Charlemagne. Garzo d'Arezzo, grand'père de Pétrarque, vécut 104 ans. Il jouit toujours d'une bonne santé et à la fin éprouva une déperdition de ses forces que quelque maladie: c'est là le véritable effet destructeur du grand âge. Nombre de Vénitiens de haut rang ont vécu longtemps; ainsi les doges Francesco Donato, Thomas Contareno et Francesco Molino prévôts de San-Marco, et d'autres. Mais le plus mémorable exemple en est le Vénitien Cornaro qui, étant d'une constitution maladive dans l'enfance, commença dans l'intérêt de sa santé de mesurer en le pesant ce qu'il mangeait et buvait. Cette habitude le conduisit progressivement à un régime alimentaire régulier, et ce régime à une grande longévité, de plus de 100 ans, avec des facultés intactes et une santé constante. Guillaume Postel, un Français, de notre temps, a vécu près de 120 ans; le sommet de sa moustache était encore noir et ne grisonnait pas le moins du monde. C'était un homme au cerveau dérangé et à l'esprit peu sensé, un grand voyageur, piètre mathématicien, et quelque peu teinté d'hérésie. |
20. In England I imagine there is scarce any village of any size in which an octogenarian man or woman may not be found. A few years ago, at a May-game in Herefordshire, a morrice dance was performed by eight men, whose united ages made up 800 years; some of them' exceeding 100, by as much as others fell short. […] (pp. 264-265 d'une édition non datée, p. 105 de l'édition de 1638) | 20. Apud nos in Anglia, arbitror non existere villulam paulo populosiorem, in qua non reperiatur aliquis vir aut mulier ex octogenariis; etiam ante paucos annos, in agro Herefordiensi, inter ludos florales, instituta erat chorea et saltatio ex viris octo, quorum ætas simul computata octingentos annos complebat; cum quod alteris eorum ad centenarium deesset, alteris aliquibus superesset. […] | 20. Chez nous en Angleterre j'imagine qu'il n'est pas de village tant soit peu peuplé où l'on ne puisse trouver un homme ou une femme octogénaire. Il y a quelques années, lors d'un carnaval dans le Herefordshire, une danse morris fut exécutée par huit hommes dont les âges additionnés atteignaient 800 ans, quelques-uns d'entre eux dépassant les 100 ans d'autant que les autres s'en approchaient. […] |
(a) Pliny, vii. 2. — (b) Suidas in v. Apion. — (c) Ovid. Tristia, iv. 10. 77 — (d) Cf. Pliny, xxii. 53. — (e) Flourens, De la Longévité, p. 33. | (1) Cicero, Herodotus, and Valerius Maximus agree in saying that Arganthonius lived a hundred and twenty years, and Pliny seems inclined to agree with item. He mentions however that Anacreon affirms that he lived to be a hundred and fifty. According to one account he died at a hundred and thirty. That he reigned eighty years is said by Cicero and Pliny. See Cicero De Senect. [19], Herodotus [l. 163], Val. Max. viii. 13., and Pliny, vii. 49. — (2) Pliny, vii. 2. — (3) “Onesicritus, quibus in locis Indiæ umbræ non sint, corpora hominum cubutorum quinum et hinorum palmorum existere et vivere annos centum et triginta,” &c.— Pliny, vii. 2. As the longevity of the Seres is mentioned in the preceding sentence, I believe that this is the passage which Bacon was thinking of, though we cannot account for his speaking of palm wine except by supposing that he mas misled by a hasty glance at the phrase “binorum palmorum.” Lucian in the Macrobii expressly says that the Sere were said to be a nation of water-drinkers. Palm wine was however, Pliny elsewhere says, common throughout the East. — (4) Suidas in v. Apion. — (5) Ovid., Tristia, iv. 10. 77. — (6) Bacon manifestly confounds Asinius Polio with Pollio Romilius, of whom Pliny says, “Centesimum annum excedentem eum D. Augustus hospes interrogavit quânam maxime ratione vigorem illum animi corporisque custodisset. At ille respondit, Intus mulso, foris oleo.”—Pliny, xxii. 53. Asinius Pollio died, according to Eusebius, Chron. Olymp. 195, at the age of eighty. Moreri makes him eighty-four. — (7) The notion that the philosopher Seneca lived to a great age arose from confounding him with his father the rhetorician. Raphael Volaterranus (Comment. Urban. p. 223.) is said to te the first writer by whom they are distinguished. See Antonius, Bibl. Vet. Hisp. i. 4. 47. A hundred and eight years intervene between the death of Cicero and that of the younger Seneca. Now in the preface to the first book of Controversiæ Marcus Seneca says that he was old enough to have heard Cicero, though the civil war prevented his doing so. Between his birth therefore and his son's death there can scarcely be less than a hundred and twenty years. Compare Cardan, Paralipomena, xiv. 8. — (8) His name is said to have been Jean de Stampis (D'Estampes), and the change to Johannes de Temporibus is connected with his mythical longevity. See Zuingerus, Theatrum vitæ humanæ, or Fulgosius, Factorum dictorumque memorabilium, p. 298. — (9) See Petrarch, Rerum memorandarum. § De Senectute; or Fulgosius, ubi modo. — (10) These three persons are mentioned by Egnatius, Exempta illustr. Venetor. The longevity of the Venetians is noticed by Peter Ravennas. — (11) “Cornaro mourut le 26 Avril, 1566. Je n'ai pu trouver la date précise de sa naissance. La Biographie Universelle le fait naître en 1467….. La Notice écrite par sa nièce, dit positivement cent ans, une autre Notice dit plus de cent ans, une troisième dit cent cinq”. — Flourens, De la Longévité, p. 33. — (12) Postellus died in 1583, being then, according to the biographical dictionaries, more than seventy-one. Bacon's statement is altogether incorrect. It is not improbable that Postel may have chosen to represent himself as much older than he really was. He was a man of great learning, but on some subjects scarcely sane: “quem insania ah omnis malitiæ suspicione vindicare poterit” is Joseph Scaliger's judgment of him. See Morhof. Polyhistor. i. 4. 5. | (1) Cicéron, Hérodote et Valère Maxime sont d'accord pour dire qu'Arganthonius a vécu cent vingt ans, et Pline semble enclin à être d'accord avec eux. Il mentionne cependant qu'Anacréon affirme qu'il a vécu cent cinquante ans. Selon un récit, il est mort à cent trente ans. Cicéron et Pline affirment qu'il a régné quatre-vingts ans. Voir Cicéron De Senect. [19], Hérodote [l. 163], Val. Max. viii. 13, et Pline, vii. 49 - (2) Pline, vii. 2 - (3) “Onesicritus, quibus in locis Indiæ umbræ non sint, corpora hominum cubutorum quinum et hinorum palmorum existere et vivere annos centum et triginta,” etc. - Pline, vii. 2. Comme la longévité des Seres est mentionnée dans la phrase précédente, je crois que c'est à ce passage que Bacon pensait, bien que nous ne puissions expliquer qu'il ait parlé de vin de palme qu'en supposant qu'il a été induit en erreur par un coup d'œil hâtif sur l'expression “binorum palmorum”. Lucian, dans les Macrobii, dit expressément que les Sere étaient réputés être une nation de buveurs d'eau. Le vin de palme était cependant, dit Pline ailleurs, commun dans tout l'Orient. - (4) Suidas dans v. Apion. - (5) Ovide, Tristia, iv. 10. 77 - (6) Bacon confond manifestement Asinius Polio avec Pollio Romilius, dont Pline dit : “ Centesimum annum excedentem eum D. Augustus hospes interrogavit quânam maxime ratione vigorem illum animi corporisque custodisset. At ille respondit, Intus mulso, foris oleo.”-Pliny, xxii. 53. Asinius Pollio est mort, selon Eusèbe, Chron. Olymp. 195, à l'âge de quatre-vingts ans. Moreri lui donne quatre-vingt-quatre ans. - (7) L'idée que le philosophe Sénèque a vécu jusqu'à un âge avancé est née de la confusion avec son père le rhéteur. Raphaël Volaterranus (Comment. Urban. p. 223.) serait le premier auteur à les avoir distingués. Voir Antonius, Bibl. Vet. Hisp. i. 4. 47. Cent huit ans s'écoulent entre la mort de Cicéron et celle du jeune Sénèque. Or, dans la préface du premier livre des Controversiæ, Marcus Seneca dit qu'il était assez âgé pour avoir entendu Cicéron, bien que la guerre civile l'en ait empêché. Entre sa naissance et la mort de son fils, il ne peut donc guère s'écouler moins de cent vingt ans. Comparez Cardan, Paralipomena, xiv. 8. - (8) Son nom aurait été Jean de Stampis (D'Estampes), et le changement en Johannes de Temporibus est lié à sa longévité mythique. Voir Zuingerus, Theatrum vitæ humanæ, ou Fulgosius, Factorum dictorumque memorabilium, p. 298. - (9) Voir Pétrarque, Rerum memorandarum. § De Senectute ; ou Fulgosius, ubi modo. - (10) Ces trois personnes sont mentionnées par Egnatius, Exempta illustr. Venetor. La longévité des Vénitiens est remarquée par Peter Ravennas. - (11) “ Cornaro mourut le 26 Avril, 1566. Je n'ai pu trouver la date précise de sa naissance. La Biographie Universelle le fait naître en 1467….. La Notice écrite par sa nièce, dit positivement cent ans, une autre Notice dit plus de cent ans, une troisième dit cent cinq ”. - Flourens, De la Longévité, p. 33. - (12) Postellus est mort en 1583, ayant alors, selon les dictionnaires biographiques, plus de soixante et onze ans. L'affirmation de Bacon est tout à fait erronée. Il n'est pas improbable que Postel ait choisi de se présenter comme beaucoup plus âgé qu'il ne l'était en réalité. C'était un homme d'une grande érudition, mais sur certains sujets, il était à peine sain d'esprit : Joseph Scaliger le qualifie de “ quem insania ab omnis malitiæ suspicione vindicare poterit ” (quem insania ab omnis malitiæ suspicione vindicare poterit). Voir Morhof. Polyhistor. i. 4. 5. |
The Operation upon the Exclusion of the Air. | Operation super exclusionem aëris | La pratique de l'éviction de l'air ambiant |
The History. | Historia. | Exposé des faits. |
1. Exclusion of the external air tends in two ways to pro-long life. First, because most of all things, next to the internal spirit, the external air (although it is as life to the human spirit, and contributes very much to health) preys upon the juices of the body and hastens its desiccation; whence the exclusion of the air conduces to longevity. | 1. Exclusio aëris ambientis ad diuturnitatem vitæ dupliciter innuit. Primo, quod maxime omnium, post spiritum innatum, aër extrinsecus (utcunque spiritum humanum quasi animet, et ad sanitatem plurimum conferat) succos corporis deprædatur, et desiccationem corporis accelerat; itaque exclusio aëris ad longitudinem vitæ confert. | 1. La préservation de l'air ambiant favorise de deux manière la longévité. D'abord par ce que, plus que tout, après l'esprit inné, l'air ambiant, même s'il donne vie en quelque sorte à l'esprit humain et contribue trés grandement à la santé, détériore les humeurs du corps et accélère le désèchement du corps: c'est pourquoi la préservation de l'air participe à la la longévité. |
2. The second effect of the exclusion of the air is much more deep and subtle; namely, that the body being closed up, and not perspiring, detains the spirit within, and turns it upon the harder parts of the body, which are thereby rendered soft and tender. | 2. Alter effectus qui sequitur exclusionem aëris, subtilior multo est et profundior; scilicet quod corpus occlusum et non perspirans spiritum inclusum detinet, et in duriora corporis vertit; unde spiritus ea emollit et intenerat. | 2. Le deuxième effet qui découle de la préservation de l'air est beaucoup plus subtil et profond; c'est que le corps bien clos et sans transpiration retient enfermé l'esprit et le détourne vers les parties les plus dures du corps: ainsi elles les amollit et les attendrit. |
3. The reason of this process is explained in the desiccation of inanimate bodies. And it may be taken for an infallible axiom, that the emission of the spirit dries bodies, but the detention thereof melts and softens them. And it may be further assumed that all heat properly attenuates and moistens, but contracts and dries only by accident. […] | 3. Hujus rei explicata est ratio in desiccatione inanimatorum; atque est axioma quasi infallibile, quod spiritus emissus corpora desiccat, detentus colliquat. et intenerat: atque illud insuper simul assumendum, quod calor omnis proprie attenuat [faut-il lire: attenerat? (B.G.)] et humectat, et per accidens tantum contrahit et desiccat. […] | 3. L'explication de ce phénomène tient dans le désèchement des corps inanimés, et c'est un axiome quasiment infaillible que l'évaporation de l'esprit désèche les corps, tandis que sa conservation les humecte et les attendrit. Et on doit prendre en compte en outre que toute chaleur affaiblit [faut-il corriger: attendrit? (B.G.)] et humecte, et que c'est seulement accidentellement qu'elle contracte et et désèche. […] |
10. As for filling up the pores, paints and such like thick unctuous substances, and (which may be most conveniently used) oil and fat things, no less preserve the substance of the body than oil colours and varnish preserve wood. | (176) 10. Quod ad oppletionem attinet; pigmenta, et hujusmodi spissamenta unctuosa, atque (quod commodissime in usu potest (177) esse) oleum et pinguia, non minus corporis substantiam conservant, quam pigmenta in oleo et vernix ligna. | 10. Pour ce qui concerne l'obturation (des pores de la peau), les fards et les onguents épais de ce genre, ainsi que l'huile et les les produits gras (qui sont d'un usage des plus aisés) ne préservent pas moins le principes essentiels du corps que la peinture à l'huile et le vernis ne préservent le bois. |
11. The ancient Britons painted themselves with woad, -and were extremely long-lived. The Picts likewise had the same custom, and are even supposed by some to have derived their name from it. | (177) 11. Britones antiqui corpus glasto pinguebat, et fuerunt ad modum longævi; quemadmodum et Picti, qui inde etiam nomen traxisse a nonnullis putantur. (1) | 11. Les anciens Bretons se peignaient le corps de pastel, et jouissaient d'une très grande longévité; de même aussi les Pictes, dont beaucoup pensent qu'ils tirent de là leur nom. |
12. At this day the natives of Brazil and Virginia use to paint themselves, and are said, especially the former, to be very long-lived; insomuch that five years ago the French Jesuits met with some of them who remembered the building of Fernamburg, which happened 120 years before, they being then grown up. | 12. Hodie se pingunt Brasilienses et Virginienses, qui sunt (præsertim illi priores) admodum longævi; adeo ut quinque abhinc annis Patres Galli nonnullos convenerint, qui ædificationem Fernamburgi, annis abhinc centum et viginti, ipsi ad tunc virilis ætatis, meminissent. (2) | 12. De nos jours se peignent les Brésiliens et les Virginiens, qui jouissent (surtout les premiers) d'une longévité considérable; à tel point qu'il y a cinq ans les Jésuites français en ont rencontré un certain nombre qui se souvenaient de l'édification de Fernambourg cent vingt ans plus tôt, alors qu'ils étaient eux-mêmes déjà adultes. |
13. Johannes de Temporibus, who is said to have reached the age of three hundred, on being asked how he had preserved himself, is reported to have answered, “By oil without, and honey within.” | 13. Joannes de Temporibus, qui dicitur ad trecentesimum annum ætatem produxisse, interrogatus quomodo se conservasset, respondisse fertur, Extra, oleo; intus, melle. (3) | 13. Jean des temps, dont on dit qu'il a atteint l'âge de trois cents ans, comme on lui demandait comment il s'était préservé, répondit à ce qu'on dit: Dedans, du miel, dehors, de l'huile. |
14. The Irish, especially the wild Irish, are, even to this day, very long lived. In truth, they say that within these few years the Countess of Desmond lived to 140, and shed her teeth three times. Now the Irish have a custom of standing naked before the fire, and rubbing and as it were pickling themselves with old salt butter. […] | 14. Hiberni, præsertim sylvestres, etiam adhuc sunt valde vivaces; certe aiunt, paucis abhinc annis comitissam Desmondiæ vixisse ad annum centesimum quadragesimum, et ter per vices dentiisse. Hibernis autem mos est se nudos ante focum butyro salso et veteri fricare et quasi condire. […] | 14. Les Irlandais, surtout ceux qui vivent dans les forêts, sont des plus vivaces; et bien l'on dit qu'il y a peu d'années de cela, la comtesse Desmond a vécu jusqu'à cent quarante ans, et qu'elle a eu trois poussées de dents. Or les Irlandais ont coutume, nus devant le foyer, de s'enduire d'un beurre salé et rance, et comme de s'en confire. […] |
16. Hippocrates' advises to wear clean clothes neat to the skin in winter, but foul and smeared with oil in summer. The reason whereof appears to be, that in summer the spirits exhale most, and therefore the pores of the skin should be stopped. | 16. Hippocrates jubet vestes ad cutem hieme puras portare, æstate sordidas et oleo imbutas (5); hujus ratio videtur, quod per æstatem spiritus exhalant maxime; itaque pori cutis opplendi sunt. | 16. Hippocrate recommande de porter en hiver des vêtements propres sur la peau, mais en hiver des vêtements sales et imbibés d'huile; la raison paraît en être que les esprits s'évaporent surtout en été; et c'est pourquoi il faut alors obstruer les pores de la peau. |
(pp. 187-188 de l'édition de 1638) | Notes. — (1) Legis in his work on Runes has suggested the idea that not only the Picts, but the Britons also derived their name from this practice. He connects, probably fancifully, the root brit with that of that of verb to write, remarking that, as we see in Greek, the ideas of writing and painting are cognate. — (2) This statement, although doubtless resting on the authority of the Jesuit Fathers, appears to be at variance with chronology. It is true that Cabral took possession of Brasil on behalf of the Crown of Portugal as early as 1500, and that on Easter Sunday in that year he erected a stone cross where Quarto Seguro now stands. But neither that town nor any other appears to have been founded until at least thirty years later, after the division of the country into captaincies. In that of Pernambuco, Olinda was the first founded; and as the native name of its site was given to the captaincy of which it was the capital, it is doubtless to it that Bacon here refers. That its foundation should have been remembered by several persons among those whom the missionaries met with ninety years afterwards is quite crédible; but the story as it stands is at least exceedingly improbable. That the climate of Brazil favours longevity was long believed, and may perhaps be true. The notion is mentioned in Bacon's essays. — (3) This answer was originally given to Democritus (see the Geoponica, xv. 7. 6.); afterwards, with a slight modification, to Pollio Romilius. [See suprà. note p. 146.] I do not know by whom it is ascribed to the mythical Johannes de Temporibus. — (4) Spenser mentions these habits of the Irish among the customs which he supposes them to have derived from Spain, for no other reason, apparently, than that they appear to him to be suitable to a warm climate. It is worthy of remark that Campion, writing about a quarter of a century earlier, affirms that the Irish had given up the use of saffron, and were learning to wash their linen. However the custom was retained in some parts of the country not only after Campion's time, but till a much later period. — (5) Hippocr. De salubri Diætâ. See note on Sylva Sylvarum, § 55. —J.S. | Notes. — (1) Legis, dans son ouvrage sur les runes, a suggéré l'idée que non seulement les Pictes, mais aussi les Britanniques ont tiré leur nom de cette pratique. Il relie, probablement de manière fantaisiste, la racine brit à celle du verbe écrire, remarquant que, comme nous le voyons en grec, les idées d'écriture et de peinture sont apparentées. — (2) Cette affirmation, bien que reposant sans doute sur l'autorité des Pères Jésuites, semble en contradiction avec la chronologie. Il est vrai que Cabral a pris possession du Brésil au nom de la couronne du Portugal dès 1500 et que, le dimanche de Pâques de cette année-là, il a érigé une croix de pierre à l'endroit où se trouve aujourd'hui Quarto Seguro. Mais ni cette ville ni aucune autre ne semble avoir été fondée avant au moins trente ans, après la division du pays en capitaineries. Dans celle de Pernambuco, Olinda fut la première fondée ; et comme le nom indigène de son emplacement fut donné à la capitainerie dont elle était la capitale, c'est sans doute à elle que Bacon se réfère ici. Que sa fondation ait été rappelée par plusieurs personnes parmi celles que les missionnaires ont rencontrées quatre-vingt-dix ans plus tard est tout à fait crédible ; mais l'histoire, telle qu'elle se présente, est à tout le moins extrêmement improbable. On a longtemps cru que le climat du Brésil favorisait la longévité, et c'est peut-être vrai. Cette notion est mentionnée dans les essais de Bacon. — (3) Cette réponse a été donnée à l'origine à Démocrite (voir le Geoponica, xv. 7. 6.); ensuite, avec une légère modification, à Pollio Romilius. [Je ne sais pas qui l'a attribuée au mythique Johannes de Temporibus. — (4) Spenser mentionne ces habitudes des Irlandais parmi les coutumes qu'il suppose qu'ils ont dérivées de l'Espagne, sans autre raison, apparemment, que le fait qu'elles lui semblent adaptées à un climat chaud. Il convient de noter que Campion, écrivant environ un quart de siècle plus tôt, affirme que les Irlandais avaient abandonné l'usage du safran et apprenaient à laver leur linge. Cependant, la coutume s'est maintenue dans certaines parties du pays, non seulement après l'époque de Campion, mais jusqu'à une période beaucoup plus tardive. — (5) Hippocr. De salubri Diaetâ. Voir la note sur Sylva Sylvarum, § 55. -J.S. |
La Dorotea (éd. de 1707) | Traduction B.G (2025) |
Scena quarta | Scène 4 |
LUDOVICO. ¿De qué es tanta alegria, que pareceis otro? | LOUIS. Pourquoi es-tu si heureux que tu parais différent? |
CESAR. ¿Qué os puede haver sucedido, que de un Heraclito venis hecho un Democrito? | CÉSAR. Qu'est-ce qui a bien pu t'arriver pour que d'Héraclite tu sois devenu Démocrite? |
(…) | (…) |
LUDOVICO. Yo he leído en Aristoteles , que una muger llamada Polycrita de un subito contento perdió la vida. | LOUIS. J'ai lu dans Aristote qu'une femme nommée Polycrita, d'un contentement subit, a perdu la vie. |
CESAR. Lo mismo sucedió a Philipides, aquel gran escritor de Comedias, que llama Varon nobilissimo Guidon Bituricense, haviendo vencido en un certamen de Poetas, como refiere Aulo Gelio. | CÉSAR. La même chose est arrivée à Philipides, ce grand auteur de comédies (que Varon appelle le très noble Guy de Bourges [parenthèse bouffonne]), parce qu'il avait gagné un concours de poètes, ainsi que le raconte Aulu-Gelle [(Nuits Attiques III, 15)]. |
LUDOVICUS. Y Socrates el Tragico, a quien llama Ciceron divino, tuvo la misma muerte. | LOUIS. Et Socrate le Tragique (qu'il appelle le divin Cicéron [nouvelle bouffonnerie]), eut la même mort. |
FERNANDO. El mismo Ciceron dice en el libro quinto de sus Tusculanas, que vivió Democrito Gelasino, riendose siempre, ciento y nueve años, luego no a todos mató el contento. | FERNAND. Cicéron lui-même dit, dans le cinquième livre de ses Tusculanes, que Démocrite Gelasinus a vécu, toujours en riant, cent neuf ans, et que le contentement n'a donc pas tué tout le monde. |
JULIUS. Sin duda que quieres ser como Juan de los Tiempos, que vivió trescientos y sesenta y un años, como refiere Gaguino, pues nació reynando Carlo Magno, y murió en el cetro de Ludovico el mozo. | JULES. Sans doute veux-tu être comme Jean des Temps, qui vécut trois cent soixante et un ans, comme le dit Robert Gaguin, car il naquit quand régnait Charlemagne, et mourut sous le règne de Louis le Jeune. |
FERNANDO. Todo lo puede hacer una felicidad no esperada. | FERNANDO. Tout peut se faire par un bonheur inespéré. |
JULIO. De esse Juan de los Tiempos debió de tener principio en España la fabula de Juan de Espera en Dios y sus cinco blancas. | JULES. La légende de Jean Espère-en-Dieu et de ses cinq blancs doit tirer son origine en Espagne de ce Jean des Temps [Hypothèse érudite, concernant la légende espagnole du juif errant appelé Jean Espère-en-Dieu, dont la bourse était toujours miraculeusement garnie de cinq petites pièces de monnaie (B.G.)] |
LUDOVICO. Sossiegate loco, y di, si puedes, lo que te ha sucedido. | LOUIS. Reviens de ta folie et dis-nous si tu le peux ce qui t'est arrivé. |
Texte latin de 1620 | Traduction B. G. (2006) |
LIBER I. CAPUT XIX. DE SENECTUTE. | LIVRE 3, CHAPITRE 19: DE LA VIEILLESSE. |
SUMMARIA. 1. Caroli Magni. 2. Wilhelmi Ducis Brunsuicens. 3. Friderici III. Imp. 4. Othonis Ducis Sax. 5. Iodoci Brandeburg. 6. Ioan. de Temporibus. | SUMMARIA. 1. Charlemagne. 2. Wilhelm, duc de Brunswick. 3. Frédéric III. empereur. 4. Othon, duc de Saxonie. 5. Josse de Brandebourg. 6. Jean des Temps. |
1. Carolus Magnus Rom. Imp. septuagenario maior, Aquisgrani expleuritide decessit, 5. Calend. Febr. annum circiter Christi 814. | 1. Charlemagne empereur des Romains, âgé de plus de soixante-dix ans, mourut d'une pleurésie à Aix le 5 des calendes de février vers l'an 814. |
2. Wilhelmus Dux Brunsuicensis, Princeps bellicosissimus, ubi attigit annos nonaginta, decessit e vivis anno Christi 1482. | 2. Guillaume, dux de Brunswick, prince fort belliqueux, lorsqu'il eut atteint les quatre-vingt-dix ans, quitta cette vie l'an du Christ 1482. |
3. Fridericus III. Imp. praefuit Imperio tribus annis perpetuis, et quinquaginta, mensibus 4. ac diebus 4. Natus annos 78. defunctus est. | 3. L'empereur Frédéric III présida à l'Empire sans discontinuer cinquante et trois ans, 4 mois et 4 jours. Il décéda à l'âge de 78 ans. |
4. Otho Dux Saxoniae, Henrici Aucupis Imp. pater, cum illi offerretur administratio Rom. Imperii, et is senecta invalidus esset, excusatione aetatis usus: Si Germanicis rebus (inquit) usui dextra mea, ars rerum gerendarum esse posset, nullum corporis laborem, nullam animi sollicitudinem pro communi salute recusarem. Sed Imperio a familia Caroli translato alius nobis vir quaerendus, non qui ex Imperio (381) decus sibi expetat, sed Imperio adferat. Unde auctor fuit, ut Conradus I. Imp. crearetur. | 4. Othon, duc de Saxonie, père de l'empereur Henri l'Oiseleur, comme lui était offerte l'administration du Saint-Empire, et qu'il était impotent du fait de la vieillesse, tira excuse de son âge: Si, déclara-t-il, ma main droite, en qui réside l'art même du gouvernement, pouvait être de quelque usage aux intérêts de l'Allemagne, je ne refuserais à l'intérêt général aucune peine de mon corps ni souci de mon esprit. Mais puisque l'Empire a été soustrait à la famille de Charlemagne, c'est un autre homme qu'il nous faut rechercher, non pas un homme qui veuille tirer gloire de l'Empire, [p.381] mais qui en fasse la gloire. Par quoi il fut responsable du fait que Conrad Ier fut fait empereur. |
5. Iodocus Brandenburgensis Marchio, et Moraviae, Romanorum Rex a nonnullis proceribus Imperii electus: et provectioris iam aetatis, cum excessisset annum nonagesimum, obiit. | 5. Josse, marquis de Brandebourg et de Moravie, une fois élu roi des Romains par un grand nombre des princes de l'Empire, d'un âge déjà trop avancé, puisqu'il avait dépassé sa quatre-vingt-dixième année, mourut. |
6. Ioannes, de temporibus cognomento dictus, alias Polychronius, quan quam non fuit Princeps: tamen quia longaevus ad admirationem usque exstitit, non inconvenienter visum est fieri, ut et Principum catalogo in fine subscribatur, cum sit exemplum valde memorabile. Hic tempore Caroli Magni vixit, cuius etiam armiger fuisse legitur. Et cum communem hominum vivendi morem annos vitae trecentos sexaginta unum superasset, in Gallis moritur, Anno Christi 1146. | 6. Jean, surnommé des Temps, autrement dit Polychrone, quoiqu'il ne fut pas prince et parce cependant il a été d'une longévité tellement étonnante, il ne paraîtra pas déplacé qu'il se fasse qu'il soit porté à la fin aussi d'une liste de princes, vu que cet exemple est tout à fait mémorable. Cet homme vécut à l'époque de Charlemagne, dont on lit qu'il avait été l'écuyer. Et comme il avait surpassé la commune manière de vivre des hommes, il mourut en Gaule l'an du Christ 1146. |
Texte de la 6e édition (1672) | Traduction B. G. (2006) |
And therefore in that account of Pliny, of a Deer with a Collar about his neck, put on by Alexander the Great, and taken alive an hundred years after, with other relations of this nature, we much suspect imposture or mistake. And if we grant their verity, they are but single relations, and very rare contingencies in individuals, not affording a regular deduction upon the species. For though Ulysses his Dog lived unto twenty, and the Athenian Mule unto fourscore, yet do we not measure their days by those years, or usually say, they live thus long. Nor can the three hundred years of John of times, or Nestor, overthrow the assertion of Moses*, or afford a reasonable encouragement beyond his septuagenary determination. | Et c'est pourquoi dans ce récit de Pline d'un cerf portant un collier au cou que lui avait mis Alexandre le Grand, et capturé en vie une centaine d'année plus tard, comme pour les autres rapports du même genre, il nous faut suspecter soit une supercherie ou bien une erreur. Et si nous acceptons leur authenticité, ce ne sont que des rapports, et que des cas très rares concernant de simples individus, dont on ne peut pas tirer de déductions relatives à leurs espèces. Car, bien que pour Ulysse, son chien ait vécu plus de vingt ans, et le mulet athénien plus de quatre-vingts ans, nous ne pouvons cependant pas mesurer leurs jours par ces nombres d'années, ni dire communément qu'ils vivent si longtemps. Et les trois cents ans de Jean des Temps ou de Nestor ne peuvent l'emporter sur l'assertion de Moïse, ni procurer un soutien raisonnable au-delà de la limite de soixante-dix ans qu'il a formulée. |
(III, IX, p. 135-140 de l'édition de 1672) | (III, IX, p. 135-140) |
Note de l'auteur: * Psalm 90. | Note de l'auteur [et de B.G.]: * Psaume 90. [verset 1: Prière. De Moïse, homme de Dieu (…) versets 9-10: Sous ton courroux tous nos jours déclinent, nous consommons nos années comme un soupir. Le temps de nos années, quelque soixante-dix, quatre-vingt, si la vigueur y est. (…) verset 12: Fais-nous savoir comment compter nos jours, que nous venions de coeur à la sagesse. (Bible de Jérusalem)] |
Première partie, chapitre XXIII, pp. 75-76 | Graphies normalisées |
Philippe I. ne se contentant pas de Berthe, sa legitime épouse, passant à Tours l'an 1091. fit enlever par un de ses Gentils-hommes, Bertrade de Monfort, femme de Fouques Réchin, ou l'Aspre, Comte d'Anjou, laquelle il épousa, au grand scandale de la France, & de toute l'Europe, après la mort de son mary, qui ne pouvant se venger de l'affront qu'il avoit receu de l'enlevement de sa femme, en mourut bien-tost après de déplaisir. Il y a de nos Historiens, qui ont laissé par écrit, que de ce mariage Philippe eut quatre enfans, deux garçons Philippe, & Fleury, & deux filles, Cecile, & Eustache. Dieu ayant eu en horreur l'incestueux adultere du Roy; a voulu que la memoire de ces deux Princes, soit entierement éteinte, sans qu'il reste d'eux, ny de posterité, que le seul nom. Cecile leur sœur fut mariée deux fois, la premiere, elle épousa Tancrede, Prince d'Antioche (Guill. de Tyr. lib. XI. c. 4.), neveu de [p.76] Boëmond, qui s'est si fort signalé dans les Croisades; & la seconde Bertrand, Comte de Tripoly, en Syrie. Belle-forest en ses Annales, assure qu'Eustache fut mariée à Jean, Seigneur d'Estampes, qui en faveur de ce mariage, en fut fait le premier Comte: Mais il se trompe; parce que cette Eustache est surnumeraire, entre les enfans de Philippe, & de Bertrade, que la plus commune opinion de nos Historien, & Genealogistes reduit seulement à deux garçons, & une fille. Et j'ay ci-devant remarqué, qu'il n'y a point eu de Comte, ny de Seigneur proprietaire de la ville d'Estampes que le Roy. Et nous verrons en traitant de l'Abbaye de Morigny, que le Roy Philippe, & Louis le Gros son fils, ont toûjours joüy de la ville d'Estampes: même du vivant de Jean, surnommé d'Estampes, qui fut mary d'une Eustache, non pas de France, mais de la maison de Corbeil, laquelle dans toutes les donations qu'elle a faites, avec son mary, à l'Abbaye d'Yerre en Brie, où elle est inhumée, n'a jamais pris la qualité, ni de fille, ni de sœur de Roy, ni de Princesse, ni de Comtesse: non plus que son mary celle de Comte d'Estampes. | Philippe Ier, ne se contentant pas de Berthe sa légitime épouse, passant à Tours l'an 1091, fit enlever par un de ses gentilshommes Bertrade de Monfort, femme de Fouques Réchin, ou l'Âpre, comte d'Anjou, laquelle il épousa, au grand scandale de la France et de toute l'Europe, après la mort de son mary, qui, ne pouvant se venger de l'affront qu'il avoit reçeu de l'enlèvement de sa femme, en mourut bientôt après de déplaisir. Il y a de nos historiens qui ont laissé par écrit que de ce mariage Philippe eut quatre enfans, deux garçons, Philippe et Fleury, et deux filles, Cécile et Eustache. Dieu, ayant eu en horreur l'incestueux adultere du Roy, a voulu que la mémoire de ces deux Princes soit entièrement éteinte sans qu'il reste d'eux ni de posterité que le seul nom. Cecile leur sœur fut mariée deux fois: la première, elle épousa Tancrède prince d'Antioche (Guillaume de Tyr, livre XI, chapitre 4), neveu de Boëmond, qui s'est si fort signalé dans les Croisades; et la seconde Bertrand comte de Tripoly en Syrie. Belleforet en ses Annales assure qu'Eustache fut mariée à Jean seigneur d'Estampes, qui en faveur de ce mariage en fut fait le premier comte; mais il se trompe, parce que cette Eustache est surnuméraire entre les enfants de Philippe et de Bertrade, que la plus commune opinion de nos historiens et généalogistes réduit seulement à deux garçons et une fille. Et j'ai ci-devant remarqué, qu'il n'y a point eu de comte ni de seigneur propriétaire de la ville d'Étampes que le roi. Et nous verrons, en traitant de l'abbaye de Morigny, que le roi Philippe et Louis le Gros son fils ont toujours joui de la ville d'Étampes, même du vivant de Jean surnommé d'Étampes, qui fut mari d'une Eustache non pas de France mais de la maison de Corbeil, laquelle, dans toutes les donations qu'elle a faites avec son mari à l'abbaye d'Yerres en Brie où elle est inhumée, n'a jamais pris la qualité ni de fille ni de sœur de roi ni de princesse ni de comtesse, non plus que son mari celle de comte d'Étampes. |
(I, XXIII, pp. 75-76) | |
Première partie, chapitre XXIX, pp. 120-121 | Graphies normalisées |
Il y a des Annalistes qui rapportent la mort de Jean d'Estampes ou des Temps, à cause de sa longue vie, aux premieres années du regne de nôtre Roy Louis VII, & disent qu'il a été homme d'armes de l'Empereur Charlemagne, & qu'il a vêcu trois cent soixante & un an; mais Paule Emile, & beaucoup d'autres ne sont pas de cette opinion, ne pouvant croire qu'il ait vêcu tant d'années sans s'étre rendu recommandable par quelque belle action, dont la memoire auroit passé à la posterité avec le nombre des années de sa vie, ce qui toutefois ne nous paroît point, n'en étant point fait mention dans l'Histoire. Quoy qu'il en soit de ce Jean d'Estampes. Il est assuré qu'il y a eu un autre Jean d'Estampes, qui vivoit au temps de nôtre Roy Louis VII. & de Louis VI. son Pere. Celuy-ci étoit tres-noble, & grand Seigneur, dont Sugger fait mention, au Livre premier de ce qu'il a fait pendant qu'il a gouverné son Abbaye. Où il dit qu'étant venu à Guillerval, qui est un Bourg à deux lieuës d'Estampes, il trouva cette terre en si mauvais état, & si négligée depuis plusieurs années, qu'il n'y avoit point de maison pour loger l'Abbé, ny de grange pour retirer les grains, ny aucun lieu pour la commodité du Seigneur, où il pût recevoir ses droits; ce qui l'obligea à acheter pour son Abbaye, une metairie de trois charuës, au sujet de laquelle il y avoit eu depuis quarante ans de tres-grands differends, & plusieurs combats entre Jean d'Estampes, fils de Payen, homme noble & vaillant, & un autre Gentil-homme, nommé de Piguiere, ou de Piviers, si la lettre G, du mot Piguerensem, doit être prise pour V, selon l'ancien usage, qui ne pûrent jamais être d'accord ensemble qu'en demeurant tous deux privez de cette terre. Et pour mieux assurer ce Contract il fut signé, selon l'usage du temps, par des parents, & des amis des parties contractantes, entr'autres par un nommé Baudouyn de Corbeil, ce qui me fait juger que ce Jean d'Estampes, dont nous parlons, étoit mary de Madame Eustache de Corbeil, dont il est dit dans les donations qu'elle a fait à l'Abbaye d'Yerre en Brie, que c'a été du consentement de Jean d'Estampes son mary, & des Baudouyn de Corbeil son Gendre, & d'Ameline sa femme, comme l'a remarqué le sieur de la Barre en son Histoire de Corbeil. Et il y a lieu de croire que Jean d'Estampes étoit son frère, [p.121 (et non 127)] ou du moins proche parent de Marc, Vicomte d'Estampes, dont il est fait une honnorable mention dans la Cronique de Morigny, liv. 2. & dont je parleray dans mes Observations sur la même Cronique. | Il y a des annalistes qui rapportent la mort de Jean d'Étampes, ou des Temps, à cause de sa longue vie, aux premières années du règne de notre roi Louis VII, et disent qu'il a été homme d'armes de l'empereur Charlemagne, et qu'il a vécu trois cent soixante et un an; mais Paul Émile et beaucoup d'autres ne sont pas de cette opinion, ne pouvant croire qu'il ait vécu tant d'années sans s'être rendu recommandable par quelque belle action, dont la mémoire aurait passé à la postérité avec le nombre des années de sa vie, ce qui toutefois ne nous paraît point, n'en étant point fait mention dans l'Histoire. Quoi qu'il en soit de ce Jean d'Étampes, il est assuré qu'il y a eu un autre Jean d'Étampes, qui vivait au temps de notre roi Louis VII et de Louis VI son père. Celui-ci était très noble et grand seigneur, dont Suger fait mention au livre premier de ce qu'il a fait pendant qu'il a gouverné son Abbaye, où il dit qu'étant venu à Guillerval, qui est un bourg à deux lieues d'Étampes, il trouva cette terre en si mauvais état et si négligée depuis plusieurs années qu'il n'y avait point de maison pour loger l'abbé ni de grange pour retirer les grains, ni aucun lieu pour la commodité du Seigneur où il pût recevoir ses droits; ce qui l'obligea à acheter pour son abbaye une métairie de trois charrues, au sujet de laquelle il y avait eu depuis quarante ans de très grands différends et plusieurs combats entre Jean d'Étampes fils de Payen, homme noble et vaillant, et un autre gentilhomme, nommé de Piguière, ou de Piviers, si la lettre G du mot Piguerensem, doit être prise pour V, selon l'ancien usage, qui ne purent jamais être d'accord ensemble qu'en demeurant tous deux privés de cette terre. Et, pour mieux assurer ce contrat, il fut signé selon l'usage du temps par des parents et des amis des parties contractantes, entre autres par un nommé Baudouin de Corbeil, ce qui me fait juger que ce Jean d'Étampes dont nous parlons était mari de Madame Eustache de Corbeil, dont il est dit dans les donations qu'elle a fait à l'abbaye d'Yerres en Brie, que ç'a été du consentement de Jean d'Étampes son mari des Baudouin de Corbeil son gendre et d'Ameline sa femme, comme l'a remarqué le sieur de la Barre en son Histoire de Corbeil. Et il y a lieu de croire que Jean d'Étampes était son frère, ou du moins proche parent de Marc vicomte d'Étampes, dont il est fait une honorable mention dans la Chronique de Morigny, livre 2, et dont je parlerai dans mes Observations sur la même Chronique. |
(I, XXIX, pp. 120-121, la page 121 étant numérotée par erreur typographique 127) |
Agradecer y no amar | Traduction B. G. (2025) |
¿Hay hombre y muger mas necios, / Que el que babeando se anda, / Hecho un Juan de Espera Amor? | L'homme et la femme sont-ils plus stupides, que celui qui, en bavant, a fait un Juan de Espera Amor? |
Version allemande (2003) | De Miraculis mortuorum (1670) | Traduction B. G. (2006) |
§. 7. [Daß sich das Leben über mehr als hundert Jahr erstrecken kann] | De Cordis in igne duratione, §7. | §7. De ce que le cœur est fortifié par le feu |
Daß unser Leben aber nicht länger als hundert Jahre währen kann, wie es die Ägypter gezeigt haben, dem widerspricht die Erfahrung. Ich will nicht die Beispiele, welche die Historiker angemerkt, aufhäufen. Was die Menschen, die vor der Sintflut lebten, angeht, so ist die Sache klar. Im Jahr 1151 starb in Frankreich nach 372 Lebensjahren der Waffenträger Karls des Großen, Johannes de Temporibus (Cureus Annal. Siles. part.1. p.m. 46.). Wilhelm Barneslai starb in England nach Vollendung des 126. Jahres, als er in seinem hundersten Lebensjahr Witwer geworden war, heiratete er zum zweiten Mal (Olear.l.3. Itin. Muscov. Persiae. c.25. p.289.). Das Gleiche berichtet Borel (Cent.2. obs.39.p.138.) [und] unser [Landsmann] Sachs (c.l.p.507.§.8.). Über die Eingeborenen Brasiliens [berichtet] Guilhelm.Pis.(l.1.de Medicin.Brasil.p.6.), daß sie über das hunderste Jahr hinaus sich eines blühenden und langen Alters erfreuen. Er fügt hinzu, daß den dort lebenden Europäer dasselbe widerfährt. Folgende Gründe führt er an: (a) daß sie von athletischen Eltern abstammen; (b). sich nicht durch Sorgen abhärmen und keine Ausschweifungen kennen. (g). Immer dieselbe schlichte Nahrung und Kleidung beibehalten.(d). Daß ihnen Besitzstreben fehlt und sie sich freiwilliger Armut unterwerfen, so daß derjenige, der über mehr [Besitz] verfügt, denjenigen, die weniger haben, gern abgibt, wobei die Leichtigkeit zu geben und zu verlangen die gleiche ist. | Ultra Centum annos autem vitam nostram se non extendere posset, ut Ægypti docuerunt, experientia reclamat. Nolo Exempla coacervare ab historicis notata. De Antediluvianis res clara est. Anno 1151, in Galliis vixit 372. annos Caroli Magni armiger Johannes de Temporibus (Cureus Annal. Siles. Part. 1. p. m. 46.) Vvilhelm. Barneslai in Anglia 126. annos complevit, centesimo viduus factus conjugium iterum iniit. (Olear. l. 3 Itin. Muscov. Persiæ. c. 25. p. 289.) Gemella recitat Borellus (Cent. 2. obs. 39. p. 138.) Sachsius noster (c.1. p. 507. § 8.) De Brasilianis Gvilhelm. Pis. (l. 1. de Medecin. Brasil. p. 6.) qvod post centesimum ætatis annum viridi & longæva senectute potiantur. Addit idem Europæis ibidem degentibus contingere. Causas subdit has (a.) qvia athleticis nati parentibus (b.) curis non macerantur, & voluptates ignorant. (c.) Eodem semper victu & amictu eoque simplici gaudent. (d.) Nullus illis habendi amor, paupertatique se addicunt voluntariæ, ut, cui plus est, lubens impertiat aliis minus habentibus, pari dandi & poscendi facilitate. | Que notre vie ne puisse pas s'étendre au-delà de cent ans, ainsi que l'enseignaient les Égyptiens, c'est ce qui demande vérification. Je ne veux pas accumuler les exemples notés par des historiens. En ce qui concerne les gens d'avant le Déluge, la chose est claire. L'an 1151, dans les Gaules, mourut à l'âge de 372 ans l'écuyer de Charlemagne, Jean des Temps (Cureus, dans ses Annales de Silésie, part. 1, p. m. 46). William Barneslai en Angleterre parvint à l'âge de 126 ans, et devenu veuf à l'âge de cent ans, se remaria (Olearius, Voyage à Moscou et en Perse, ch. 25, p. 289). Disent des choses analogues Borel (Cent. 2, obs. 39., p.138) et notre compatriote Sachs (ch. 1, p.. 507, § 8). Au sujet des Brésiliens, Guillaume de Pise (livre 1 de Médecine Brésilienne, p. 6) dit qu'ils restent verts après cent ans d'âge et qu'ils jouissent d'une longue vieillesse. Le même ajoute qu'il arrive la même chose aux Européens qui vivent là. Il y trouve les causes suivantes: (a) ils naissent de parents athlétiques; (b) ils ne se morfondent pas en soucis et ignorent les plaisirs; (c ) ils se contentent d'une nourriture qui est toujours la même et d'un vêtement rudimentaire; (d) ils n'ont aucun désir de possession et s'adonnent à une pauvreté volontaire, de sorte que celui qui a plus donne volontiers aux autres qui ont moins, avec une égale facilité à donner et à réclamer. |
Texte de 1679 | Version B. G. (2006) |
Rarissimum in nostra Universitate funus indictivum grandaevi adeo et incani Professoris Historiarum Publici, Viri Amplissimi, DN. REINHOLDI FRANCKENBERGERI, Collegii Philosophici et Academiae huius, post [p.440] divum AUGUSTUM BUCHNERUM (cuius magna semper apud posteros recordatio pervigebit) Senioris venerandi! cum octogenariam fere illam, et iam pridem, inter postremissimae aetatis fata habitam periodum attigisset, nudius octavus inde translatus ad aeternitatem, dies Nobis hodiernus imperat. Quoto enim cuique ex milibus hominum id cessit, ut tam vicinus saeculo propemodum exstiterit? et quota vero eorum pars est, qui dimidium aevi fere, in tam nobili officio transegerunt? Iam inde a temporibus diluvii istius, quod cum flagitiis suis orbem universum merserat, aetatem mortalium elanguisse, semperque lapsam in deteriora, historiae sacrae iuxta ac profanae referunt. Latere neminem signatus a Mose terminus humanae vitae potest. Hinc in Thalia etiam Historiarum parens, spatium vivendi longissimum periodo annorum octoginta finit. Grandaevus et dierum satur Propheta ille Regius, annos septuaginta natus audit. In omni Romanorum, Graecorum, Francorumque ac Germanorum Caesarum, quatuor solummodo inventi, octogesimum qui attigere: e Pontificibus Romanis quinque. Elisabetha Angliae Regina, isthaec supergressa sexum altera Semiramis, universos a Guilielmo Conquestore antecessores, vita, quidni et Imperii gloria? superavit. Vixit enimvero Davidis, regnaverat Augusti annos mulier. Adeo nimirum rara grandiorum natu exempla deprehendas, ut inter saeculorum miracula vulgo ponerentur. Sic prodigio Epimenides Cretensis fuit, quod sesquiseculo illius vita constitisset. Trecentos (DEI hominumque fidem!) annos, Caroli, a rebus gestis magni, armiger Iohannes de temporibus (sic vocabatur) et ultra aliquid exsuperasse traditur. Laurentium Orcadensem annos centum ac quadraginta iam emensum, saeva quoque hieme piscatum cum navicula prodîsse, Buchananus auctor est. Vidit apud Herefordienses, inter floreales ludos, institutam a senibus octo, quorum simul computata aetas, annos octingentos ipsos exaequaverat, choream, Verulamius. Ac nescio quid veluti praerogativae Britannis ad makrobiothta frequentiorem concesserit natura sollers? Wilhelmum Barnesloium, Equitem, post centum et viginti sex annorum spatia, annus M DCCLI. Angliae vitaeque exemit. Thomas quoque Parrius centum trigintaque superstes, ante hos nunc undetriginta annos diem ibidem obiit supremum. Nondumque adeo elapsum lustrum est, quo Lesburiensis in Northumbria Ecclesiastes, biennio [p.441] ante, quam finiretur (agebat tum enim duodecimum centesimumque annum) dentes aliquot et renatos etiam capillos sensit. Quas dum cumulatiores solito historias longaevorum hic atteximus, nemo facile miretur, qui et venerando Seni, et Historiarum diu satis merito Professori scriptionem funebrem esse adornandam cogitet. | Événement fort rare dans notre Académie, les funérailles d'une personne aussi âgée et chenue que le fonctionnaire et professeur d'histoire REINHOLD FRANCKENBERGER, personnage considérable, et, après le divin August Buchner [1591-1661] (dont le souvenir restera toujours grand et vivace auprès de la postérité), vénérable doyen du collège de Philosophie et de toute cette académie, puisqu'il avait presque atteint cet âge fameux de quatre-vingts, et depuis longtemps déjà la période qui pour fixée par le destin comme l'âge le plus extrême qui soit, entré depuis déjà huit jours dans l'éternité, le jour présent nous commande de les célébrer. En effet, sur mille personnes, à combien est-il arrivé d'approcher de si près le siècle? Et combien en est-il parmi eux qui aient passé presque un demi-siècle à occuper de si nobles fonctions? Dejà, depuis l'époque de ce Déluge qui avait englouti le monde entier et tous ses vices, l'histoire sainte, d'accord avec l'histoire profane, rapporte que la longévité des mortels s'est affaiblie, allant toujours de mal en pis. Nul ne peut ignorer le terme assigné par Moïse à la vie de l'homme [Psaume 90]. C'est pourquoi dans [son chapitre] Thalie, le père de l'Histoire [Hérodote] limite la plus longue étendue de la vie à une durée de quatre-vingts ans. Avancé en âge et rassasié de jours [1 Chroniques XXIX, 28], le fameux prophète-roi [David] se voit attribuer eu soixante-dix ans [donnée traditionnelle, non biblique]. Parmi tous les empereurs romains, grecs, et français autant qu'allemands, il s'en est trouvé seulement quatre qui atteignirent les quatre-vingt ans. Et cinq parmi les souverains-pontifes. La reine Élisabeth d'Angleterre [1533-1603], cette nouvelle Séraminis, sortant du rôle imparti à son sexe, surpassa en longévité tous ses prédécesseurs depuis Guillaume le Conquérant, et que n'en est-il pas de la gloire de son empire? Car c'est un fait: une femme a vécu aussi longtemps que David [70 ans] et régné aussi longtemps qu'Auguste [45 ans]. Les exemples qu'on trouverait de personnes plus âgées sont si extraordinairement rares qu'il sont été d'habitude rangés parmi les miracles de chaque siècle. Ainsi Épiménide de Crète fut tenu pour un prodige parce qu'il avait vécu un siècle et demi. C'est trois cents ans (au nom de Dieu et des hommes!) que, au rapport de l'histoire de Charlemagne, un chevalier Jean des Temps aurait vécu et davantage encore. Laurent des Orcades, âgé déjà de cent quarante ans partit pêcher en mer par une effroyable tempête, à ce qu'écrit Buchanan. Le vicomte de Verulam [Francis Bacon] a vu dans l'Herefordshire, lors de jeux floraux, un chœur de huit vieillards, dont les âges additionnés atteignaient huit cents ans. Est-ce qu'une nature industrieuse accorderait aux Britanniques je ne sais quel privilège favorable au grand âge? L'an 1751 enleva à l'Angleterre et à cette vie le chevalier William Barneslai, après une vie de cent vingt-six ans. Thomas Parrius aussi [†1616], ayant survécu cent trente ans, mourut au même endroit le tout dernier jour avant ces plus précisément cent vingt-neuf années. Et il n'y a pas cinq ans de cela, un ecclésiastique de Lesbury, en Northumbrie, deux ans avant de mourir (car il était alors âgé de cent douze ans), se vit repousser certaines dents et même des cheveux. Personne n'ira s'étonner que nous ayons ici aligné plus que de coutume des exemples de longévité, si l'on veut bien considérer qu'il fallait un ornement suffisamment conséquent à l'éloge funèbre d'un vénérable vieillard qui était aussi un professeur émérite d'histoire. |
Texte de l'édition de Leyde (1698) | Traduction B. G. (2006) |
JOHANNES de Temporibus, Car. Mag. stabuli præfectus, Obiit A. C. 1120. Æt. 61. Vincentius Bellovacensis, Nauclerus, &c. | JEAN des Temps, préfet de l'étable [Stallmeister] de Charlemagne, mourut l'an du Christ 1120 [sic], à l'âge de 61 ans [sic]. Vincent de Beauvais, Nauclerus, etc. |
(Tomus II, pag. 622.) |
Texte anglais | Traduction B. G. (2025) |
And here might we attest the Patriarchal World, nay, and many Persons since; who living very temperately came not much short of the Post-Diluvians themselves, counting from Abraham to this Day; and some exceeding them, who liv'd in pure Air, a constant, tho' course and simple Diet; wholsome and uncompounded Drink; that never tasted Brandy or Exotic Spirits; but us'd moderate Exercise, and observ'd good Hours: For such a one a curious Missionary tells us of in Persia; who had attain'd the Age of four hundred Years, (a full Century beyond the famous Johannes de Temporibus) and was living Anno 1636, and so may be still for ought we know. | Nous pourrions attester ici le monde des Patriarches, et même de nombreuses personnes depuis, qui, en vivant très modérément, n'étaient pas loin des post-diluviens eux-mêmes, en comptant depuis Abraham jusqu'à ce jour ; et certains les dépassaient, qui vivaient dans l'air pur, avec un régime constant, bien que simple et régulier, des boissons complètes et non composées, qui ne goûtaient jamais l'eau-de-vie ou les spiritueux exotiques, mais qui faisaient de l'exercice modéré et observaient de bonnes heures: Un missionnaire curieux nous parle d'un tel homme en Perse, qui avait atteint l'âge de quatre cents ans (un siècle de plus que le célèbre Johannes de Temporibus) et qui vivait en 1636, et qui est peut-être encore en vie, pour ce que nous en savons. |
Texte de l'édition de 1716 | Note de Bernard Gineste (2006) |
Guy Donatus remarque (1), qu'en 1223, il connut un Richard âgé de plus de 400 ans; il étoit soldat de profession, & pouvoit avoir porté les armes sous Charlemagne. […] (97-98) […] Jean, surnommé d'Estampes, Ecuyer de Charlemagne, assuroit un âge & service semblable à ceux de Richard. Il mourut sous Loüis VII. dit le Jeune, l'an 1146. | (1) Guy Donatus, déformation dans la tradition secondaire du nom d'un certain Guido Bonatti (avec un intermédiaire latin Guido Bonatus, écrit Guido Donatus), qui dans une chronique rédigée vers 1279 (Gesta imperatorum et pontificum, in M.G.H. XXIII, pp. 511-512), dit avoir vu lui-même en 1223 à Ravenne un certain chevalier Richard (Vidi Ricardum Ravenne era Christi millesima ducentesima vigesima tertia), personnage historique avéré à l'époque de l'empereur Frédéric II, aventurier qui s'était fait passer pour l'ecuyer d'Ogier, l'un des douze pairs de Charlemagne, notamment auprès de l'empereur Frédéric II. (B.G.). |
Version anglaise (1722) | Traduction B.G., 2025) |
Jean d'Estampes, Equery to Charlemain, liv'd much the same Time as Richard: He died in the Reign of Lewis the Seventh, sirnamed the Young, in the Year 1146. | Jean d'Étampes, écuyer de Charlemagne, vécut le même temps de Richard: il mourut sous le règne de Louis VII surnommé le Jeune, en l'an 1146. |
Vires plantarum (rééd. 1786) | Traduction B. G. (2006) |
§. XL. | §. XL. |
§. 360. DULCES nutriunt, PINGUES emolliunt magis, SALSAE stimulant & calefaciunt magis. DULCIA plerumque nutriunt, acria & corrosiva [p.29] ipsorum ope mitescunt, & ut plurimum utilia nobis sunt; talia sunt pleraque nostra alimenta, quae in nutritionem cedunt; & chylus si in bonum nobis cedet nutrimentum, in dulcem & lacteam redigi debet emulsionem. | §. 360. Celles qui sont douces nourrissent, celles qui sont grasses amollissent davantages, celles qui sont salées stimulent et réchauffent davantage. Les élément doux d'une manière générale adoucissent les éléments âcres et corrosifs par un effet de leur vertu et nous sont des plus utiles; tels sont la plupart de nos aliments qui nous servent à nous nourrir; et le suc [digestif], quand il nous sert de bon nutriment, doit être transformé en émulsion douce et laiteuse. |
Dulcia Veneri etiam amica & communiter ad longaevitatem conferre creduntur. | Les éléments doux sont bons pour la sexualité et sont considérés en général comme conférant la longévité. |
JOHANNES de TEMPORIBUS & DEMOCRITUS aetatem suam melle et mulso protraxisse annos dicuntur. | On dit que Jean des Temps et Démocrite ont prolongé leur vie avec du miel et du vin miellé. |
OL. RUDBECKIUS filius octogenarius, quotidie dulcibus & saccharatis libenter vescebatur. | Olivier Rudbeck fils [Olaus/Olof Olai Rudbeck le jeune, d'Upsala, médecin, explorateur et naturaliste suédois, 1660-1740], octogénaire, se nourrissait abondamment de mets doux et sucrés. |
DANIEL MORAEUS Senator Fahlunensis 80 natus annos, omni suo tempore Passulas, Caricas, Saccharum, Syrupos, aliaque dulcia libenter assumsit. | Daniel Moraeus [1677-1743], sénateur de Fahlun [Suède], âgé de 80 ans, a consommé toute sa vie des raisins secs, des figues sèches, du sucre, des sirops et d'autres douceurs. |
DULCES plantae sunt Cerealia, uti Avena, Secale, Hordeum, Triticum, Zea, Panicum, Milium, Pisum, Helxine, Faba, Phaseolus, Passulae, Ficus, Dactyli, Ceratonia, &c. | Les plantes douces sont les céréales telles que l'avoine, le seigle, l'orge, le froment, le blé amidonnier, le panic (sorte de millet), le millet, le pois, la pariétaire, la fève, la dolique [légumineuse], les raisins de Corinthe, les figues, la datte, le caroubier, etc. |
Inscription de Balsamo (édition de Seletti 1877) | Traduction B.G. (2003) |
IOANNES D'ESTAMPES - CAROLI MAGNI - MAGNUS SCUTIFER, ET EX XII. S. R. IMP. COMITIBUS. - DE REGE CORDUBAE SINGULARI CERTAMINE TRIUMPHAVIT - ET STAMPENSE GENUS IN GALLIA NOBILISSIMUM - APUD INSUBRES PROPAGAVIT -ANNO DCCC. | Jean d'Estampes, grand écuyer de Charlemagne, et l'un des douze comtes du Saint Empire Romain, triompha du roi de Cordoue en combat singulier, et propagea chez les Insubres (c'est-à-dire dans le Milanais) la race d'Étampes, très noble en Gaule, en l'an 800. |
Autrement transcrit, avec résolution des abréviations: Johannes d'Estampes, Caroli Magni magnus scutifer, et ex duodecim Sancti Romani Imperii comitibus, de rege Cordubae singulari certamine triumphavit, et Stampense genus, in Gallia nobilissimum, apud Insubres propagavit anno DCCC. |
Texte original | Traduction par B.G. (2025) |
Dritter Hirten - oder Zirkelbrief: Über den Egoismus | Troisième lettre du berger - ou lettre circulaire: Sur l'égoïsme |
Teuerster Freund! | Cher ami! |
Die sonderbarsten Translokationen nehm' ich vorzüglich mit dreierlei Menschen vor, mit Brobdignaks, mit Lilliputern und mit mir als dem Gulliver: ich versetze sie wie eine algebraische Größe mit allen Zeiten und Räumen und sehe dann nach, ob ich sie noch kenne. So hab' ich z. B. den königlichen Geist Friedrichs zu vielerlei gemacht, um ihn zu prüfen, zum Papst - zum Großherrn - zu einem spanischen Ephorus - dann zu einem geistlichen - ich vozierte ihn darauf zum Rektor eines Lyzeums und dann von Ragusa - promovierte ihn zu einem Kirchenvater des ersten Jahrhunderts - zum Bakkalaureus des 16ten - zum Mitarbeiter an der Literaturzeitung - - oft nahm ich ihm diese Kenntnisse bis auf wenige wieder weg und setzt' ihn in mehrerern naturalibus als pontificalibus auf die Zahnküste aus, in ein arabisches Zelt, in eine Sennenhütte und gab ihm ein Alphorn…. Ich kann nicht beschreiben, welcher Anstrengung des Blicks ich nötig hatte, um diesen Visthnu in seinen zehn Menschwerdungen immer zu verfolgen und zu enthülsen. Leichter schuppte und lederte ich den abscheulichen zweiten Philipp von Spanien ab, wenn er vor mir die ganze Theatergarderobe meiner Phantasie hatte anprobieren müssen, wenn dieses Lithopädium der Zeit, dieser geistige Zoolith vor mir ein Konsistorialrat - ein valet de fantaisie - ein Mautoffiziant - ein Sadduzäer - ein Werboffizier - ein erster Christ - ein Arkadier - ein Berliner - ein Höfer gewesen war. - | Je fais les translations les plus étranges avec trois sortes de personnes, avec des Brobdignaks, avec des Lilliputiens et avec moi en tant que Gulliver : je les déplace comme une grandeur algébrique avec tous les temps et tous les espaces et je vérifie ensuite si je les connais encore. C'est ainsi que j'ai par ex. l'esprit royal de Frédéric, je l'ai rendu multiple, pour le mettre à l'épreuve, Je l'ai fait pape - grand seigneur - éphore espagnol - puis ecclésiastique - je l'ai ensuite nommé recteur d'un lycée, puis de Raguse - je l'ai promu père de l'Église du premier siècle - baccalauréat du XVIe siècle - collaborateur à la Revue littéraire - - je lui ai souvent retiré ces connaissances, à quelques-unes près, et je l'ai exposé en plusieurs naturalibus comme pontificalibus sur la côte des Dents, dans une tente arabe, dans une cabane de berger, et je lui ai donné un cor des Alpes. … Je ne peux pas décrire l'effort du regard qu'il me fallait pour suivre et dévoiler ce Visthnu dans ses dix humanités. J'écaillais et je cuirais plus facilement l'abominable second Philippe d'Espagne lorsqu'il avait dû essayer devant moi toute la garde-robe théâtrale de mon imagination, lorsque ce lithopède du temps, ce zoolite spirituel avait été devant moi un conseiller consistorial - un valet de fantaisie - un officier de péage - un sadducéen - un officier de Werb - un premier chrétien - un arcadien - un berlinois - un courtisan. - |
Noch lehrreicher ists, wenn man mit sich selber diese Völker- und Seelenwanderung versucht. Ich erwählte mich in Frankfurt - um zu sehen, wie ich mich dabei betrüge - zum römischen Kaiser - zu einem Apostel - zu einem alten Ritter - zum Gouverneur der Bastille - zu einem von den neun Aussätzigen - zu einem Buschneger - Minoriten - Hohenpriester - Kardinal - und Pariser Stutzer; ich lebte nicht nur wie der ewige Jude oder St. Germain zu Christi oder nachher zu des Antichrists Zeiten und im 12. Säkulum mit dem Johannes de temporibus (dem Wagenmeister Karls des Großen), der 361 Jahre alt wurde, sondern schon vorher in Nebukadnezars und Apis' Zeiten. Was war die Folge? - Demut und Gerechtigkeit. Ich nenne dieses die höhere vergleichende Anatomie, wodurch man, wie ein Daubenton, viele beschämende Ähnlichkeiten ausgräbt: man errät sich und den andern, aber auf umgekehrte Kosten, man hält dann die waagrechte Entfernung auf derselben Sprosse der Wesenleiter für keine steilrechte von mehrerem Sprossen und denkt dann ganz billig - wenigstens gegen Tote, Freunde und Fremde. […] | Il est encore plus instructif d'essayer avec soi-même cette migration des peuples et des âmes. Je me suis choisi à Francfort - pour voir comment je me trompais - empereur romain - apôtre - vieux chevalier - gouverneur de la Bastille - lépreux - bushman - minorite - grand prêtre - cardinal - et godillot parisien ; je n'ai pas seulement vécu comme le Juif éternel ou St. Germain au temps du Christ ou plus tard au temps de l'Antéchrist et au 12ème siècle avec Jean de Temporis (le maître de char de Charlemagne) qui vécut 361 ans, mais déjà avant au temps de Nabuchodonosor et d'Apis. Quelle en a été la conséquence ? - L'humilité et la justice. J'appelle cela l'anatomie comparative supérieure, par laquelle on déterre, comme un son de daubette, beaucoup de similitudes honteuses : on se devine soi-même et l'autre, mais à des coûts inverses, on considère alors la distance horizontale sur le même barreau de l'échelle des êtres comme n'étant pas une distance verticale de plusieurs barreaux et on pense alors tout à fait à bon compte - du moins contre les morts, les amis et les étrangers. […] |
Ich bin, Bester, Ihr | Je suis, mon cher, tout à vous. |
J. P. […] | J. P. […] |
Le roman de Baudouin. Le récit de Ph. Mouskes est circonstancié et contient des détails qu'on ne trouve pas ailleurs. La bataille de Bouvines est aussi racontée dans le Livre de Baudouin, longuement analysé par l'auteur des Mélanges tirés d'une grande bibliothèque; mais il faut lire cette relation avec défiance, puisqu'on y reconnait quantité de faits évidemment faux. Par exemple Hugues de Boves, un des adversaires (LXXXI) de Philippe-Auguste, est supposé venir à son secours. Ce n'est pas tout, on en fait un vieillard aveugle, âgé de 140 ans, qui avait servi sous Godefroid de Bouillon et gardait encore la bonne épée que Godefroid avait enlevée à un soudan sarrasin. | |
Et ainssi come les barons devisoient d'icelle besoingne, le roy regarda entour luy et vit venir une litière que l'en menoit à IIII gros chevaulx, où il y avoit grant nombre de gens d'armes qui la conduisoient. “Or va de mal en pis, se dist le roy Phelippe, car je croy à mon escient, que c'est ung de mes filz que l'on m'apporte: à présent j'ay grant paour que Ferrant n'ait France.” Le roy alla hastivement à l'encontre de la litière et demanda qui c'estoit que l'on menoit dedens celle litière. “Sire, c'est ung chevalier, c'est Hue de Bonnes (Boves), qui est moult hardi chevalier et qui a bien d'aige sept vingt ans, et tant que par vieillesse il a perdu la veue; mais pour l'amour de vous, il est icy voulu venir: car il a tousjours bien loyallement servi vous et vos prédécesseurs. Mais non pour tant qu'il soit aveugle, il vous présente V cens chevaliers armés, pour vous aider contre voz ennemis.” | |
Hugues de Boves, dont on allonge ici l'existence d'une manière si exagérée, devient, sous la plume du romancier, une espèce de Jean des Temps. Dinterus, dans sa Chronique de Brabant, écrite au XVe siècle, dit que ce dernier avait été écuyer de Charlemagne, qu'il vécut 341 ans et mourut en 1139 (1). Mais avant lui Guillaume de Nangis avait donné cette longévité pour certaine (2). De Longeville-Harcourt, (LXXXII) auteur de l'Histoire des personnes qui out vécu plusieurs siècles et qui ont rajeuni (3), recule la mort de Jean des Temps jusqu'à l'année 1146 et lui donne pour contemporain un certain Richard , qui avait été soldat sous Charlemagne et que Guy Donatus prétendait avoir connu en 1223. Voilà comme l'histoire et le roman se touchent par des points infinis. | Notes — (1) MS de la bibl. de Bourgogne, en 8 vol. in-fol. mod., I, 664; Nouv. archiv. histor. des Pays-Bas, VI, 139. — (2) Vita Philippi, Du Chesne, V, 5 1 6; Hist. litt. de la France, XVI, 133. “Les journaux de St.-Pétersbourg, en 1834, rapportaient un exemple de longévité prodigieux. À la fin d'octobre, racontaient-ils, il était mort a Polosk, sur les frontières de la Lithuanie, un homme qui avait atteint sa 188e année. II avait vu sept monarques sur le trône de Russie, et se rappelait fort bien encore la mort de Gustave-Adolphe, qu'il avait servi comme soldat, durant la guerre de trente ans. À l'âge de 93 ans, il avait épousé sa troisième femme, avec laquelle il fut uni pendant un demi-siècle, et qui le rendit père de plusieurs enfans. — (3) Paris, 1716, p. 98. |
Édition de 1861 | Traduction B. G. (2025) |
Aemilius de reb. gestis Franc. L. V. spricht so: “Sub hoc tempus obiit Johannes a Stampis, quem per errorem a temporibus multi vocarunt ob diuturnam vitam: plus quam 360 annis vixisse eum faciunt, sub Carolo M. meruisse, sub Ludovico Crasso filio decessisse, cum interea nulla in tot motibus mentio Ejus facta fuerit. Nec lateri ignorarique potuisset Ejus virtus, quae specimen sui jam inde a clarissimi Imperatoris aetate praebuisset, libentius crediderim eum militasse sub Carolo Simplici Nepote, qui ad Carolum M. originem suam retulit, nec 360 sed 160 circiter annorum vitam ei contigisse, id quod etiam consenescente mundo magnum et memorabile sit” Vincent. Bellov. Spec. Hist. s. a. 1128. erzählt dagegen die Sache ganz in gutem Glauben an ihre Wahrheit, s. Allg. Chronik, Bd. IV. p. 337. | Paul Émile, dans son Histoire des Francs s'exprime ainsi: “En ce temps-là mourut Jean d'Étampes, que beaucoup ont appelé par erreur Jean des Temps à cause de sa longévité: ils le présentent comme ayant vécu 360 ans, ayant servi sous Charlemagne et mort sous Louis le Gros [Louis VII roi de 1108 à 1137 (B.G.)], alors qu'entretemps on ne trouve aucune mention de ce qu'il aurait fait au milieu de tant d'événements, et que n'aurait pu passer inaperçue ni resté ignorée une vaillance dont il aurait donné des preuves depuis l'époque d'un si célèbre empereur. Cf. Vincent de Beauvais, Speculum Historiale, à l'année 1128. Je penserais volontiers qu'il fut chevalier sous Charles le Simple, son petit-fils, qui descendait de Charlemagne [Charles III le Simple, roi de 893 à 923, en fait arrière-arrière-petit-fils de Charlemagne (B.G.)]; et qu'il n'eut pas une existence de 360 ans mais de 160 environ, ce qui est encore grandiose et remarquable, en cet âge avancé du monde.” |
Section 5 | Section 5 |
Others consider this term to be general, according to the generality of the (106) age; of this opinion was R. Akiba (Jebamot, c. 6), R. David Kimchi (on Kings, c. 6), and Rashi (on Eccles. c. 3), who says, עת למות קצב שנות של כל דור ודור ועת ללדת לתשעה חדשים(the hour to die is the number of years according to the respective age; the lime to bear, or to be bom, is the nine months.) To understand which, it is necessary to observe, that the length of our lives has varied at different periods: at the beginning of the world men lived to the age of 700, 800, and even 900 years, and as Josephus (Antiquities, b. 1), Augustin (Civ. Dei, b. 15), and Lactantius (De Divin. Insti.), rightly observe, not short or incomplete years, but of twelve full months. After some time, God reduced it to 120, as He said, “My spirit shall not endure in man for ever in that he is flesh, and his days shall be 120 years” (Gen. 6:3) and although there are other explanations given to this verse, Don Isaac Abarbanel and R. Eliezer Askenasi properly observe, they are all foreign to the sacred text: from their wickedness, God reduced the life of man to this term, deeming it necessary to shorten their existence, so as by an earlier death to awaken their consciences, and thus, by reducing the period of the pleasures of life, there was a shorter time and less opportunity for sinning: and although, after the deluge, Shem lived 500 years, Arphaxad and Eber upwards of 400, Abraham nearly 200, Don Isaac Abarbanel answers to this, that to go from one extreme to another, it is necessary to pass through the intermediate degrees; and therefore the Divine decree must be understood, that He would gradually reduce the duration of life until arrested at 120, which many even did not attain from their evil conduct; but Moses lived to that full age: therefore the Talmudists say, on the word בנשם “in that,” of this verse, that it signifies “Moses,” as numerically, both are the same, 345. Although, subsequently, in David's lime, God again diminished the period of existence; therefore the ancient Sages in the Guemara (Jebamot, c. 4), say, that in the time of David, life was again reduced, as it is written, “the days of our years are 70.” Tosaphot asserts, that although from the title this Psalm is at tributed to Moses, it is not the legislator, but some other prophet of that name, or that David sang it in the name of Moses, although it may easily be supposed to have been written by him, and that with prophetic spirit he predicted the shortness of life in future ages. Let it be how it may, experience proves that existence has been long ago abbreviated, and the person would err who supposed such alteration to arise from adifference in the substance of food,from the aspect of the celestial bodies, from the atmosphere, and from being more learned, or from a knowledge of the medicinal virtues; because, as already stated, the sole reason was the Divine dispensation, in which Chrysostom and various other authors agree. | D'autres considèrent ce terme [terme de la vie, que David demande à Dieu de lui faire connaître] comme général, selon le cas général de l'époque; (106) c'est l'opinion de Rabbi Akiba (Jebamot, c. 6), de Rabbi David Kimchi (sur les Rois, ch. 6), et de Rashi (sur Ecclésiastique, ch. 3), qui dit: עת למות קצב שנות של כל דור ודור ועת ללדת לתשעה חדשים (l'heure de mourir est le taux d'années correspondant à chaque époque; le temps d'enfanter, ou d'être accouché, est de neuf mois). Pour comprendre cela, il faut observer que la durée de notre vie a varié à différentes époques: au début du monde, les hommes vivaient jusqu'à l'âge de 700, 800 et même 900 ans, et comme l'observent à juste titre Josèphe (Antiquités, livre 1), Augustin (Cité de Dieu, livre 15) et Lactance (De Divinis Institutibus), il ne s'agissait pas d'années courtes ou incomplètes, mais de douze mois pleins. Après un certain temps, Dieu réduisit ce nombre à 120, comme il l'a dit: “Mon esprit ne durera pas toujours dans l'homme, car il est chair, et ses jours seront de 120 ans” (Genèse/ 6, 3) et bien que d'autres explications soient données à ce verset, Don Isaac Abarbanel et Rabbi Eliezer Askenasi, elles sont toutes étrangères au texte sacré: à cause de leur méchanceté, Dieu a réduit la vie de l'homme à cette durée, estimant qu'il était nécessaire d'abréger leur existence, afin de réveiller leur conscience par une mort plus précoce; ainsi, en réduisant la période des plaisirs de la vie, il y avait moins de temps et moins d'occasions de pécher: Et bien qu'après le déluge, Sem ait vécu 500 ans, Arphaxad et Eber plus de 400 ans, Abraham près de 200 ans, Don Isaac Abarbanel répond à cela que pour passer d'un extrême à l'autre, il faut passer par les degrés intermédiaires; et donc le décret divin doit être compris comme réduisant graduellement la durée de la vie jusqu'à l'arrêt à 120 ans, que beaucoup n'ont même pas atteint à cause de leur mauvaise conduite; mais Moïse a vécu jusqu'à cet âge complet: C'est pourquoi les Talmudistes disent, à propos du mot בנשם “en cela” de ce verset, qu'il signifie “Moïse”, car numériquement, les deux sont identiques, 345. Bien que, par la suite, au temps de David, Dieu ait de nouveau réduit la durée de l'existence, les anciens Sages, dans la Guemara (Jebamot, ch. 4), disent qu'au temps de David, la vie a été de nouveau réduite, comme il est écrit: “Les jours de nos années sont 70.” Tosaphot affirme que, bien que ce psaume soit attribué à Moïse par son titre, il ne s'agit pas du législateur, mais d'un autre prophète de ce nom, ou que David l'a chanté au nom de Moïse, bien que l'on puisse facilement supposer qu'il a été écrit par lui, et qu'il a prédit, avec un esprit prophétique, la brièveté de la vie dans les âges futurs. Quoi qu'il en soit, l'expérience prouve que l'existence a été abrégée depuis longtemps, et celui qui supposerait que cette altération provient d'une différence dans la substance des aliments, de l'aspect des corps célestes, de l'atmosphère, d'une plus grande érudition ou de la connaissance des vertus médicinales, commettrait une erreur; car, comme nous l'avons déjà dit, la seule raison en est la dispensation divine, sur laquelle Chrysostome et plusieurs autres auteurs sont d'accord. |
And what Pliny, Epimenides-Gnossius, Pictorius, and Dandon relate instances of longevity is not opposed to it; for Pliny boasts of being acquainted with the Arcadian reckoning of three months to the year (Pliny, b. 11, c. 30). It is true, others relate some extraordinary cases of longevity; in Otento an author recounts that an old man of upwards of 100 years changed his teeth, skin, hair, and nails, by which he appeared renovated and lived as long again; a similar thing is told of a person in the Rioja; the same is recorded of an old abbess by the same author. In France (Paulus Emilius, b. 45. De Rebus Franc.) a man named John d'Etampes, commonly called John du Temps, is said to have lived upwards of 300 years (Vide Note, p. 38.). Cardanus (Cardanus de Subtelit) relates the same of a Turk and an Indian who is supposed to have lived 340 (Castaneda, b. 8; Masegus Hist., b. 11), although nature sometimes performs extraordinary things, I do not credit this as it is stated only by profane authorities, neither do I believe that the (107) Seres usually lived more than double our age, or near 200 years, as Strabo asserts, nor the Ethiopians according to Solinus (B. 15, c. 3), but I do not therefore doubt that some climates tend to lengthen or shorten life more than others, and if that difference is more or less the cause of longevity, the maximum of 120 is the most ancient, and the longest known in the present time; Berosus reduced it to 110, the Egyptians to 100, Solon to 84, and David to 70, all which reduces itself to what Trebellius says (In Vitae Claud. Imp.), that to mathematicians 120 years is the longest it can be extended to; from all which it is concluded, that this term of life is to be understood according to the alteration and change of ages, which in some is more, in others less, as above stated. | Et ce que Pline, Épiménide de Cnossos, Pictorius et Dandon racontent des cas de longévité ne s'y oppose pas, car Pline se vante de connaître le calcul arcadien de trois mois pour l'année (Pline, livre 11, ch. 30). Il est vrai que d'autres racontent des cas extraordinaires de longévité; à Otento, un auteur raconte qu'un vieil homme de plus de 100 ans a changé ses dents, sa peau, ses cheveux et ses ongles, ce qui lui a permis de se refaire une santé et de revivre aussi longtemps; on raconte la même chose d'une personne de la Rioja; le même auteur raconte la même chose d'une vieille abbesse. En France (Paulus Emilius, livre 45. De Rebus Franc.), un homme nommé Jean d'Étampes, communément appelé Jean du Temps, aurait vécu plus de 300 ans (Voyeze Note, p. 38.). Cardanus (Cardanus de Subtelit) raconte la même chose à propos d'un Turc et d'un Indien qui auraient vécu 340 ans (Castaneda, livre 8; Masegus Hist., livre 11), bien que la nature fasse parfois des choses extraordinaires, je n'y crois pas, car cela n'est dit que par des autorités profanes, et je ne crois pas non plus que les (107) Sérès [Chinois] aient vécu habituellement plus du double de notre âge, ou près de 200 ans, comme l'affirme Strabon, ni les Éthiopiens, selon Solinus (livre 15, chapitre 3), mais je ne doute pas que certains climats tendent à allonger ou à raccourcir la vie plus que d'autres, et si cette différence est plus ou moins la cause de la longévité, le maximum de 120 est le plus ancien, et le plus long connu à l'heure actuelle; Bérose l'a réduit à 110, les Égyptiens à 100, Solon à 84, et David à 70, tout ce qui se réduit à ce que Trebellius dit (dans la Vie de l'empereur Claude), que pour les mathématiciens, 120 ans est la durée la plus longue qu'il soit possible d'atteindre; d'où l'on conclut que ce terme de vie doit être compris en fonction de l'altération et du changement des âges, qui sont plus nombreux chez les uns et moins nombreux chez les autres, comme nous l'avons dit plus haut. |
Note 4 de la page 146 (1859) | Traduction B.G. (2006) |
Asinius Pollio, Augusti familiaris, centum annos superavit (4): vir ingentis luxus, eloquens, literarum cultor; attamen vehemens, superbus, crudelis, et tanquam sibi natus. | Asinius Pollion, l'ami d'Auguste, dépassa les 100 ans (4). C'était un homme vivant dans un luxe inouï, éloquent et attaché aux belles-lettres, et cependant violent, fier, cruel et égoïste |
(4) Bacon manifestly confounds Asinius Polio with Pollio Romilius, of whom Pliny says, “Centesimum annum excedentem eum D. Augustus hospes interrogavit quânam maxime ratione vigorem illum animi corporisque custodisset. At ille respondit, Intus mulso, foris oleo.” — Pliny, xxii. 53. Asinius Pollio died, according to Eusebius, Chron. Olymp. 195, at the age of eighty. Moreri makes him eighty-four. | (4) Bacon confond manifestement Asinius Polion avec Pollion Romilius, de qui Pline dit: “Le divin Auguste son hôte lui demanda surtout par quelle méthode il avait conservé cette vigueur physique et morale, et celui-ci lui répondit: avec du miel dedans, et de l'huile dehors.” (Pline, Histoire Naturelle XXII, 53). Asinius Pollion mourut, selon Eusèbe (Chronique, 195e olympiade), à l'âge de quatre-vingts ans. Louis Moréri lui donne quatre-vingt-quatre ans. |
Note 6 de la page 146 (1859) | Traduction B.G. (2006) |
Joannes de Temporibus, ex omnibus posterioribus sæculis, traditione quadam et opinione vulgari, usque ad miraculum, vel potius usque ad fabulam, longævus perhibetur, annorum supra trecentos (6): natione fuit Francus, militavit autem sub Carolo Magno. | Jean des Temps, de tous siècles les plus récents, selon une certaine tradition et selon l'opinion commune, passe pour avoir joui d'une longévité qui tient du miracle, ou plutôt de la légende: plus de trois cents ans (6). Il fut Français de naissance et servit sous Charlemagne. |
(6) His name is said to have been Jean de Stampis (D'Estampes), and the change to Johannes de Temporibus is connected with his mythical longevity. See Zuingerus, Theatrum vitæ humanæ, or Fulgosius, Factorum dictorumque memorabilium, p. 298. | (6) On dit que son nom était Jean de Stampis (D'Estampes), et on lie ce changement de nom à sa longévité légendaire. Voyez [Theodor] Zwinger, Theatrum vitæ humanæ, ou Fulgosius [Battista Fregoso], Factorum dictorumque memorabilium, p. 298. |
Note 3 de la page 177 (1859) | Traduction B.G. (2006) |
Joannes de Temporibus, qui dicitur ad trecentesimum annum ætatem produxisse, interrogatus quomodo se conservasset, respondisse fertur, Extra, oleo; intus, melle (2). | Jean des Temps, dont on dit qu'il a prolongé sa vie jusqu'à trois cents ans, comme on lui avait demandé comment il s'était ainsi conservé, répondit à ce qu'on rapporte: Dehors, par l'huile, et dedans par le miel (2). |
(2) This answer was originally given to Democritus (see the Geoponica, XV, 7. 6); afterward, with a slight modification, to Pollio Romilius. (see suprà, note p. 146.) I do not know by whom it is ascribed to the mythical Johannes de Temporibus. | (2) Cette réponse était attribuée au départ à Démocrite (voyez les Geoponica, XV, 7. 6); et après cela, avec une légère modification, à Pollion Romilius (voyez supra, note p. 146). Je ne sais pas par qui il est attribué au mythique Johannes de temporibus. |
Inscription de Balsamo (édition de Seletti 1877) | Traduction B.G. (2003) |
IOANNES D'ESTAMPES - CAROLI MAGNI - MAGNUS SCUTIFER, ET EX XII. S. R. IMP. COMITIBUS. - DE REGE CORDUBAE SINGULARI CERTAMINE TRIUMPHAVIT - ET STAMPENSE GENUS IN GALLIA NOBILISSIMUM - APUD INSUBRES PROPAGAVIT -ANNO DCCC. | Jean d'Estampes, grand écuyer de Charlemagne, et l'un des douze comtes du Saint Empire Romain, triompha du roi de Cordoue en combat singulier, et propagea chez les Insubres (c'est-à-dire dans le Milanais) la race d'Étampes, très noble en Gaule, en l'an 800. |
Autrement transcrit, avec résolution des abréviations: Johannes d'Estampes, Caroli Magni magnus scutifer, et ex duodecim Sancti Romani Imperii comitibus, de rege Cordubae singulari certamine triumphavit, et Stampense genus, in Gallia nobilissimum, apud Insubres propagavit anno DCCC. |
Texte | Traduction B.G. (2025) |
Juan de los Tiempos. | |
(Jahrb. für roman. u. engl. Litter. IV, 238.) | |
Valentin Schmidt in seinem posthumen Buch über die Schauspiele Calderon's (Elberfeld 1857) S. 152 scheint Juan de los Tiempos fur dieselbe Person gehalten zu haben wie Jean Espera en Dios (d. i. der ewige Jude), über welchen s. Ferd. Wolf, Beiträge zur Gesch. der spanischen Volkspoesie (in den Sitzungsberichten der Wiener Akad. 1859 S. 187). Dies ist jedoch ein Irrthnm; denn jener Johann ist der bekannte Jean des Temps, in Betreff dessen Reiffenberg zu Phil. Mouskes vol. II p. LXXXI f. folgendes anführt: “Dinterus, dans sa chronique [p.108] de Brabant écrite au XVe siècle dit que ce dernier [d. i. Jean des Temps] avait été écuyer de Charlemagne, qu'il vécut 341 ans et mourut en 1139 (Ms. de la bibl. de Bourgogne en 5 vol. in-fol. mod., I, 664; Nouv. archiv. histor. des Pays-Bas VI, 139). Mais avant lui Guillaume de Nangis avait donné cette longévité pour certaine (Vita Philippi. Du Chesne V, 516; Hist. litt. de la France XVI, 133). De Longeville Harcourt, auteur de l'Histoire des personnes qui ont vécu plusieurs siècles et qui ont rajeuni (Paris 1716, p. 98), recule la mort de Jean des Temps jusqu'à l'année 1146 et lui donne pour contemporain un certain Richard qui avait été soldat sous Charlemagne et que Guy Donatus prétendait avoir connu en 1223.” S. auch J. Wolf, NS. S. 168 no. 113 (wo er Jan van den Tyden heisst) und Grässe, Der Tannhäuser und der Ewige Jude 2. Aufl. (Dresden 1861) S. 80 u. 117. Wenn er bei dem letztern den Beinamen d'Estampes und a Stampis führt, so ist derselbe offenbar aus dem andern des Temps entstanden. — Der Aehnlichkeit wegen will ich hier noch folgende zwei Sagen aus Albertus Trium Fontium anführen: “A partibus Hispanorum venit hoc tempore quidam senio valde confectus miles grandaevus qui se dicebat esse Ogerum de Dacia [Ogier le Danois], de quo legitur in Historia Caroli Magni et quod mater ejus fuit filia Theodorici de Ardenna. Hic itaque obiit hoc anno in Diocesi Nivernensi, villa quae ad sanctum Patritium dicitur, prout illic tam clerici quaro laici qui viderunt, postea retulerunt.” (Ad annum 1211; vol. II p. 456 ed. Leibn.); und ferner: “In Apulia mortuus est hoc tempore quidam senex dierum, qui dicebat se fuisse armigerum Rolandi Theodoricum, qui dux Guidonius dictus est, et Imperator ab eo multa didicit.” (Ad ann. 1234, ibid. p. 553.) | Valentin Schmidt, dans son livre posthume sur les pièces de théâtre de Calderon (Elberfeld 1857), p. 152, semble avoir pris Juan de los Tiempos pour le même personnage que Jean Espera en Dios (c'est-à-dire le Juif Errant), sur lequel voir Ferd. Wolf, Beiträge zur Gesch. der spanischen Volkspoesie [Contributions à l'histoire de la poésie populaire espagnole] (dans les Sitzungsberichten der Wiener Akad. [Procès-verbaux de l'Académie de Vienne] 1859 p. 187). Mais c'est une erreur; car ce Johann est le fameux Jean des Temps, au sujet duquel Reiffenberg a écrit dans son édition de Philippe Mouskes vol. II, p. LXXXI et suivante; il cite ce qui suit: “Dinterus, dans sa chronique [p.108] de Brabant écrite au XVe siècle dit que ce dernier [c.-à-d. Jean des Temps] avait été écuyer de Charlemagne, qu'il vécut 341 ans et mourut en 1139 (Ms. de la bibl. de Bourgogne en 5 vol. in-fol. mod., I, 664 ; Nouv. archiv. histor. des Pays-Bas VI, 139). Mais avant lui Guillaume de Nangis avait donné cette longevité pour certaine (Vita Philippi. Du Chesne V, 516; Hist. litt. de la France XVI, 133). De Longeville Harcourt, auteur de l'Histoire des personnes qui ont vécu plusieurs siècles et qui ont rajeuni (Paris 1716, p. 98), recule la mort de Jean des Temps jusqu'à l'année 1146 et lui donne pour contemporain un certain Richard qui avait été soldat sous Charlemagne et que Guy Donatus prétendait avoir connu en 1223”. Voir aussi J. Wolf, NS. p. 168 no. 113 (où il s'appelle Jan van den Tyden) et Grässe, Der Tannhäuser und der Ewige Jude [Tannhaüser et le Juif Errant] 2ème édition (Dresde 1861) p. 80 et 117. S'il porte pour ce dernier le surnom d'Estampes et a Stampis, celui-ci est manifestement issu de l'autre, des Temps. - “A partibus Hispanorum venit hoc tempore quidam senio valde confectus miles grandaevus qui se dicebat esse Ogerum de Dacia [Ogier le Danois], de quo legitur in Historia Caroli Magni et quod mater ejus fuit filia Theodorici de Ardenna. Hic itaque obiit hoc anno in Diocesi Nivernensi, villa quae ad sanctum Patritium dicitur, prout illic tam clerici quam laici qui viderunt, postea retulerunt.” [Il vint d'Espagne en ce temps-là un certain chevalier très âgé marqué par la vieillesse qui disait être Oger le Danois dont on trouve mention dans l'histoire de Charlemagne, et que sa mère avait été la fille de Thierry d'Ardenne. Il mourut donc cette année-là au diocèse de Nevers dans le village appelé Saint-Patrice, à ce que rapportèrent plus tard en ce lieu ceux qui l'avaient vu, tant clercs que laïcs.]. (Ad annum 1211 [sous l'année 1211]; vol. II p. 456 ed. Leibn.); et encore: “In Apulia mortuus est hoc tempore quidam senex dierum, qui dicebat se fuisse armigerum Rolandi Theodoricum, qui dux Guidonius dictus est, et Imperator ab eo multa didicit.” [“En Apulie mourut en ce temps-là un vieillard chargé d'années qui disait avoir été Thierry l'écuyer de Roland, et l'Empereur apprit beaucoup de choses de cet homme-là.”] (Ad ann. 1234 [sous l'année 1234], ibid. p. 553.) |
Folk-etymology (1882) | Traduction de B.G (2025) |
Temps, John du, the name commonly given to a veteran who is said to have died in France in 1128 upwards of 300 years old, is a natural perversion of his real name John d'Etampes or d'Estampes (The Conciliator of Manasseh Ben Israel, ii. 106, ed. Lindo). | Temps (Jean du), nom communément donné à un ancien combattant dont il est dit qu'il mourut en 1128 âgé de plus de 300 ans, constitue une corruption naturelle de son nom réel, Jean d'Étampes ou d'Estampes (The Conciliator of Manasseh Ben Israel, tome 2, p. 106, éd. Lindo). |
Johannes de Temporibus, John of the Times (so called for the sundrie times or ages he lived) was Shield-Knave unto the Emperour Charles the Great. — J. Weever, Funerall Monuments, p. 595, 1631. | Johannes de Temporibus, Jean des Temps (ainsi appelé à cause des diverses époques ou périodes qu'il a vécues) était un écuyer sous l'empereur Charlemagne. |
Notes et queries (1883) | Traduction de B.G, 2025 |
Johannes de temporibus | Johannes de temporibus |
“That is to say: John of the Times, who was so called for the sundry times or ages he lived, was shield-knave to the Emperor Charles the Great, by whom he was knighted.” He is said to have been born in Germany, lived till the ninth year of the reign of •Conrad, and died at the age of 361 years. I take it for granted, in spite of patriarchal precedents, that the whole thing is a myth, but should be glad to find any further references, other than those given in a book published in the reign of James I. | “Ceci est à dire: Jean des Temps, qui est ainsi appelé à cause de variété des époques ou périodes qu'il a vécues, était porte-écu de l'empereur Charlemagne, par qui il avait été fait chevalier.” On dit qu'il était né en Allemagne, qu'il vécut jusqu'à la neuvième année du règne de Conrad, et qu'il mourut à l'âge de 361 ans. Je tiens pour acquis, en dépit du précédent des Patriarches, que toute cette affaire est un mythe, mais je serais heureux de trouver quelques autres références, autres que celle qui est donnée dans un ouvrage publié sous le règne de Jacques Ier [1603-1625. Il s'agit visiblement de Richard Verstegan, A Restitution of decayed intelligence, publié en 1605 (B.G., 2025)]. |
Richard Edgcumbe | Richard Edgcumbe |
Johannes de temporibus (6th S. vii. 289). | Jean d'Étampes (6e série, tome 7, p. 289) |
Capgrave, in his Chronicle, under the year 1138, mentions this worthy: — | John Capgrave, dans sa Chronique, à l'année 1138, fait cette remarque notable: |
“In his dayes [Conrad II.] deied a knyte, they cleped him Jon of the Tymes, whech lyved, as thei sey, ccc yere lxi; for he was a werrioure in the tyme of Gret Charles.”— P. 135. | “De son temps (de Conrad II) mourut un chevalier qu'on appelait Jean des Temps, qui avait vécu à ce qu'on dit 361 ans: car il avait été un combattant à l'époque de Charlemagne”. — p.135. |
The Eulogium Historiarum tells us that “Hoc anno [1148] quidam Johannes qui fuit Armiger Karoli Magni obiit, a quo Karolo fluxerunt anni CCCLXI” (vol. i. p. 386). I think I have met with notices of this old man in other chronicles. The legend is most probably of foreign origin. | L'Eulogium Historiarum nous dit que: “Cette année-là (1148) mourut un certain Jean qui avait été écuyer de Charlemagne, depuis lequel Charles s'étaient écoulé 361 ans. |
Edward Peacock. Bottesford Manor, Brigg. | Edward Peacock. Bottesford Manor, Brigg. |
Two references to this personage are given in my Folk-Etymology, s.v. “Temps, John du” (p. 561). His name is said to be a corruption of John d'Etampes. | Deux références à ce personnage sont fournies par mon Folk-Etymology à l'article “Temps, John du” (p. 561). Son nom passe pour une déformation de “Jean d'Étampes. |
A. Smythe Palmer. Chelmsford Road, Woodford. | A. Smythe Palmer. Chelmsford Road, Woodford. |
Texte de l'édition de 1891 | Notes de l'auteur |
Je voudrais revenir sur la légende du Juif Errant. […] [L'auteur étudie différentes variante de la légende et notamment celle où ce mystérieux personnage porte le nom de Jean Boutedieu, Johannes Boutadeus. (B.G.)] | |
[…] Mais voici un témoignage curieux qui vient compliquer la question. Mon regretté confrère le comte Paul Riant l'a trouvé dans un des manuscrits qu'il avait examinés au cours de ses immenses recherches sur les sources de l'histoire de l'Orient latin; c'est un manuscrit de la fin du XIVe siècle qui se trouve à Évreux (n° 36), et qui contient sous le nom de Liber terre sancte Jerusalem, un ouvrage que M. Riant, dans la note qu'il avait bien voulu me communiquer, appréciait ainsi: “Guide pour les pèlerins, compilé d'après Ludolf de Sudheim et Philippus, troisième quart du XIVe siècle; très peu de notices originales; le manuscrit n'est pas original, est une copie incomplète et mauvaise (43).” L'une des notices ajoutées par le compilateur est celle qui nous intéresse: “Aussitôt après l'église du Spasme, la station de Simon le Cyrénéen et la maison de Judas (Philippus, p. 52), on lit: Item magis ultra per eamdem viam est locus a vulgo [il manque évidemment dictus et un nom], ubi Johannes Buttadeus impellit (1. impulit) Christum Dominum quando ibat ligatus ad mortem, insultando dicens Domino: Vade ultra, vade ad mortem! Cui respondit Dominus: Ego vado ad mortem, sed tu usque ad diem judicii non (44). Et, ut quidam dicunt simplices, visus est aliquando multis; sed hoc asseritur a sapientibus quia dictus Johannes, qui corrupto nomine dicitur Johannes Buttadeus, sano vocabulo appellatur Johannes Devotus Deo, qui fuit scutifer Karoli Magni et vixit CCL annis. Vient ensuite la maison du mauvais riche.” Tout est digne de remarque dans cette notice, et d'abord l'assurance avec laquelle l'auteur oppose à la bonne foi des simples, qui croient qu'on a rencontré plus d'une fois Jean Boutedieu, la meilleure information des gens raisonnables, qui savent que le personnage en question était Jean Dévot-à-Dieu, l'écuyer de Charlemagne; puis le rapprochement étymologique de M. Morpurgo, ou du moins un rapprochement très semblable, fait à son insu cinq cents ans avant lui. Signalons aussi la formule, jusqu'à présent inconnue, et très ingénieuse, du dialogue entre le Juif et le Seigneur: c'est parce que, en poussant Jésus, il lui a dit expressément d'aller à la mort qu'il est condamné, lui, à chercher la mort, sans la trouver jamais, jusqu'au jour du jugement. Il règne d'ailleurs dans ces quelques lignes, qui ont au moins deux sources différentes, une assez grande confusion. L'auteur semble admettre d'abord comme vraie l'histoire de Joannes Buttadeus et ensuite reprocher à ceux qui l'admettent d'avoir, pour la construire, défiguré le nom et altéré le caractère de Johannes Devotus Deo. Mais ce qui nous importe, c'est l'existence légendaire de ce dernier personnage, évidemment identique au Juan de Voto-a-Dios signalé en Espagne au XVIe siècle par Mme de Vasconcellos. Quelle est la bonne forme entre les deux? Si l'on admet la première, il faut la croire originairement latine, le mot dévot et ses congénères n'ayant pas été aussi anciennement populaires dans l'idiome vulgaire des pays romans. Si l'on croit une forme vulgaire plus vraisemblable à l'origine, il faudra admettre l'espagnol de Voto-a-Dios, ou l'italien de Voto-a-Dio (car le français ni le provençal ne peuvent entrer en ligne de compte). La question est fort obscure, et il faudrait, pour la résoudre, des éléments qui nous font défaut. Mais quel est le personnage dont il s'agit ici et qui passait pour avoir atteint, non l'immortalité, mais une longévité extraordinaire? Il n'est pas aussi inconnu qu'il le semble au premier abord. Il est évident, en effet, que c'est le même que ce Jean des Temps dont Vincent de Beauvais, d'après une source qui m'est inconnue, dit simplement à l'année 1139: Joannes de Temporibus moritur, qui vixerat annis trecentis sexaginta uno (45) a tempore Karoli Magni, cujus armiger fuerat, notice qui a été répétée depuis par divers chroniqueurs, notamment flamands (46), et révoquée en doute ou plutôt bizarrement atténuée par l'historien Paul Émile quand il daigna recouvrir de son beau style cicéronien sa compilation extraite de nos vieilles annales (47). Il faut d'ailleurs que Jean des Temps ait été plus célèbre qu'il ne résulte de cette mention chez un chroniqueur du XIIIe siècle, puisque l'arrangeur du traité contenu dans le manuscrit d'Évreux le connaissait sous le nom de Johannes Devotus Deo, tout en ne lui accordant que deux cent cinquante ans de vie (48), et qu'en Espagne il est resté connu sous son nom de Juan de los Tiempos, par lequel il est désigné dans un drame de Calderon (49). Il est même probable que c'est la célébrité attachée à son nom qui engagea, au XIIIe siècle, un aventurier à se donner à son tour pour l'écuyer non plus de Charlemagne, mais d'Olivier, appelé Richard, et à jouer ce rôle avec succès, notamment à la cour de Frédéric II (50), jusqu'à sa mort, arrivée en 1234 (51). Mais le nom de Jean Dévot-à-Dieu, que lui donne notre guide de Terre-Sainte, ne se rencontre pas ailleurs que dans le dialogue espagnol du XVe siècle, où il n'est accompagné d'aucun trait caractéristique, et, jusqu'à ce qu'il se produise de nouveaux éclaircissements, je suis porté à regarder ce nom soit comme altéré de celui de Buttadeo, soit au moins comme en étant parfaitement indépendant. | (43) D'après une note de M, Omont dans le tome II du Catalogue des bibliothèques des départements, page 419, ce traité, malgré ses défauts, devait être inséré dans le tome III des Archives de l'Orient latin. — (44) M. Morpurgo cite un passage assez analogue, mais moins intéressant par sa forme, dans le voyage de Ser Mariano de Sienne, fait en 1431. Après avoir parlé de la porte par où Jésus sortit pour aller au Calvaire, il ajoute: “Dicesi che qui era quello che è chiamato Johanni Botadeo, e dixe per dispecto a Jhesù : Va' pur giù, che tu n'arai una tua, una! Rispose l'umile Jhesù: Io andaro: tu m'aspecterai tanto che io torni. Non ci è perdonanza.” — (45) Le texte porte 341, mais Guillaume de Nangis, qui reproduit ce passage, donne 361, qui est préférable: Jean des Temps aurait vécu de 778 à 1439. — (46) Voir Liebrecht, Zur Volkskunde, p. 107. — (47) Il a d'ailleurs prétendu corriger le nom (d'après quels documents, je l'ignore): Sub hoc tempus obiit Johannes a Stampis, quem per errorem a Temporibus multi vocarunt ob diuturnam vitam. Et pour diminuer le merveilleux de l'histoire, il propose de supposer que ce personnage avait vécu non sous Charlemagne, mais sous Charles le Simple [Il y a ici une erreur de lecture de Gaston Paris ou de sa source (B.G.)]: “nec 360 sed circiter 160 (lisez 210 circiter) [Cette correction proposée par Gaston Paris est intuile et fondée sur l'erreur qui précède (B.G.)] annorum vitam ei contigisse, id quod etiam consenescente mundo magnum et memorabile sit.” (Cité par Graesse, Der Tanhäuser und der ewige Jude, Dresde, 1861, p. 117.) — (48) Il serait mort alors vers 1030, et il y aurait eu bien longtemps, au XIVe siècle, qu'il n'aurait pu être rencontré par des “simples” et pris pour Jean Boutedieu. — (49) Voir Liebrecht, l. c. — (50) Voir le passage impayable de Tommaso Tusco, chroniqueur du XIIIe siècle, cité par M. A. d'Ancona dans les Rendiconti de l'Académie des Lincei (séance du 17 mars 1889). Tusco avait vu Richard en 1231 et avait pieusement cru toutes ses histoires: Et in his omnibus divinam nobis est attendere majestatem, quam in omnibus et ex omnibus collaudemus, quae facit magna et inscruptabilia quorum non est numerus. Le même Guido Bonatti qui parle de Buttadeo avait vu Richard, qui dicebat se fuisse in curia Caroli Magni et vixisse quadragentis annis… Vidi Ricardum Ravenne era Christi millesima ducentesima vigesima tertia. (Cité dans Neubauer, p. 111.) C'est à cause de cela qu'on a souvent allégué “Guy Donatus” comme ayant vu ce survivant de l'époque de Charlemagne. (Voir Liebrecht, l. c.). Il est remarquable que dans ce que le bon Tusco nous rapporte des récits de Richard, il n'y a rien qui se rattache à l'épopée française. — (51) Je ne doute pas en effet que ce ne soit de lui qu'il s'agisse dans un passage d'Albéric des Trois-Fontaines que j'ai cité jadis (Hist. poét. de Charlemagne, p. 323) en corrigeant, comme il faut le faire (et comme ne l'a pas fait le dernier éditeur), Guidonius en Gaidonius: In Apulia mortuus est hoc anno (1234) quidam senex dierum, qui dicebat se fuisse armigerum Rollandi Theodricum, qui dux Guidonius dictus est, et imperator multa ab eo didicit. (Monum., Germ., SS., t. XXIII, p 936). La tradition orale, qui avait amené cette notice à Albéric, avait naturellement substitué le célèbre écuyer de Roland à l'écuyer inconnu d'Olivier. |
Deuxième étude (1891) |
Courriel de novembre 2003 |
[…] Si Jean d'Étampes était l'un des douze comtes du Saint Empire, il était aussi l'un des douze Pairs de Charlemagne. La Chanson de Roland, qui date des 1080, raconte la bataille de Roland contre les Basques en 778. Dans cette bataille le plus célèbre des Pairs est Roland lui-même. Mais sont également mentionnés les onze autres: Olivier, Gerin, Gerier, Ivon, Ivorie, Berengier, Otes, Astor, Anseis, Gerard de Rousillon et Gaifier. — Peut-être Ivon est-il Giovanni alias Ioannes? — Morigia, en 1592, cite, avec quatre autres documents du même genre, le témoignage de Giovanni Selino, “che discrive la vita di Carlo Magno, narra che Giovanni de Stampa fu uno de dodici Conti del Sacro Imperio”, l'un des douze comtes de l'Empire. — On dit que les légendes ont un fond de réalité. — Mais qui ne désirerait, quitte à prendre ses rêves pour des réalités, remonter à Charlemagne? […] |
Courriel de mars 2005 |
[…] Notre branche généalogique finit autour 1720 avec Augustin Stampa. Nous ne connaissons pas de lien entre nous et la famille de Stampa de Soncino. […] |
Courriel |
[…] Vous demandez ma théorie? Aucune, mais je crois aux explications simples. Il y avait peut-être un vieux de grand âge qui s'appelait Jean d'Estampes et quelqu'un avait trouvé que Charlemagne avait un écuyer de ce nom. On aura demande au vieux s'il était l'ecuyer de Charlemagne et il aura répondu que oui. Fin de la theorie. — Qui serait parfaite si dans une vie de Charlemagne on trouvait un Johannes scutifer ou armiger. Je n'en ai pas trouvé, bien que j'ai consulté plusieurs livres ce soir. Johannes n'est pas un nom de militaire du neuvième siècle, à ce qu'il paraît. […] |
Henri P. de STAMPA |
Paris, le 12 mai 2004 |
Cher Monsieur, |
Constatant que vous étiez amené à faire beaucoup d'hypothèses sur ce personnage de légende et sur la famille à laquelle il est attribué, je vous propose, ci-après, un complément d'information qui repose sur les documents que je détiens. |
La tradition historique fait descendre la famille lombarde des Stampa d'un seigneur d'Etampes en France, nommé Jean, et qui, venu en Italie avec Charlemagne, aurait été désigné par ce dernier pour gouverner Milan. Ce personnage, dit la légende, aurait tué en combat singulier un roi de Cordoue et, pour cette raison, le cimier surmontant les blasons de cette famille furent souvent un sarrasin. |
Après sept premières générations en Italie les descendants de ce Jean originaire d'Etampes comptaient quatre frères (Lanfranco-Pio, Sfeffano, Baldicione et Donato) qui, en 1030, à l'occasion d'un soulèvement populaire, durent se retirer dans le Nord de la Lombardie, aux confins de la Suisse actuelle, pour y attendre les renforts envoyés par l'empereur Conrad II. |
Une fois l'ordre rétabli, la situation de ces quatre frères fut confortée par les décisions de l'empereur: — Lanfranco-Pio fut réinstallé à Milan. — Steffano fut nommé gouverneur de Bellinzona, et reçut le comté de Cannobio, lequel comté fut possédé ultérieurement par une autre famille. — Baldicione, nommé capitaine de la cavalerie impériale, reçut la seigneurie de Seprio. Aucune descendance ne lui est attribuée. — Donato reçut la seigneurie de Valle Pregallia. — Les trois branches issues de ces frères furent par la suite identifiées par le même patronyme et, quand l'héraldique apparut, arborèrent des blasons quasiment identiques. |
Armoiries des Comtes Stampa |
Les documents les concernant évoquent sans ambiguïté l'origine étampoise, affirmation qui est confortée par deux constatations: — Les Stampa appliquaient la loi salique, comme les Francs. Ceci est notamment affirmé dans un acte notarial de l'an 1052. — Le mot stampa n'est pas d'origine italienne. — À cette époque le mot stampa n'existait pas dans ce qui allait devenir l'italien. Il n'a été introduit dans cette langue qu'avec l'imprimerie, vers 1465. C'était un mot de dialecte germanique qui signifiait “pressoir” et que les constructeurs allemands des premières presses à imprimer donnèrent comme nom à leurs machines en raison de leur ressemblance avec le pressoir à vendange. — Par contre la ville d'Etampes, en France, s'appelait bien Stampa ou Stampae à l'époque où Jean (nous dirons aussi Giovanni) qui en était originaire, accompagna Charlemagne dans son expédition en Italie. — Les Francs, qui avaient envahi la Gaule romane, du IIIème au Vème siècle, avaient très certainement donné ce nom à cette localité parce qu'il y avait là une foulerie de grains ou l'un de ces immenses pressoirs qu'ils savaient justement si bien construire. La machine à broyer se disait ” stampfe ” en langue germanique et devint “stampa” en latin qui était la langue des Francs dans les anciens territoires romains. — Il était normal que, voulant marquer sa provenance, Giovanni ajoutât le nom de sa ville, au génitif, à son nom de baptême, pour se distinguer, à une époque où les noms de famille n'existaient pas encore. — Par la suite ce fut lui qui qualifia de Stampae sa demeure italienne, mais assurément pas le château qui donna le nom à la famille. — S'il fallait encore se convaincre du caractère exogène de ce nom dans la société italienne, une simple statistique viendrait appuyer la démonstration par comparaison avec trois grands noms de l'aristocratie locale: en 1991 l'annuaire téléphonique de Rome recensait 130 Spada, 140 Visconti, 160 Sforza, et seulement 5 Stampa. — La racine “stamp” étant d'origine germanique, nous la retrouvons dans des noms communs et des noms propres allemands et anglo-saxons avec une grande variété de combinaisons, et, très naturellement, des familles homonymes existent, notamment en Allemagne. — Les Stampa des siècles passés croyaient ils en cette origine légendaire? — L'origine étampoise est régulièrement affirmée dans des documents officiels. Et il fallait, dans une certaine mesure, qu'ils y croient car au fil des siècles on constate qu'en Italie il était malvenu et peu fllatteur de se dire apparenté à des Français. Un tel comportement était particulièrement audacieux pour les Soncino. — Il faut savoir qu'en 1535, lorsque le duc de Milan François II Sforza meurt sans héritier direct, Maximilien Stampa se trouve être gouverneur de toutes les forteresses de l'Etat. Le roi de France affirmant toujours ses prétentions sur la Lombardie, les troupes françaises envahissent aussitôt le Piémont. Le roi sollicite grandement Maximilien en allant jusqu'à lui offrir une garde personnelle de cent lances, mais le choix de ce dernier sera favorable à Charles Quint. — Pour cette raison, la Lombardie sera espagnole pendant deux longs siècles, et il parait très incongru pour des Stampa devenus Grands d'Espagne de se dire quelque peu français. |
Parlons enfin de “de temporibus”. — Un certain Jean a été surnommé “de temporibus” parce qu'il aurait vécu 361 ans. C'est en tout cas ce qu'affirme Philippe de Bergame dans un ouvrage publié en 1539, c'est-à-dire après l'épisode de 1535. Il y note le décès de “de temporibus” en l'an 1146, sans préciser à quelle famille il appartient; et il ne dit pas non plus que ce personnage vient d'Etampes. — “1146 - Gioani - appelé de temporibus (comme l'écrivent les historiens) à l'âge de 361 ans est mort en France cette année, et l'on dit qu'il fut homme d'armes de Charles que l'on surnomme le Grand”. — S'agissant de la longévité du personnage nul ne doutera que l'humour et la capacité de jugement des siècles passés devaient bien être à la hauteur de notre propre sens critique sur cette fable. — Quant à son identification avec le Jean originaire d'Etampes et venu en Lombardie avec Charlemagne, voici le commentaire que Pierre de Stampa, détenteur d'un exemplaire de l'ouvrage imprimé en 1539, a formulé dans des notes manuscrites: “Si de temporibus est mort en 1146 à l'âge de 361 ans il serait né en 785; Charlemagne étant mort en 814, il aurait pu compter parmi les compagnons d'armes de l'empereur durant une quinzaine d'années; cependant il ne peut être que le fils ou petit-fils du Giovanni dont on parle et qui faisait déjà partie de l'armée de Charlemagne quand celui-ci est entré en Italie en 774, onze années avant la naissance de Giovanni de temporibus”. — Un autre indice me parait significatif: parmi les 126 inscriptions recensées et commentées par Emilio Seletti, deux seulement évoquent IOANNES D'ESTAMPES et elles sont totalement muettes en ce qui concerne sa durée de vie. — L'évocation de cette fable est clairement le fait de certains chroniqueurs, journalistes people des temps anciens, qui, inévitablement, se citaient les uns les autres, et d'ailleurs sont encore cités. Quelle formidable opération de communication! |
La tradition veut que Jean d'Etampes, compagnon de Charlemagne, ait été célèbre pour son courage et qu'au cours d'un fait d'arme singulier il ait abattu un Sarrasin. — À la suite d'une recherche qu'il avait faite et communiquée en 1987 à Michel Billard, historien d'Etampes, ainsi qu'à un homonyme allemand cherchant désespérément une parenté avec la famille lombarde (Volkrat Stampa), voici ce que Pierre de Stampa a eu l'occasion d'écrire: “Selon les inscriptions et les chroniques, ce chevalier était “Magnus Scutifer” et comte. Ce rang était nécessairement la conséquence d'une prouesse; les inscriptions disent qu'il aurait tué un roi de Cordoue en combat singulier. Le combat singulier était une pratique fréquente au moyen âge: elle existait depuis l'antiquité, la Bible et l'Iliade nous en racontent et on en trouve encore dans l'histoire militaire de la première république. Par contre, un seul roi de Cordoue parait avoir été tué en combattant, c'est l'émir Abd er Rhamman, vaincu à la bataille de Poitiers. Rien ne nous interdit d'accorder la légende et le fait historique: pendant plusieurs générations les Stampae se sont prénommés Giovanni (ou plutôt Ioannes) et il est impossible de les différencier; le Magnus Scutifer entré en Lombardie avec l'empereur petit-fils de Charles Martel, pouvait bien être lui-même le petit-fils d'un autre Ioannes Stampae vainqueur d'Abder Rhamman. L'hypothèse n'est pas vérifiable mais rien n'impose de la rejeter.” |
Cher Monsieur, nous retiendrons ces quelques propos comme une contribution à mieux percevoir la dimension poétique du personnage. |
J'ai eu la chance de rencontrer, il y a une quarantaine d'années, le chanoine Guibourgé, puis bien plus tard, Monsieur Michel Billard qui m'a aimablement dédicacé deux de ses ouvrages. |
Nous espérons qu'il aura été agréable au lecteur de suivre l'histoire d'une légende, qui vole de bouche en bouche à travers les siècles, traversant ainsi plus de quarante cerveaux chacun animé de ses préoccupations propres. |
On a vu l'âge de Jean des Temps beaucoup varier selon les auteurs: 61 ans, 161 ans, 250 ans, 300 ans, 341 ans, 360 ans, 361 ans, 369 ans, 372 ans, voire plus de 400 ans; à peine autant que la date de sa mort qui oscille entre 1039, 1120, 1138, 1139, 1143, 1144, 1146 et 1151: on n'a que l'embarras du choix. On l'a vu naître en Allemagne, et en France; mener une vie tempérante, se contenter de peu, boire du vin miellé, manger du miel et s'oindre d'huile, pour éviter l'évaporation de ses esprits animaux; tuer un calife, passer d'écuyer à chevalier, voire préfet des écuries de Charlemagne; devenir tantôt Jean Boute-Dieu, c'est-à-dire le Juif Errant, et tantôt Jean d'Étampes; être fait comte de cette bonne ville, épouser la fille du roi Philippe Ier, à l'âge de 200 ans et davantage; servir à Dieu d'exemple et de preuve que les Écritures ne mentent pas, et au public de ce que les évêques anglicans ne savent pas tous leurs tables de multiplication, ni les grands esprits des Lumières de prudence, ni tous les membres de l'Institut se défier suffisamment de l'érudition allemande; être la souche d'une noble famille de l'Italie; nourrir enfin l'imagination des chroniqueurs, des historiens, des généalogistes, des médecins, des philosophes, des poètes, des collégiens et des discoureurs de tout poil. |
Au bout du compte l'énigme demeure. Il n'y a pas de vérité, aurait dit Omar Khayyam, mais il existe des mensonges évidents. Pour ma part je ne peux me satisfaire d'une réflexion de ce genre. Tous les développements ultérieurs de la légende semblent bien pouvoir s'expliquer par des mécanismes relativement simples; mais qu'en est-il de l'origine ultime de cette légende? Tout semble en effet reposer en définitive sur le premier rapport d'un chroniqueur antérieur à 1263, indéfiniment recopié par ses successeurs. |
En définitive personne à ce jour n'a proposé à cette énigme de solution plus élégante que celle que Paul Émile avait imaginée en 1519. Rappelons-là, d'autant plus qu'elle n'a pas été correctement rapportée par ceux qui y ont fait allusion. |
Le Jean qui serait mort en 1139 n'aurait pas été écuyer du Charles surnommé Charlemagne, mais de Charles de Basse-Lorraine, deuxième fils de Louis d'Outremer, dernier des carolingiens et rival malheureux d'Hugues Capet de 988 à 991. |
On pourrait ainsi corriger 361 en 161, comme propose de le faire Paul Émile. |
Ajoutons-y cette remarque. Le plus ancien témoin connu de la légende, à savoir Vincent de Beauvais, porte, non pas 361, mais 341. On pourrait donc théoriquement, dans le cadre de cette hypothèse, adopter la correction 141. Rappelons que Jeanne Calmant est morte à 122 ans en 1997. |
Mais on peut même aller plus loin que Paul Émile, et se rapprocher d'un âge vraisemblable en supposant que nos chroniqueurs n'ont pas commis une seule confusion, mais bien deux simultanément. Selon toute apparence, ils n'ont pas confondu seulement deux Charles, mais encore deux Conrad. |
En effet plusieurs témoins anciens datent la mort de Jean des Temps du règne de l'empereur Conrad. Or l'on observe bien des traces de confusion entre le règne de Conrad III (1138-1152) et celui de Conrad II, roi de Germanie (1024-1039) puis empereur (1027-1039). Nos chroniqueurs confondent d'ailleurs fréquemment des papes ou empereurs homonymes, dont le numéro n'est pas toujours donné avec exactitude, notamment concernant les pape Luce II et Luce III, comme on l'a vu dans nos extraits, mais aussi et surtout les empereurs Conrad II et III. |
Il est manifeste par exemple que Martin d'Oppavia et Juan Gil de Zamora confondent allègrement les règnes de Conrad II et de Conrad III. |
Bien plus la chronique de Martin d'Oppavia, pratiquement contemporaine de celle de Vincent de Beauvais, c'est-à-dire de notre plus ancien témoin de la légende, date la mort de Jean des Temps non pas de 1139 mais de l'année 1039. |
L'éditeur fait justement remarquer que d'après le contexte il semble falloir corriger ce texte et lire 1139. Mais faut-il réellement le corriger? N'est-il pas plus naturel de considérer que l'erreur de Martin d'Oppavia n'est pas d'avoir porté la mort de Jean des Temps en 1039, mais de l'avoir décalée sous le règne de Conrad III, tout en conservant maladroitement la date exacte? On observe bien un déplacement de ce genre dans la chronique plus tardive de Philippe de Bergame, qui place la mort de Jean aux alentours de 1144, parce qu'il a maladroitement intercalé de nouveaux éléments entre le règne de Conrad III et la mention de la mort de Jean des Temps. |
Si l'on veut bien de plus se rappeler que Charles de Basse-Lorraine fut proclamé roi de France en 988, un an après Hugues Capet, et qu'il ne fut neutralisé par ce dernier que trois ans plus tard, on calculera vite que, de la fin du règne éphémère de ce Charles à 1039, il ne s'était écoulé que 48 ans. D'ailleurs Charles de Basse-Lorraine lui-même, né vers 953, n'est peut-être mort que vers 1001. |
Ainsi, un chroniqueur local du XIe siècle a très bien pu noter en 1039 la mort d'un noble de sa région appelé Jean, qui aurait été dans sa jeunesse écuyer du roi Charles dit de Basse-Lorraine, dernier descendant de Charles le Grand, moins de deux générations avant cela. |
À cette date de 1039, la légitimité de la royauté capétienne n'était pas tellement assise dans les esprits qu'elle puisse faire totalement oublier, comme ce sera le cas dans la suite, le règne malheureux du dernier des carolingiens. |
En Flandre, précisément, règne alors une dynastie comtale plus ancienne que celle des capétiens, puisque fondée vers 866 par Baudouin Ier Bras de Fer et son épouse carolingienne Judith, fille de Charles le Chauve. |
En 1039 sévit en Flandre son descendant Baudouin V (1036-1067), à qui le fils d'Hugues Capet, Robert II le Pieux a donné sa fille Alix, sœur d'Henri Ier (1031-1060). |
Sous le règne du dit Henri Ier, qui n'est que le troisième représentant de sa dynastie, le pouvoir capétien paraît bien fragile. De son côté Baudouin est si puissant qu'il exercera la régence sur toute la France pendant la minorité de son neveu Philippe Ier. |
Un chroniqueur local, et par exemple flamand, aurait parfaitement pu, en signalant la mort de ce Jean à un âge relativement avancé, en faire l'un des derniers témoins de l'ancien régime qui est encore alors dans toutes les mémoires. La toute jeune dynastie capétienne est encore mal assurée, et son autorité ne repose que sur l'élection d'Hugues Capet par ses pairs. On se souvient encore très bien que ce Capet avait un rival plus légitime: et certains de ceux qui l'ont servi vivent encore, ou sont morts il y a peu, comme notre mystérieux Jean. |
Si par exemple notre Jean des Temps était mort en 1039 à l'âge canonique de 80 ans, que les Écritures considèrent comme exceptionnel, il aurait eu de 29 à 32 ans sous le règne éphémère et contesté du dernier des Charles, c'est-à-dire entre 988 et 991. |
Voici donc la solution que nous proposons: la première chronique, aujourd'hui perdue, qui fit mention de la mort de notre Jean rapportait simplement qu'il était mort très âgé sous l'empereur Conrad (Conrad II, mort en 1039), ayant été dans sa jeunesse écuyer du roi Charles (celui que nous appelons de Basse-Lorraine, et qui n'avait été neutralisé par Hugues Capet qu'en 991). |
En supposant par exemple que ce Jean soit né vers 971, il aurait pu être écuyer de Charles de Basse-Lorraine en 911 à l'âge de 20 ans, et il n'aurait eu que 68 ans en 1039, à la fin du règne de l'empereur Conrad II. |
Le chroniqueur suivant aura compris qu'il aurait été écuyer de Charles le Grand, Charlemagne, mort en 814, et un autre encore précisa erronément qu'il était mort sous Conrad III, ce qui fit corriger 1039 en 1139. |
Puis on s'est permis de calculer l'âge du mort d'après ces données. Selon Vincent de Beauvais par exemple Jean est mort en 1139 âgé de 341 ans; cela signifie qu'il était né en 798 et qu'il n'avait que 16 ans à la mort de Charlemagne, en 814: et voilà pourquoi il n'était pas encore chevalier! Car on ne doutait au XIIIe siècle que toutes les institutions de la chevalerie remontaient à ce monarque, sinon même à la plus haute Antiquité, et qu'on avait toujours été écuyer avant que d'être chevalier. |
Quand on voit qu'un membre de l'Institut comme Gaston Paris, en 1891, recopie de seconde main un texte imprimé de Paul Émile de 1519, avec une telle négligence qu'il ne le comprend pas et confond allègrement lui-même Charles le Simple avec son petit-fils Charles de Basse-Lorraine, il n'y pas à s'étonner outre mesure de semblables confusions chez des chroniqueurs des XIe, XIIe et XIIe siècles, qui ne disposaient pas de si bonnes bibliothèques que nos mandarins sorbonagres, ni de textes aussi invariables que les textes imprimés. |
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Quoi qu'il en soit, une page de l'histoire de cette légende reste à décrypter: il nous manque beaucoup des chaînons qui ont conduit de ces premiers éléments à la légende familiale très élaborée des comtes Stampa. Il faut sans doute chercher du côté de Morigia et de ses sources. C'est ce que nous ne manquerons pas de faire dès que nous en aurons le temps, et l'opportunité. Aidez-nous! |
Bernard Gineste, juillet-août 2006. |